Embellies 2017 – Bouquet final au Jardin (Moderne)

Feu d’artifice final explosif avec pas moins de cinq groupes qui se partagent l’affiche de cette dernière soirée des Embellies samedi 11 mars au Jardin Moderne. Et pas des moindres puisqu’on y retrouvera Electric Electric, Mnemotechnic, Braziliers, Nursery ou Bornor qui devraient sans peine porter la soirée et le public jusqu’au point de fusion.

Electric Electric

Le trio strasbourgeois Electric Electric est non seulement un des groupes actuels dont on suit avec le plus d’intérêt et d’attention chaque nouvelle aventure mais il fait aussi partie de nos références récentes en matière de pur plaisir scénique. Nous avons donc esquissé avec frénésie nos plus belles gigues de célébration à l’annonce de leur venue pour cette édition 2017 des Embellies. D’autant plus qu’ils arrivent pour défendre sur scène leur troisième disque et que ce fut une de nos plus grandes claques de l’an dernier.

Après avoir démarré en duo, Electric Electric s’est rapidement composé d’Éric Bentz (guitare épileptique, voix fantomatique), Vincent Robert (clavier cinglant, voix d’ailleurs) et Vincent Redel (batterie à la précision chirurgicale). Nous les avions découverts à la fin des années 2000 parmi la nébuleuse d’épatants groupes math-rock qui ont donné une claque salutaire et vivifiante sur la fesse de la scène hexagonale (Papier Tigre, Pneu, Marvin…). La bande est d’ailleurs restée soudée puisqu’on retrouve ces formations dans l’étourdissant orchestre quadri-poly-noïsique La Colonie de Vacances.
Sad City Hanclappers, le premier album d’Electric Electric, sort chez Herzfeld en 2008. C’est un véritable festival de rythmiques volcaniques et de riffs hypnotiques. Le genre de disque qui, comme les concerts du groupe, vous laisse au final exsangue et ravi. Suivra en 2012, Discipline sorti grâce aux efforts conjoints d’Africantape, Herzfeld, Kythibong et Murailles Music. Sur ce second disque Electric Electric réalise l’exploit d’à la fois totalement renouveler leur musique tout en restant éminemment cohérent. Les riffs et les structures de morceaux se font moins rock. Les synthés s’aventurent sur des terrains tour à tour obscurs et lumineux. Les rythmiques restent au cœur du dispositif mais soufflent le chaud et le froid avec un acharnement assez saisissant. En concert, le disque se révèle être rien de moins qu’une expérience sensorielle remarquable. Le trio déploie avec une énergie irrésistible des vertiges electros sauvages et tortueux, joués en direct sur des instruments. Ils parviennent à nous emporter collectivement dans une tornade sonore d’une richesse et d’une précision sonore fascinantes, tout en offrant à chacun une expérience très personnelle grâce aux mille détours et facettes de leurs compositions.

On conseille hautement la lecture de notre interview des trois lascars à l’occasion de ce second disque.

Comme son prédécesseur, le sobrement nommé III sorti l’an dernier chez Murailles Music vient à la fois bouleverser et prolonger leur épatante quête sonore. Disque plus contrasté et (presque) plus apaisé (Ils déclarent en interview que c’est leur album pop), le disque est un passionnant et déroutant travail d’orfèvre sonore jouant avec malice et une certaine férocité des textures et des attentes de ses auditeurs.

Notre impatience et notre curiosité d’enfin découvrir la transposition de cette bête magnifique en live est à son comble. D’autant plus que l’addition d’un set d’Electric Electric avec  un autre du groupe dont on vous cause tout de suite est une des combinaisons scéniques dont on a fiévreusement rêvé, tout en redoutant les séquelles consécutives à une telle déploiement de fougue scénique.

Mnemotechnic

Gigantesque. C’est le mot qui nous est venu après l’écoute un rien survoltée du nouvel album de Mnemotechnic. Si on avait bien aimé Awards, le premier long format du -alors- quatuor breton (axe Rennes-Brest), sorti en 2013 chez les Britanniques de Smalltown America en 2013 (mais enregistré en 2010 par Miguel Constantino -mixé par Stéphane Laporte et masterisé par Ivan Chiossone), déjà particulièrement énergique et carré (dirait-on sautillant ?), on s’est pris rien de moins qu’une mandale massive avec Weapons.

Sorti fin janvier conjointement chez les copains de Kerviniou Records et A Tant Rêver du Roi, ces 7 titres ramassés, raclés jusqu’à l’os, amples, à l’âpre densité réussissent là où le précédent effort tentait et essayait encore.

Après avoir enquillé les dates et les scènes, désormais trio, Mnemotechnic a en effet prit le temps d’affirmer ses envies. Finies les compos tournant autour d’un dialogue (certes consistant et vif) entre les deux guitares. Avec Weapons (enregistré par Monsieur Thomas Poli s’il vous plaît), le groupe resserre la formule, se fait compact et gagne (étonnamment) en amplitude, en densité.

