S’il y a bien quelque chose que l’on apprécie tout particulièrement dans les soirées organisées par l’association Kfuel, c’est qu’elles se suivent mais ne se ressemblent pas. Après un savoureux premier round mêlant indie-rock atmosphérique et art punk survolté, ils remettaient le couvert samedi 6 février avec un nouveau mélange détonnant. Les amateurs de clairs-obscurs musicaux ont été ravis puisqu’ils ont pu tour à tour apprécier la puissance de feu d’Apollo et les dissonances sensibles de Drive With a Dead Girl.
Les trombes de flottes agrémentées de rafales de vent pernicieuses qui plombaient le ciel rennais ce soir de samedi 6 février, vous incitaient plus à vous planquer au fond de de votre canapé sous un plaid douillet qu’à pointer vos oreilles dehors. Pourtant, ceux qui ont choisi de braver les éléments pour se rendre au Bar’Hic ce soir-là ne l’ont pas regretté.
Pour le spectateur, il y a toujours un plaisir un peu particulier à assister au premier concert d’un groupe; quelque chose qui doit tenir d’une ouverture des possibles. Le duo rennais Apollo inaugurait donc leurs morceaux sur scène ce soir là et le moins qu’on puisse dire, c’est que les lascars nous ont plus que convaincus. Si leurs trois titres écoutables sur youtube ne nous avaient pas plus emballés que ça, la formule en live s’avère vite assez explosive. Dès les premières notes, les bases sont posées : des riffs incisifs et ultra efficaces portés par une rythmique impitoyable à base de basse tellurique et de boîte à rythme de 10 mégatonnes. Le tout sert parfaitement le chant hurlé par un guitariste farouchement arc bouté au dessus de son micro. Une belle ambiance d’hiver nucléaire, de la puissance, de l’attitude et des compos qui vont droit à l’os, le groupe part donc sur de très bonnes bases. Dommage juste que des soucis récurrents de boîte à rythme partant en quenouille viennent casser le rythme du set. On sort de là avec la satisfaction de s’être pris un bel échauffement bien rentre-dedans et un nouveau nom de groupe ajouté à notre liste des formations dont nous suivrons de près la suite des aventures.
Apollo filmé… par Apollo’s Mouse. On les laisse régler les problème de copyright entre eux.
Le second groupe qui jouait ce soir là est lui depuis quelques déjà quelques temps sur cette même liste. Les Drive With A Dead Girl nous avait déjà épatés à deux reprises en 2013 et 2014. Comme on l’espérait, les bougres vont réussir le triplé et avec la manière. Leur set démarre en suivant le tracklisting de leur dernier album Le Rivage sorti en mars 2015. On retrouve avec un immense plaisir leur capacité à tisser des ambiances en équilibre permanent entre atmosphères inquiètes, et agressions soniques. Leur manière de broder des riffs hypnotiques et toujours un peu flippants sur des rythmiques lancinantes et vénéneuses est à nouveau un ravissement. Ajoutez à ça le chant superbement fragile et méthodiquement bancal d’Alexia toujours aussi vibrante d’un charisme un peu chancelant et vous obtenez une superbe promenade d’une heure dans des paysages musicaux désolés mais fascinants. Merci à eux pour cet instant suspendu qui nous aura une fois de plus mis dedans dehors comme il faut. Histoire d’achever d’avoir la classe, le quatuor nous a plus que gâté avec des nouveaux morceaux mais également un magnifique Clementine dédicacé bien sûr à la bande Kfuel.
Comme à chaque fois qu’on vous parle de ce groupe nous réitérons notre ferme mais chaleureuse invitation à découvrir l’impeccable discographie du groupe.
Le concert intégral de Drive With A Dead Girl filmé avec zèle et talent par Apollo’s Mouse.