[concerts] festival Les Embellies 2024 : Mettez du tempo dans votre printemps

Grâce à une programmation riche et des plus soignées, entre découvertes, soutien à la scène locale et artistes confirmés, la 26ème édition des Embellies viendra conforter une fois encore, du 16 au 18 mai, la place devenue incontournable que tient le festival dans l’agenda culturel rennais. 26 printemps (enfin c’était parfois en automne et en hiver) et toujours autant d’envie, de curiosité et d’ouverture forcent le respect. C’est intelligent, malin, ouvert et surtout diablement excitant ! Entre les adieux avec orchestre de nos locaux de Mermonte, la chanson jazzy et élégante de Voyou ou des concerts en bars bien rock, vos oreilles ne vont plus savoir où donner des tympans. On vous détaille avec autant de gourmandise que d’ impatience ces trois affriolantes journées.

Les Bar’baries, devenues Embellies depuis 2006 ans déjà, ont progressivement opéré leur mue en proposant des artistes plus pop/rock/folk (mais pas que) sans toutefois délaisser complètement la chanson. Tout ça en respectant quelques axes forts dans leur programmation : donner une réelle place aux découvertes, sans pour autant délaisser les concerts d‘artistes confirmés et offrir un réel soutien à la scène rennaise en proposant à certains de ses acteurs des résidences et des prestations live pour développer leur projet. Une programmation atypique, ouverte et réjouissante, dont l’éclectisme bienvenu nous comble bien souvent. On gage sans prendre de risque qu’il en sera de même pour cette 26ème édition.

Jeudi 16 mai : Rock ou Rock ?

Tout démarrera donc le jeudi 26 mai. De 10h à 17h, auront lieu au Jardin Moderne les indispensables rencontres professionnelles qui font partie intégrante de la démarche du festival. Pour notre part, ce qui nous intéresse le plus c’est le retour, comme l’an dernier, des bars dans les réjouissances du festival. De nouveau en partenariat avec les impeccables Cultures Bar-Bars, les Embellies vous proposeront ainsi deux soirées toutes également aimables à nos oreilles. On vous détaille tout ça en vous laissant libre de votre choix. Les seul.e.s perdant.e.s de ce jeu seront celles et ceux qui resteront dans leur canapé.

La première option vous amènera au Melody Maker pour découvrir ou revoir sur scène une des plus excitantes formations rennaises du moment: Fauna Nova. On retrouve avec grand plaisir dans ce trio des membres de MemorandaWe Are Van Peebles et Nüde. Ils ont mis en ligne en juin 2023, Hello Mind Chasm, un très bon premier EP, puis le tout aussi réussi single  Polite Boy en septembre. Leur musique entre groove hypnotique kraut rock, vertiges psychédéliques et rock synthétique brumeux s’adresse autant au cerveau qu’au bassin et les chances de remuage de booty sont diablement élevées. Amateurs et amatrices de BEAK>Suuns ou Battle vous devriez y trouver votre bonheur. On aura de plus sans doute la chance de pouvoir écouter en avant-première des titres de leur nouvel EP en préparation. Nous avons déjà eu la chance de constater de visu l’épatante présence scénique du groupe sur scène et on vous conseille donc plus que chaudement de ne pas louper l’expérience.

Cette soirée sera de plus complétée par un voyage psychédélique à bord de la machinerie modulaire de Lazer Arafat. Improvisant entre dub techno, ambiant méditatif, groove industriel ou drone chaotique, notre capitaine ne connait pas encore avec certitude les étapes de sa nouvelle odyssée mais on est juste sûr qu’elle sera hypnotique et dansante.