En force de frappe. Moins débauche d’énergie que mise en/sous tension, l’album ose les reliefs découpés, déchiquetés, les montées, les effusions corrosives. Plus ramassé, le disque est d’une fracassante intensité. Rythmiques massives, entêtées et entêtantes, déluges de cordes distordues, qui claquent, décochent et t’étalent, la noise-dance-pop-math tordue et retorse des Mnemotechnic est d’une redoutable efficacité. Marqué par un formidable chant hyper mélodique, délivré la rage au ventre, là au milieu de guitares hurlantes, ici au milieu de stridences glacées et répétitives, la démoniaque transe du trio allie irrésistible immédiateté mélodique et massif impact physique.

Vous comprendrez donc qu’on ait quelque impatience à retrouver Mnemotechnic sur scène, ravi de tendre l’autre joue aux raclées soniques survoltées du trio. La beauté sera convulsive ou ne sera pas. Un concert très certainement de bruit et de sueur.

Nursery

On retrouvera également trois Nantais amateurs de paillettes, de mélodies hululantes et d’énergie bien crassouse pour pétarader à toute bringue et chauffer le public des Embellies à blanc. Le trio Nursery, composé de Julien Dumeige (Guitare /Chœurs), Jean Duteil (Basse /Chœurs) et Paul Gressien (Batterie /Chant /Torse nu / paillettes) pratique en effet une pop-punk bien vénère, parfois abrasive et a la réputation de tout déchirer en live grâce à une énergie et une générosité indéniables.

Les trois drilles ont livré une première galette long format (enregistrée au Corner Box Studio par Doumé Maillard), au printemps 2016, premier album assez détonnant, sorti grâce aux efforts conjoints des Potagers Natures, des Loubards Pédés et de la Ferme de la Justice. Des hymnes un poil crasseux, à brailler à tue-tête, des compos à l’immédiateté punk, mais aux imparables mélodies. Alors oui, comme tout le monde, on pense aux Pixies (Sally Sally en tête), non tant parce que le groupe s’en réclame ou s’en inspire (ce n’est d’ailleurs pas le cas), mais parce que cette propension à tricoter des chœurs en écho sur lit d’accords passés à la disto, à constamment brouiller les pistes entre bruit, fureur et pop rappelle forcément les quatre de Boston. Avec son batteur pailleté, dont le chant passe par une iconoclaste pédale d’effet, Nursery a ainsi l’improbable qualité de se révéler en même temps pop, glauque et flamboyant. Et devrait sacrément remuer les sangs des premiers rangs devant la scène.

 

Braziliers

Question énergie, les trois formidables lurons de Braziliers (une histoire de vin, rien à voir avec le Brésil) en ont aussi un paquet à revendre. Comme l’indique facétieusement la bio du super groupe, Braziliers réunit en fait deux entités artistiques déjà bien connues (et défendues) par ici, aka Ropoporose et Piano Chat et « 2 Ropoporose + 1 Piano Chat = Ropochat ? Pianorose ? Non Braziliers » Autrement dit un groupe pour s’amuser, croiser les chemins et les envies.

Mêlant l’indie pop frondeuse des Ropoporose, composé des deux frangins Pauline (chant, guitare, clavier, percussions) et Romain (batterie, guitare, chœurs), déjà responsables de deux albums aussi ensoleillés qu’électriques, regorgeant de constructions à la fois limpides et chouettement bancales et se montrant tout aussi à l’aise dans la transe que dans les envolées survoltées, à l’indie pop lyrique à la fois fragile et débridée de Piano Chat (le garçon aimant également jongler avec les structures, l’énergie et l’émotion), les Braziliers concoctent un nouveau philtre pour filer irrépressibles sourires et gambettes de feu à tout le public. Un premier 4 titres (sorti chez les passionnés du Thoré Single Club) donne déjà la mesure de cette pop dansante et ensoleillée qui risque bien de séduire une majorité des aficionados des Embellies.

Bornor

On connaît Stéphane Fromentin par ici pour sa participation à une palanquée de projets qui nous tiennent à cœur (Trunks, Chien Vert, Ruby Red Gun, We only said) mais c’est avec une toute nouvelle forme que le guitariste s’illustre cette fois-ci. Projet personnel (même s’il est accompagné sur scène par les vidéos de Primat mêlant images contemplatives et abstractions poétiques), Bornor révèle une nouvelle facette du musicien, peut-être moins marquée par un rock à rythme impair que par une volonté de créer une musique hypnotique.

C’est en tout cas le souvenir que nous a laissé son très court set (un quart d’heure lors de la soirée des 20 ans de l’association Patchrock) en novembre dernier. On imagine d’ailleurs que le musicien a continué depuis d’étoffer son set et on a particulièrement hâte de le découvrir ce samedi au Jardin Moderne. D’autant que Les Embellies (qui en ont entendu plus que nous) parlent d’un « mélange subtil et pernicieux d’indie rock, de trip hop, d’électro et de krautrock » . Connaissant les talents du bonhomme, ça devrait plus qu’aisément se confirmer en live. Vivement.


Les Embellies présentent Electric Electric, Mnemotechnic, Nursery, Braziliers et Bornor en concert le samedi 11 mars à partir de 20h au Jardin Moderne ( 11 Rue du Manoir de Servigné – Rennes)

Tarif Sortir : 6€ – Tarif Plein : 13€ – Sur place : 15€

Plus d’1fos


Laisser un commentaire

* Champs obligatoires