L’écriture inclusive qui permet une meilleure reconnaissance de la place du féminin dans la langue française s’est invitée au conseil municipal. Sans crier gare, son application a été l’objet d’une vive passe d’armes entre les élu.e.s de l’opposition de droite et de la majorité. En effet, Amélie Dhalluin du groupe alternance 2020 a vivement critiqué son utilisation par la municipalité dans ces supports de communication. Selon ses propos, ce formalisme serait « un exemple caricatural d’un extrémisme lexical qui ne sert pas la cause de l’égalité Femmes-hommes » et ne serait qu’ « un artifice de bonne conscience ». Amélie Dhalluin a d’ailleurs rappelé les cris apocalyptiques poussés par les « Immortel·le·s » de l’académie Française tout comme la circulaire du premier ministre bannissant cette écriture des textes officiels.
Stop à l’#ecritureinclusive au #CMRennes
Difficulté d apprentissage du français, compréhension uniquement par les elites!#Rennes #EgaliteFH— Amélie Dhalluin (@AmelieDhalluin) 4 décembre 2017
En retour, Nathalie Appéré a conseillé froidement à l’ex-candidate LR aux législatives « d’éviter de créer des polémiques inutiles pour ne pas perdre de temps dans des futilités qui ne font pas avancer la cause de l’égalité Femmes-Hommes ».
En France, beaucoup trouvent que cette rédaction « rend la langue incompréhensible » mais elle a le mérite de questionner le principe de primauté du masculin sur le féminin se traduisant par la règle d’accord « le masculin l’emporte toujours sur le féminin ». Quand le sage désigne l’inégalité, l’idiot se focalise sur le point médian. Parce que oui, l’idée est bien ici de redonner toute la place au féminin et d’éviter toute forme de discrimination. C’est en tout cas la position tenue en séance par Geneviève Letourneux, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité :
Geneviève Letourneux : « Au 17ième siècle, cette suprématie du masculin sur le féminin n’existait pas. Le langage est une construction sociale. Il construit nos imaginaires, nos références, nos modèles. Etre (NDLR : les femmes) en permanence évincées, minorées, ignorées dans le langage peut laisser à penser que l’inégalité subie est acceptable […] Effectivement, la langue française est complexe mais c’est une langue vivante. Soyons inventif et inventives pour construire de l’égalité. Les mots ont un sens et ont leur importance. »
L’écriture inclusive existe déjà sous différentes formes dans le portugais, l’espagnol, l’allemand ou l’anglais. Elle est d’ailleurs recommandée par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui écrivait en 2015 que « les représentations auxquelles les citoyen.ne.s sont constamment exposé.e.s renforcent les stéréotypes de sexe et les inégalités entre les femmes et les hommes ».
« Quand le sage désigne l’inégalité, l’idiot se focalise sur le point médian », dites-vous, en respectant la syntaxe classique. Comment le diriez-vous en écriture inclusive ?
« Quand la personne sage désigne l’inégalité, l’idiot.te se focalise sur le point médian »
Est-ce ainsi qu’il faudrait écrire ?
Comment savoir si le fait d’avoir écrit « l’idiot » et non pas « l’idiot.te » est volontaire ou pas ?
Est-ce une erreur d’inattention, ou l’auteur volontairement limite-t-il l’idiotie à la population des mâles ? Peut-être est-ce par élégance envers madame Dhalluin…
« Quand le sage désigne l’inégalité, l’idiot se focalise sur le point médian » Mouais, je dirais plutôt que cette horreur illisible à l’écrit comme à l’oral dessert et caricature un combat juste, celui des inégalités. Ecrire « les citoyennes et les citoyen », ou accorder avec le sujet le plus proche, aucun problème et je signe des deux mains ! Mais pas cette horreur de point médian qui rend la lecture d’un texte difficile (et puis une langue vivante ce n’est pas du code informatique ou une équation mathématique qu’on factorise). Donc ouvrez les yeux, cette barbarie dessert la cause féministe plus qu’autre chose !