Fauna Nova et Lazer Arafat joueront le jeudi 16 mai
au Melody Maker, 14 rue Saint-Mélaine, Rennes
ça démarre à 20h30 et c’est 5€

L’autre imparable raison de ne pas rester à la maison vous amènera dans le café associatif le Coquelicot à Fougères. Cela vaudra largement le coup de franchir la rocade car on y retrouvera une de nos artistes locales fétiches : Lætitia Shériff. C’est bien simple, on aime tout chez cette grande dame : elle d’abord, mais aussi ses multiples collaborations et rencontres, ses projets parallèles et son goût pour les chemins de traverse… Nous vous avons vanté sur tous les tons les immenses qualités de ses indispensables Pandemonium, Solace and Stars (2014) et  Stillness (2020). Des Embellies à l’Ubu, en passant par le Jardin Moderne, le 6par4, les Vieilles Charrues ou dernièrement en sublime version septet avec cuivres sur la grande scène de l’Antipode (On en a des frissons rien que d’y repenser) nous avons suivi de près toutes ses aventures scéniques, souvent en (très bonne) compagnie du guitariste Thomas Poli (Dominique AMontgomery…) et du batteur Nicolas Courret (Eiffel) mais aussi parfois en solo. Ce sera le cas pour cette soirée du 16 mai et on peut vous assurer que même seule avec sa basse, elle ne manquera pas de nous mettre, encore une fois, dedans dehors.
Il est toujours totalement indispensable de lire le fruit de la passionnante rencontre entre Lætitia Shériff et notre chroniqueuse Isa.

Lætitia Shériff jouera en solo le jeudi 16 mai à 21h
dans le Coquelicot, 18 Rue de Vitré, Fougères
Tarifs : 6€ tarif adhérent.es / 8€ tarif réduit /10€ tarif plein
Réservation par ici

Vendredi 17 mai : fin de semaine sensible

Les Embellies fait aussi la part belle à ce qui se fait plus excitant et de moins balisé dans la chanson française. La venue de Voyou dans la salle de la Cité le vendredi 17 mai s’inscrit dans cette chouette tradition. Le lillois d’origine Thibaud Vanhooland baigne très tôt dans la musique avec un père professeur de musique et une entrée au conservatoire pour apprendre la trompette dès ses 4 ans. Il passe son adolescence à Nantes et y participe à de nombreuses formations locales dont Elephanz, Rhum For Pauline, Pégase… A la fin des années 2010, il se lance dans l’écriture de chansons en français pour devenir auteur, compositeur et interprète sous le pseudonyme de Voyov, vite devenu Voyou. Au fil de deux albums (Les bruits de la ville (2019) et Les Royaumes Minuscules (2023)) et de multiples EP et singles, il peaufine un univers aussi personnel qu’accueillant. Avec une nonchalance apparente mais surtout un talent d’écriture redoutable et un sens de la composition insolent, ce musicien polyvalent chante avec malice et finesse des petites nouvelles mêlant nos tribulations les plus quotidiennes à une fantaisie et une poésie réjouissantes. Sa musique voletant de la pop orchestrale à la bossa-nova en passant par le jazz ou la musique orientale réussit  à vous coller un large sourire sans éviter les sujets plus délicats ou douloureux. Cette élégance sensible devrait faire des merveilles sur scène. Laissez-vous donc emporter dans ce délicat tourbillon.

On retrouvera également ce soir là, la pop folk sensible de  Kat White. Cette rennaise ayant quitté l’Angleterre à ses 15 ans est une voyageuse qui ne souhaite pas visiter, mais chanter les lieux. Des lieux perdus, retrouvés. Lieux souffrants et soignés. Puisant dans ses expériences jazz, hip-hop, RnB ou brit-rock, au sein de Namas, The Erikson Project, Go Slowly, The Diggers ou Sarah Kay Trio, Kat White crée une poésie unique emplie de sensibilité et d’émerveillement. Venez découvrir l’univers à fleur de peau de ses chansons qu’on retrouvera sur son premier album Ghosts à sortir en juin prochain.

Le projet Virginie Clénet / Frontières nous promet également une belle dose de frissons. Cette danseuse rennaise affirme une écriture intime, féminine, singulière, marquée par la poésie des mots et de l’imaginaire qui évoque ce rapport sensible au monde. Virginie décrit des liens, des chemins entre l’infime et l’infiniment grand, là où les “frontières” se troublent, entre soi et l’autre, entre l’intérieur de l’être et l’extérieur. Son expérience du mouvement l’amène à mettre le corps au centre de son propos, le corps organique, le corps matière, le corps sensible, profondément relié au monde du vivant.

