Electric Electric frappe fort et nous a notamment bien mis la tête en vrac avec la sortie de son second album, le bien nommé Discipline (sorti en collaboration par Murailles Music / Africantape / Herzfeld / Kithybong, octobre 2012). En onze titres haletants, toute batterie dehors et frappe percussive le mors aux dents, le trio Strasbourgeois nous a collé une raclée dont nos oreilles bourdonnent encore. Après un passage à Rennes à l’Antipode il y a 4 mois, Electric Electric revient à la Route du Rock le jeudi 15 août. Et autant vous dire qu’on ne les manquera pas !
Et pour cause. Ces gars sont des affamés. Qui avec une boulimie gargantuesque digèrent ensemble déflagration noise, rigueur math-rock, puissance tribale, mais aussi structure répétitive de la musique minimaliste ou transe électronique sur un dancefloor plein de sueur. Leur musique parle immédiatement au corps et vous pouvez sentir jusqu’à votre glotte tressaillir sous les coups de boutoir assénés avec une classe folle par les trois Strasbourgeois. D’autant que ces bougres-là sont de véritables stakhanovistes du live et électrisent les foules par leur performance données entre 140 bpm et 200 bpm à l’heure, comme ils nous le prouveront le soir de cette interview réalisée lors du festival Roulements de Tambour à la mi-avril.
Transe à la fois hypnotique et massive, soutenue par la puissance de feu de Vincent Redel qui à la fois souligne, ponctue, comprime et percute, la musique d’Electric Electric nous portera jusqu’aux premières heures du matin. On en prendra plein les oreilles. Mais pas simplement de puissance et de déflagration. Que le groupe assène d’ailleurs avec une redoutable classe. Electric Electric est un groupe à la densité incroyable. Ils ne sont que trois et pourtant on a l’impression d’un demi-milliards de trucs qui se passent simultanément entre nos deux lobes cérébraux. Qui parlent tout à la fois en même temps à nos foies et à nos estomacs. Le set sera tout bonnement magistral. Et laissera le public épuisé, mais euphorique. Electric Electric est un groupe immense. Rencontre.
Alter1fo : Pouvez-vous juste vous présenter en quelques mots pour commencer?
Eric Bentz : Je suis Eric. Je joue de la guitare, des percussions et je chante dans Electric Electric.
Vincent Redel : Vincent Redel. Je fais de la batterie dans Electric Electric.
Vincent Robert : Vincent Robert. Je fais de l’électronique et un peu de chant et de basse.
Pouvez-vous nous expliquer les grandes lignes de la genèse d’Electric Electric ?
Eric Bentz : On a commencé en duo guitare-batterie en fin 2004, début 2005. Je ne sais plus exactement quand.
Vincent Redel : Au printemps 2005.
Eric Bentz : On est un groupe de Strasbourg. On répétait dans cette salle qui s’appelle le Molodoï. On a assez vite fait des concerts. On est parti assez rapidement en petite tournée en Italie, des concerts avec des copains. On a tout de suite été assez actif (comme groupe de concert, je veux dire). En 2008, on a enregistré notre premier album avec Vincent, le troisième membre du groupe. Et de 2008 à 2012 : 4 ans pour faire un disque, en trio.
Pourquoi l’arrivée d’un nouveau membre ?
(rires) Vincent Robert : C’est vrai, ça ! Qu’est-ce que je fous là ? (rires)
Eric Bentz : Pourquoi ?
Vincent Robert : Tu t’en mords les doigts, hein. (rires)
C’est simplement parce qu’il enregistrait en fait !
(rires) Vincent Redel : En fait…
[Il est coupé par l’entrée hilare du bassiste des Fordamage, et reprend après un petit intermède]
Au fur et à mesure, je crois que ça s’est fait assez naturellement, tout simplement.
Discipline est sorti en octobre. Comment ça se passe au niveau de la gestation du disque et de l’enregistrement ? Vous arrivez avec des morceaux déjà prêts, ou bien vous bossez énormément en studio ?
Eric Bentz : C’est un peu des deux. Je suis arrivé avec quelques morceaux terminés, quatre exactement. Et tout le reste, c’était à base d’idées qui étaient enregistrées en studio. On a la chance de pouvoir bosser dans le studio de Vincent. Donc on pouvait vraiment y passer du temps, pour tenter des formes, enregistrer plein de choses différentes, faire de l’édition. Il y a pas mal de morceaux qui ont été faits comme ça, à partir du montage en studio… Une démarche carrément pas rock, quoi !
Justement, c’est vrai qu’on vous pose souvent la question, mais je voulais vous demander, pour les groupes comme vous, qui dégagent une grosse énergie en live, comment s’articule le passage à l’enregistrement studio ? Est-ce que vous y pensez avant ? Est-ce que ce sont deux entités différentes pour vous, le studio et le live ?
Vincent Robert : Je pense qu’on le pense plutôt comme deux entités différentes. En tout cas, on avait envie de ne pas se limiter au moment de la gestation du disque. D’où ce travail dont parlait Eric. Sauf qu’une fois que le disque est sorti, on est forcément confronté à cette réalité-là. Et là, ce n’est pas toujours facile. On essaie. Des fois ça marche, des fois ça ne fonctionne pas. On fait le tri entre les morceaux qu’on arrive à jouer et qui donnent quelque chose en concert…
Eric Bentz : On est en tournée depuis septembre, et je dirais que c’est à peine maintenant qu’on a une vision un peu claire de ce que pourrait donner un concert pas mal dans l’idéal. On a tenté de reproduire en live des morceaux qu’on a montés en studio… Forcément en sachant que ça n’allait pas toujours marcher. Et en effet, on s’est un peu retrouvé face à des casse-têtes. Il suffit de l’accepter et après les choses sont simples.
On a fait une interview d’Eric Pasquereau (Papier Tigre, The Patriotic Sunday) [à lire ici] il y a quelques mois et il nous disait avoir parlé de ça avec toi. Que pour le concert, vous marchiez vraiment en termes d’énergie, que vous étiez à la recherche de quelque chose de très pêchu en live, mais qu’en parallèle, à la maison, votre écoute allait vers des trucs calmes. Il se demandait si un jour il n’aurait pas l’envie de passer à quelque chose de différent, de plus calme sur disque.
Eric Bentz : Oui, ça je ne sais pas trop. Il est peut-être un peu tôt pour le savoir. Pour moi c’est sûr, c’est un peu un idéal. J’aimerais, à l’avenir, davantage faire un disque que j’aurais plaisir à écouter chez moi. Puisqu’en effet, des musiques intenses, comme ça à la maison, j’en écoute rarement, à part des curiosités, des groupes de copains, pour voir ce qu’ils ont fait, ce qu’ils proposent, … L’idéal ce serait de pouvoir faire un disque, peut-être plus calme, et en même temps, en parallèle, proposer des concerts d’assaut sonore extrême.
Vincent Robert : Et en même temps, c’est marrant, parce que c’était déjà un peu le postulat pour le disque qu’on a sorti. [Eric acquiesce] Par rapport au précédent, on s’était dit (parce que le précédent, peut-être du fait du master qui était vraiment à burnes, tout ça… il était un peu fatigant à l’écoute) on va essayer de faire un disque qui soit un peu plus écoutable chez soi, justement. Mais je ne sais pas si on y est arrivé…
Si, carrément.
Vincent Robert : Tu arrives à l’écouter, cool !
Qu’est-ce que vous aimez quand vous êtes en studio? (Enfin peut-être que vous n’aimez rien, on sait que parfois le studio peut être vécu comme un moment d’horreur intégrale par certains groupes…)
Vincent Robert : Si c’était l’horreur pour moi, j’aurais vraiment mal choisi mon boulot. (rires) En même temps, ça l’est des fois… Là, en tout cas, utiliser le studio comme un outil de création, c’est vraiment ce qui est le plus excitant. Le fait qu’il puisse ne pas forcément y avoir de limite et aller le plus loin possible pour créer une esthétique… Je pense que c’est ce que j’aime fondamentalement dans ce boulot-là : créer un espace propre au disque qui n’a pas d’autre réalité que celle-là. Voilà.
Eric Bentz : Pareil que Vincent. Il y a forcément une tension et j’aime bien sentir cette tension-là. Je fais de la batterie aussi. Je me suis retrouvé à enregistrer quelques prises de batterie et c’est un moment que j’aime vraiment : ce rapport à l’instrument, où tu te dis que là, c’est maintenant. Même si, après, des batteries sont recalées… Mais quand même, il y a une implication physique et mentale. Il y a une concentration qui est forte. J’aime ce truc-là. Et puis aussi utiliser le studio comme un objet de création, comme le disait Vincent.
Dans ce disque, en plus des influences noise, hardcore, pour dire vite, j’ai été assez frappée par un aspect assez proche du minimalisme américain (des structures rythmiques qui m’ont fait penser à Steve Reich par exemple…). Vous vous reconnaissez là-dedans ? C’était voulu ? Ce sont des trucs que vous aimez ?
Eric Bentz : Je crois que j’avais plus écouté les boulots de Reich pour le premier album. A la base, le groupe faisait une musique très différente de ce qui est devenu l’album, même le premier album. C’était une musique hyper free, très très bruyante. Il n’y avait pas encore ce rapport cyclique de samples. Après, je ne sais pas trop, je n’ai pas l’impression qu’on a beaucoup évoqué les travaux du minimalisme répétitif sur ce disque-là, finalement.
Vincent Robert : Disons que j’ai l’impression que cette dimension-là, elle est constitutive du groupe, de l’essence du groupe. Donc de toute façon, c’est quelque part intégré.
Eric Bentz : Voilà. Chaque morceau part d’une boucle.
Vincent Robert : Mais du coup, il y avait peut-être d’autres compositeurs auxquels on était un peu plus attentifs à ce moment-là, comme peut-être Gérard Grisey, …
Eric Bentz : Tristan Murail [NDLR : chefs de file de la musique spectrale]… Plus un travail de son, de textures…
Justement, … [On est de nouveau interrompu par la team Fordamage pour un échange de loge, gentiment vite réglé], on était sur les textures. Dans votre musique, il y a un côté éléctro plutôt clubbing, dansant, pour dire vite. Mais également en parallèle, un travail sur le son, sur les textures justement, travail essentiel pour une certaine partie des musiciens électro. Je pense à un gars comme Alva Noto, notamment, qui bosse justement sur la texture du son pour prendre un exemple. Ce travail sur la texture, c’était quelque chose de voulu, donc ?
Vincent Robert : Oui, oui, je pense que ça fait vraiment partie de nos intentions, de ce qui nous nourrit le plus depuis quelques temps maintenant. Que ce soient la musique électronique, la musique contemporaine, que ce soient des textures électroniques ou acoustiques…
Eric Bentz : Je crois qu’au moment où on travaillait sur ce disque, on a très peu écouté de rock chez nous, c’est certain. Je commence un petit peu à en ré-écouter avec plaisir ces derniers mois. Je parle d’écoutes chez moi, parce qu’il y a des concerts rock que j’aime assez bien, s’ils proposent des trucs cool.
Oui, on a beaucoup baigné dans ces musiques électroniques et ces créations acoustiques…
Mais pas que du côté électro dansant alors ?
Eric Bentz : Si, moi j’écoute quand même beaucoup de musique de club. C’est un milieu que je trouve toujours hyper stimulant. J’étais encore assez sensible à ça. Même si finalement, je pense que le disque n’est pas si dansant que ça. Ce n’est pas si évident.
Vincent Robert : Mais j’ai l’impression qu’actuellement, ce double rapport, ça continue à être ce qui nous stimule et ce qu’on a envie de creuser.
Justement, je trouve que votre disque est hyper dense. Est-ce que vous avez l’impression que la densité de Discipline vient de tous ces aspects imbriqués, dont on a dit tout à l’heure qu’ils étaient constitutifs de votre son, la noise, l’aspect clubbing, l’intérêt pour les textures et l’attention à la musique minimaliste répétitive ? Vous avez l’impression que c’est cette imbrication qui a amené cette densité au disque ou bien c’est vous, qui au moment de faire le disque, vous êtes interrogés sur cette idée de densité et de comment la créer ?
Eric Bentz : C’est le premier disque avec Vincent. Il y a trois musiciens. Quand il y a des batteries, il y en a tout de suite plusieurs. Il y a beaucoup de polyrythmie. Quand il y a des guitares, tout de suite il y en a plein, parce qu’il y a plusieurs boucles, des guitares par-dessus. Vincent a beaucoup de choses à dire. D’un coup, on se retrouve avec beaucoup, beaucoup de matériau. Moi, j’avais plaisir à écouter les pistes quand on enlevait un instrument.
Vincent Robert : … Ou quand on le mettait en solo. (rires)
Eric Bentz : Quand on le mettait en solo, on se disait c’est vachement bien. (rires) Malheureusement, il fallait que tout le monde soit là. (rires) Donc on se retrouve avec des musiques hyper denses. Je crois qu’à un moment, on a quand même réalisé ça et on est un peu allé dans ce sens-là, en termes de production. On s’est dit : « ok, il y a une densité sonore, là. »
C’est pour la tension ?
Vincent Robert : Oui, en tout cas, la tension elle est là. Je ne sais pas, c’est pour créer un espace, une tension… (long silence concentré)
Eric semble également réfléchir intensément et questionne : Mais pourquoi c’est dense comme ça ?
Vincent Robert : J’avais plutôt l’impression, en le faisant, qu’on parlait de richesse plus que de densité. Peut-être par peur… Enfin non, pas par peur de ne pas faire une musique intéressante, mais… Je n’en sais rien, en fait. C’est dur.
Eric Bentz : (continuant ce dialogue entre eux) J’observais que, pour ce disque, tu étais assez sensible au fait que la musique ne soit pas moins intense que le premier album.
Vincent Robert (acquiesce) : oui, oui…
Eric Bentz : Tu arrivais dans un groupe qui envoyait à fond. Il y avait ce truc de l’apport des claviers. Avec toutes les remarques débiles qu’on doit essuyer, sur le fait de proposer un truc basiquement rock, même si déjà c’était un peu autre chose. Et du coup, cette sensibilité-là, là où peut-être moi, j’aurais été davantage prêt à faire un disque peut-être plus dépouillé, on est allé dans ce sens-là. Il fallait que ça envoie et qu’il y ait beaucoup de choses. Je ne sais pas trop si ça répond à ça. J’essaie de réfléchir en même temps que tout le monde.
Vincent Robert : C’est marrant, au final, je l’entends vraiment plus comme une ampleur que comme un truc qui envoie.
Eric Bentz : (acquiesce) : oui, oui…
Vincent Robert : C’est plus large que dans une direction…
La question qui tue : trois disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?
Eric Bentz : Ouh la la ! Aujourd’hui ? (Il réfléchit et soupire)… C’est chiant ces questions. Moi, ça change un peu tout le temps. Je ne sais pas trop. Vince ?
(Long silence où les esprits cogitent intensément)
Vincent Redel : Trois, j’ai l’impression que c’est un peu réducteur, et en même temps, je n’écoute pas assez de musique pour pouvoir dire : « ah ouais, vraiment, ça… »
Vincent Robert : J’ai l’impression qu’il y a une différence entre les disques qui vont me nourrir profondément et les disques qui vont me toucher profondément, dans ma vie (mais dans ma vie pas forcément de musicien). Je pense à Nina Simone ou à Chelsea Girl de Nico, et ça n’a pas grand chose à voir avec ma vie de musicien. Et en même temps, je citerai sûrement des choses qui ont été fondatrices pour moi, un Ligeti, un… (il s’adresse à Eric) Quand tu en parlais l’autre fois à Paris, en répondant à la même question, tu citais Joy Division, qui fait évidemment partie aussi des choses fondatrices…
Eric Bentz : Oui, disons que j’aurais trop peur de connaître trop ces disques et de m’en lasser. J’aime bien aller et venir entre des disques que je connais parfaitement, sur le bout des doigts, et toujours découvrir des nouveaux disques et de nouvelles sonorités. J’aime bien cet équilibre-là. A la limite, je préférerais demander conseil à un pote à qui je fais hyper confiance, et partir avec des disques que je ne connais pas. Après peut-être que je vais le détester, je n’en sais rien, si ça ne marche pas… Après, je ne sais pas trop.
[Se tourne vers un de leurs amis dans la loge.] Et toi , tu dirais quoi ?
Spontanément, je dirais Bitches Brew de Miles Davis (tous acquiescent), Different Trains de Steve Reich et Release de Cop Shoot Cop
Eric Bentz : Pur choix, mec ! (rires collectifs)
Comment envisagez-vous la place de la voix dans Electric Electric ? Les morceaux sont le plus souvent instrumentaux, mais la voix est présente sur certains titres. Sur le disque précédent, la voix était plutôt «murmurée » si on peut dire. Là finalement, la voix vient même parfois donner un côté assez pop aux morceaux…
Eric Bentz : (acquiesce) : Bien souvent, je dis que ce disque-là, il y avait ce label de Strasbourg, Herzfeld qui était ok pour le sortir. Et ce label évolue plutôt dans un registre pop, folk, indie… Des musiques que j’écoute beaucoup aussi. Et du coup, je chantais chez moi. J’avais quelques compos avec ma guitare sèche, tu vois, un peu comme tout le monde. Et par conséquent, au moment d’enregistrer le disque, dans les tous derniers instants, j’avais envie d’apporter de la voix, pour y amener un caractère un peu plus pop, aller un peu dans le sens du label. Ça me faisait plaisir.
Et il n’était aucunement question de crier, d’aller dans une évidence avec la musique qui envoie (donc crier). J’avais plus de plaisir à chanter, trouver des harmonies, faire plusieurs voix. Donc on se retrouve un peu avec cette idée, qui n’est pas forcément bonne pour autant, de chanter de manière douce sur une musique hyper forte. Ça, à restituer en concert, c’est compliqué ! Là, ce soir, je pense qu’on va s’en sortir parce que les conditions sont très bonnes, mais bien souvent, dans des conditions plus à l’arrache, c’est plus compliqué. Bon après, ça c’est notre problème.
Pour ce disque-là, comme je le disais tout à l’heure [à Disso de DLF, interview à lire ici], je ne voulais pas qu’on visualise un chanteur, mais juste une voix comme un autre instrument. Qui permet d’amener une forme d’affect. Je suis toujours sensible à ne pas faire une musique totalement autiste. Mais quand même d’aller vers mon idéal de tube. Et la voix a une place vraiment importante dans ce rapport à la pop, forcément.
Discipline est sorti via quatre structures différentes, Herzfled, Kythibong, Murailles et Africantape. Pourquoi ce choix ?
Vincent Robert : Herzfeld, ça paraissait une évidence [le label a sorti leur premier album et Vincent Robert enregistre leurs albums]. Kythibong avait aussi sorti une version vinyle du premier album. Donc des copains ! Africantape, des copains de copains, qu’on croise déjà. Et puis Murailles qu’on a rencontré entre temps, qui sont devenus notre tourneur. Donc voilà, c’est juste une évidence qui arrive progressivement.
Je suis très fan du clip de La centrale. Comment ça s’est passé ? C’est une idée que vous avez travaillée ensemble avec Arnaud Dezoteux qui l’a réalisé ? Ou bien, il est arrivé en vous proposant un projet déjà bouclé ?
Eric Bentz : Non, il n’y a pas vraiment eu de concertation. C’est un ami qui m’a présenté le réalisateur en me disant : « ce mec défonce, toutes ses idées sont cool. » Je n’ai même pas vraiment trouvé de taf qu’il avait fait sur le net. On y est vraiment allé comme ça. On n’avait pas vraiment d’autres propositions, pas vraiment d’autres idées. Et puis on voulait quand même un clip pour jouer un peu le jeu de la promo, tout ce blabla, voilà… Et puis par curiosité aussi, simplement.
Du coup, on lui a laissé un peu carte blanche. On s’est mis d’accord au sein du groupe sur le morceau. On le lui a envoyé. Il l’a bien aimé. Et puis il nous a envoyé un peu des influences, dont un clip des Pixies avec ce rapport au ralenti.
