Interview de Johann Lagadec, responsable du Tremplin des Jeunes Charrues

jc2013_logo

Nous venons de suivre pour la troisième année consécutive le Tremplin des Jeunes Charrues, des sélections rennaises à la programmation carhaisienne. Trois années durant lesquelles nous avons observé de nombreuses évolutions : 17 ans après sa création, le dispositif des Jeunes Charrues va se transformer, avec pour principal objectif l’amélioration de l’accompagnement des groupes émergents. Nous avons rencontré Johann Lagadec, responsable des Jeunes Charrues, lors du festival : l’occasion d’en savoir un peu plus sur les évolutions à venir. Interview.

Alter1fo : Si tu devais te présenter en quelques mots ?

Johann Lagadec : je suis chargé du dispositif des Jeunes Charrues, et plus particulièrement de l’accompagnement artistique des groupes : de la sélection sur zikcard à la production sur la scène du festival. Sans oublier les liens crées avec les médias, les partenaires et les professionnels de la musique. J’ai auparavant travaillé 10 ans au Run Ar Puns à Chateaulin, sur l’accompagnement artistique et les actions culturelles.
Les atouts d’un festival ne sont pas les mêmes que ceux d’une salle : travailler sur un festival comme celui-ci, avec le rayonnement médiatique et l’importance du réseau professionnel présent, permet d’activer des leviers pour développer l’accompagnement des groupes.

Tu es arrivé sur le festival suite à une étude réalisée à la demande du festival.

Le festival m’a embauché en avril 2012 pour travailler six mois sur une étude du dispositif Jeunes Charrues. Le but étant de questionner le dispositif : sommes-nous toujours pertinents dans l’accompagnement, dans ce qu’on offre aux groupes ?

itw Johann Lagadec

Quelles sont les conditions pour qu’un groupe puisse participer aux Vieilles Charrues ?

A ce jour, la condition minimale est d’avoir un projet artistique. La sélection se fait dans un premier temps via la plateforme zikcard. On a eu cette année environ 500 candidatures. Dans chacun des dix pays se réunissent des jurys qui sélectionnent 4 ou 5 groupes. Puis des tremplins sont organisés dans les 10 pays. J’ai assisté aux 52 concerts de fin février à début mai. C’est à partir de ces tremplins qu’on aborde véritablement le processus d’accompagnement. Une partie artistique tout d’abord, en résidence de pré-production scénique avec les lieux partenaires (L’Antipode, l’Echonova, le Cargö, etc…).

Puis en lien avec le Jardin Moderne, on met en place une semaine de formation : un premier module sur le cadre légal du spectacle vivant, un module sur les relations avec les programmateurs, les tourneurs, les maisons de disques, et un module sur la gestion du stress. Ce travail a été fait suffisamment en amont pour qu’ils arrivent serein sur le festival.

En dehors de l’aspect Tremplin, c’est surtout un moyen pour eux d’utiliser le réseau du festival. Le jury du festival est plutôt fourni : tu peux nous parler de la composition du jury final ?

Le but est de créer du réseau : ce sont des groupe du Grand Ouest mais l’idée est d’élargir au-delà. Le jury doit être hétéroclite dans la filière musicale. Il y a des manageurs, des producteurs, des responsables de labels, des tourneurs, des programmateurs de festivals, de salles, pour permettre d’avoir des regards croisés sur les groupes.

Tous les ans le dispositif évolue et s’améliore : il ya eu le déplacement l’année dernière près de l’entrée, puis cette année le chapiteau. On sent que le festival cherche à renouveler le dispositif mais aussi à le rendre plus attractif : la fréquentation est de plus en plus importante devant la scène des Jeunes Charrues.

Ca me parait essentiel : on met des moyens sur ce dispositif notamment une captation multicam. Je suis allé voir la diffusion dans le car régie et les images sont intéressantes et vraiment exploitables. Je me suis consacré aux outils que l’on pouvait apporter aux groupes et ça en fait partie : ils repartent avec leur concert intégralement filmé en multicam et c’est un outil de communication pour eux. Parmi ces outils, il y a aussi les affiches, le compte pro qui leur assure une diffusion sur les plateformes de téléchargements légales. On a aussi fait faire des pressages de cd (50 demos pour chacun des groupes).

IMG_6491

Une forme de « pack » qui leur permet de bien démarrer.

Oui mais je ne leur mets aucune pression : s’ils n’ont pas d’enregistrements pour un cd, le partenariat est valable pendant un an. Ils ont donc le temps de travailler cet aspect ensuite. L’idée n’est pas qu’ils le fassent pour les Charrues. Leur présence sur le compte pro artistique leur permet d’avoir une compilation en ligne : ça permet de donner du son à écouter pour les professionnels. Tous les projets sont différents : c’est essentiel de personnaliser l’accompagnement.

Le format Tremplin va disparaitre. Peux tu nous expliquer pourquoi ?

Le problème c’est qu’il y a un gros coup de spleen après le festival. Les groupes sont beaucoup sollicités pendant trois mois mais c’est très dur à entretenir après le festival. La problématique est : comment peut-on s’inscrire dans le parcours d’un groupe qui fait du festival une étape ? Une étape avec bien sûr une plus-value médiatique. Mais il faut que ça s’inscrive dans un parcours. Je suis content lorsqu’un groupe me dit qu’ils vont jouer aux TransMusicales ensuite.

Il y a une volonté de faire évoluer le dispositif mais vous n’êtes pas encore fixés sur les évolutions ?

C’est en construction : l’idée est de faire ça de façon collégiale avec les acteurs de l’accompagnement. Pour personnaliser les choses, il faut savoir où en sont les groupes. Et pour ça, ce sont les structures qui accompagnent les groupes toute l’année qui sont les mieux placées pour poser un regard objectif. Le but est de travailler avec nos partenaires pour repérer les groupes, puis mettre en place des concerts : parce qu’on programme du live et qu’on veut pouvoir proposer ça au public et aux professionnels. On partirait sur une idée de programmation diffusée dans les salles, puis une mise en avant lors du festival.

Merci beaucoup.

Merci à vous.

Un grand merci à Johann Lagadec d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Site des Jeunes Charrues

Retrouvez tous nos articles sur les Jeunes Charrues aux Vieilles Charrues

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires