Un excellent groupe rennais que l’on attend fébrilement de revoir, entouré de deux très bons duos helvètes, l’affiche proposée par le festival des Embellies ce vendredi 10 mars à l’Ubu s’annonce redoutable.
On avait déjà ressenti une évolution musicale au sein du sextet Bumpkin Island. Avec Ten Thousand Nights, leur pop orchestrale et solaire s’était considérablement assombrie, et lorgnait beaucoup plus nettement du côté post-rock, avec des montées savamment élaborées. Et les accents folk du début avaient pris une sérieuse coloration noisy. Eleonore James assumait à merveille le chant lead derrière ses claviers, et on redécouvrait avec bonheur les choeurs si singuliers. On avait revu le groupe au 6par4 en 2014, et découvert ainsi deux nouveaux titres plus que prometteurs.
Le tout nouvel album tant attendu, All Was Bright, paru il y a un mois sur l’indispensable label Les Disques Normal, nous prouve que le groupe a franchi un nouveau cap. Le post-rock tendu est toujours présent (l’immense All Was Bright, quel morceau!), les choeurs nous chavirent encore (Siddhartha), et la trompette de Clément Lemennicier donne une puissance quasi symphonique aux morceaux (Head Over Heels). Mais les musiciens explorent aussi de nouvelles contrées musicales, pour notre plus grand bonheur : de l’electro SGT Woodbury aux accents trip-hop de Playground, Bumpkin Island n’en finit plus de nous surprendre, et ce dès l’ouverture de l’album (Spectacular Lives, incroyable mélodie post-pop qui fourmille d’idées et de chausses-trappes). Le groupe a réussi à créer un album parfaitement cohérent tout en élargissant le spectre musical de ses compositions. Et pour les avoir apprécié à plusieurs reprises sur scène, on n’a aucun doute sur leur capacité à retranscrire en live les magnifiques mélodies d’All Was Bright.
Après avoir enregistré un EP autoproduit, Emilie Zoé, originaire de Lausanne, a sorti un premier album étonnamment épuré, Dead-End Tape, l’année dernière. En duo guitare/batterie (avec Nicolas Pittet), avec parfois quelques claviers, Emilie Zoé pose sa voix sur un rock dépouillé de tout artifice (Zara). Mais certaines mélodies se révèlent être beaucoup plus tendues, avec un final rageur (Chop Me Up, I Found a Girl). La fin de l’album, plus acoustique, permet d’apprécier à sa juste valeur le timbre de voix délicieusement éraillé d’Emilie.
Avant de la retrouver à l’Ubu ce vendredi 10 mars, Emilie Zoé nous a offert un apéritif sonore lors de ce Dimanche Embellies : on a juste eu le temps d’apprécier le merveilleux et minimaliste My Shadow On The Wall, avant d’être obligé de laisser (à regret) le duo pour une autre proposition artistique. Un goût de trop peu qui nous rend encore plus impatient de retrouver le duo à l’Ubu ce vendredi pour un set qui devrait jouer sur les contrastes et qui sera, à notre avis, l’un des moments forts du festival.
Derrière l’étrange J&L Defer se cache le nouveau projet de la moitié de Disco Doom, Gabriele De Mario et Anita Rufer. Ce nouveau projet s’appuie sur une base rythmique synthétique pour mieux mettre en avant le duo de guitares lo-fi. Se basant sur de multiples improvisations passées, leurs compos donnent une noisy pop foutraque et bien barrée (comme on l’aime), mêlant un nombre incalculable d’influences. Leur premier album, No Map paru fin 2016 sur Exploding In Sound Records, regorge d’idées et d’associations qui semblent farfelues sur papier mais qui fonctionnent impeccablement sous leurs doigts experts.
Du dissonant Transition au redoutable Hard Fiction Road et son petit riff aux accents tropicaux, on navigue dans un joyeux bazar qui s’imbrique naturellement. On peut passer de saturations étouffées (l’instrumental Beach Dark) à un timbre de voix se confondant avec les notes de guitares (Hell). Au sein de ce mélange pop-rock-blues-noise intense, le duo permet des respirations courtes (Horror, River, Ian’s Room) dans cette œuvre expérimentale basée sur des structures répétées à l’envi. Un album étrange et fascinant qu’il nous tarde de découvrir sur scène.
Les Embellies présentent Bumpkin Island, Emilie Zoé et J&L Defer en concert le vendredi 10 mars à partir de 20h à l’Ubu (1, rue St Hélier – Rennes)
Tarif Sortir : 6€ – Tarif Membre Admit : 10€ – Tarif Plein : 12€ – Sur place : 14€
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