Il y a une histoire un peu compliquée par rapport au clip dans Electric Electric. Un jour un mec nous a envoyé un clip sur lequel il avait passé un an et demi de sa vie, qui ne nous a pas forcément plu. Même s’il était vraiment hyper réussi et qu’il lui avait demandé beaucoup de boulot. Le mec était hyper impliqué. Mais dans l’esthétique, ça ne nous plaisait pas vraiment. Et pour nous c’était compliqué… Je n’avais pas envie de lui dire : « ben non, tu ne vas pas communiquer là-dessus » et en même temps, je voulais quand même lui dire qu’on aime bien travailler en collaboration. Donc que c’était un peu dommage. Après, le clip a vécu sa vie, il est passé dans des festivals, …
Donc je raconte ça au réalisateur du clip de La Centrale et il me dit « oui, oui, pas de souci, je vous enverrai des essais ». Et puis un jour, le clip est arrivé. Terminé ! (rires) On se dit : « mince, qu’est-ce qu’il va se passer ? » J’étais hyper flippé. Et puis finalement, je l’ai vraiment bien aimé, donc tout s’est bien passé.
Vincent Robert : Ce qui était marrant, c’est qu’il y avait un plan qu’on n’aimait pas trop. Donc on renvoie un mail au réalisateur en lui disant : « là, c’est un peu bizarre ». Et il nous répond par mail en disant : « c’est comme ça ». Et il nous y explique ses choix, ses intentions. C’était vraiment dans une démarche artistique qui était très claire. Et ç’aurait juste été tellement bête d’aller contre ça.
Eric Bentz : Et puis son mail était tellement détaillé ! Il y avait réellement une vraie implication. Il allait au fond de son travail. Comme tu disais, on ne pouvait pas aller contre ça. On était content de ce clip.
On finit en parlant un petit peu de La Colonie de Vacances [aventure collective jouissive où quatre groupes -Pneu, Marvin, Papier Tigre et Electric Electric- jouent ensemble sur quatre scènes encerclant le public]. Dans de plus anciennes interviews, vous aviez exprimé la volonté de travailler davantage sur la quadriphonie, où ça en est ?
Vincent Robert : On a fait une résidence au Confort Moderne à Poitiers fin février, pendant laquelle on a monté trois nouveaux morceaux. On a tourné un petit peu la première quinzaine de mars. C’était chouette. La quadriphonie prend de l’ampleur. Ça fait plaisir. On va avoir encore l’occasion de bosser en juin, avant une tournée durant la deuxième quinzaine de juin. Puis à l’automne, encore, je crois qu’il y a une résidence qui est prévue. Donc ça fait plaisir. Là, je crois que sur cette tournée-là, c’était la première fois qu’on sentait presque un groupe.
Eric Bentz : C’est toujours un projet qui est fragile. Parce qu’il y a l’actualité de chaque groupe. On est un peu loin les uns des autres, c’est une grosse organisation pour répéter. Les répétitions vont toujours très vite. Mais c’est vrai que, sur les derniers concerts, il y a vraiment un ressenti qui était hyper jouissif (même si ça l’a toujours été !), mais là en termes de qualité. De mon point de vue, c’était sûrement les meilleures dates. Mais à terme, on aimerait vraiment qu’il y ait de la quadriphonie tout le temps et surtout qu’on ne soit plus obligé de passer par des compos de chaque groupe, pour que ce soit un projet qui se tient complètement.
Pour finir, vos projets à venir ? Des choses que vous voudriez souligner particulièrement ?
Eric Bentz : On est en pleine tournée. On a pas mal de dates. On va enchaîner sur quelques festivals [dont la Route du Rock en août prochain]. Avec la Colonie, on part à la Réunion en octobre. Il y aura une résidence en octobre avec la Colonie aussi. Ça, c’est notre actualité proche. C’est déjà pas mal.
Et puis avancer sur la musique du groupe aussi. Penser à l’avenir esthétique d’Electric Electric. Voilà.
Merci !!
Merci à vous.
Photos live et interview, prise de son : Caro
Un immense merci à Guillaume Blanche pour avoir rendu cette interview possible.
Retrouvez tous nos articles sur la Route du Rock 2013 dans notre dossier ici.
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Plus d’1fos : Electric Electric
Le site de la Route du Rock : http://www.laroutedurock.com/