Chaudes retrouvailles entre Danyel Waro et le public rennais hier soir au Triangle: en deux petites heures, le poète maloya a euphorisé un public tout acquis à grand renfort de poésie créole et de maloya survitaminé.
Toute la communauté bretono-réunionnaise devait être au Triangle hier soir: dès l’arrivée en scène du maloyèr le plus célèbre de la planète éclataient des « La Réunion lé là! » ou autres « Oté Danyel », qui campaient le paysage: deux heures de kabar maloya, une fête dans les hauts de l’île-volcan, et un concert incandescent, couleur de lave.
Et pour les retrouvailles, pas de menu réchauffé, pas de concert-type joué et rejoué sans variante sur la longueur d’une tournée: Danyel avait prévu un petit rappel de ses premières années à Rennes, quand, pour insoumission face à l’obligatoire service militaire, il avait connu pour la première fois l’Europe dans les geôles de Rennes. Pas revanchard, Danyel n’a apparemment pas retenu de grief contre la cité rennaise: « c’est largement rattrapé, vu votre accueil ce soir! ». Émouvant, le chant est un dialogue où le réunionnais explique à sa mère que l’île lui manque. Il en profite alors pour rendre hommage aux militants l’ayant soutenu, « pendant cette anecdote de ma vie ».
En formation presque « classique » (kayamb, bobre, sati et roulèr, ainsi que congas et kora, les seuls instruments non réunionnais), Danyel et son combo enchaînent maloyas énergiques et poésie créole plus personnelle (« celle-ci elle est pour ma petite dernière, aussi énergique que la chanson », ou « celle-ci est pour ti-georges, mon papa, pour lui dire que je l’aime »). D’un mot, il lève l’ensemble du public, et égrène quelques compositions de son dernier disque, d’où émergent Kilimann, Mandela ou Alin (pour Alain Péters). Puisque les corses d’A filetta ne sont pas là, ce sont Lorent Dalo et Vincent Philéas qui imitent le chant polyphonique sur certains morceaux.
Et quand le kabar devient bouillonnant, le public magmatique autour du poète maloya, dansant, c’est l’heure d’entonner les hymnes maloya, « Adékalom », puis, en rappel, « Batarsité », où Danyel explique sa définition du métissage réunionnais et revendique sa « batarsité » de créole. Le roulèr claque plus fort et plus vite, les kayambs se font frénétiques, et le groupe termine en triomphe, salués par une éruption d’applaudissement mérités.
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Infos pratiques
Festival les Tombées de la Nuit : du 02 au 07 juillet 2012
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