Virginie Clenet / Frontières, Kat White et Voyou joueront vendredi 17 mai 2024
dans la salle de la Cité, 10 rue Saint Louis, Rennes
ouverture des portes à 20h
Prévente : 18€ / carte Sortir : 9€ / 20€ sur place

Samedi 18 mai : Un adieu, une expérience et une torgnole

La seconde soirée du samedi 18 à la salle de la Cité est aussi prometteuse que celle de la veille. Si vous êtes des lecteurs assidus d’Alter1fo, vous avez forcément entendu parler de Mermonte. Nous les suivons de très près depuis leur tout premier concert au Jardin Moderne en avril 2012, avec un excellent premier album qu’on continue de chérir sur nos platines avec toujours autant de ferveur. Leur musique en équilibre aérien entre complexité rythmique et limpidité pop nous avait ensorcelé d’un charme dont nous ne nous sommes toujours pas désenvouté. Deux ans plus tard, c’est l’époustouflant Audiorama qui nous avait bluffés : la palette instrumentale s’était élargie, la bande de Ghislain Fracapane n’hésitant pas à faire des détours vers d’autres styles musicaux. Bluffés parce qu’ils avaient réussi, là où de nombreux groupes s’étaient cassé les dents : un second album à la hauteur du premier, et peut-être même au-delà. Leur troisième album, Mouvement sorti en 2018, nous avait tout autant conquis avec ses multiples collaborations d’une classe folle (Laetitia Sadier de StereolabDominique A,  Stuart Smith et Devin Yunei). Après une longue attente, nous avions tout autant aimé Variations, leur quatrième long format de 2022. Avec sa pop orchestrale vaste et fascinante, mystérieuse et immédiatement familière, le disque confirmait, encore une fois, la singularité et l’élégance de cette belle équipe.
Douze années après ses débuts, l’aventure se conclut finalement cette année avec la création MERMONTE ORCHESTRA qui réunit les membres actuel.les avec d’ancien.nes acolytes. À l’époque du premier disque, nous avions fanfaronné en déclarant « Le meilleur groupe de pop du monde est rennais et il s’appelle Mermonte ». Il y aura donc forcément un peu de tristesse à dire au revoir à un groupe pour lequel les années n’ont aucunement entamé notre enthousiasme et notre adoration mais on sait aussi que la bande saura nous dire au revoir de la plus belle et chaleureuse des façons. Il est des concerts qu’on redoute et qu’on piaffe d’impatience à la fois.

On restera dans l’émotion avec la compositrice et violoniste canadienne Jessica Moss. On connait cette talentueuse musicienne pour sa participation dans The Silber Mt. Zion Memorial Orchestra ou son bout de chemin avec le regretté Vic Chessnutt. Elle est également une des membres fondatrices du Black Ox Orchestra qui revisite avec une époustouflante acuité la musique Klezmer. Elle a de plus collaboré avec une liste de groupes d’une classe folle : Godspeed You! Black Emperor, Frankie Sparo, Broken Social Scene, Arcade Fire, BIG|BRAVE, Zu, Oiseaux-Tempête, Matana Roberts… Avec son violon, sa voix et quelques pédales d’effets, Jessica Moss tisse avec une délicatesse et une expressivité rare une musique sans âge puisant autant dans les styles les plus expérimentaux (électro, drone) que dans diverses musiques traditionnelles Klezmer, balkaniques ou du Moyen-Orient. Préparez-vous à vivre une expérience musicale unique et intimement immersive. Soucieuse du bien être de son public, la dame invite les personnes présentes à se mettre à l’aise et à s’installer librement sans hésiter à se déplacer ou s’allonger sur un tapis.

L’effet de contraste avec The Flying Bones devrait nous coller une bonne claque sur la nuque. Seconde création de cette édition le set de ce duo rock/garage aux influences éclectiques naviguera entre le rock psychédélique fuzz de Thee oh Sees, le vacarme organisé du math rock de Pneu et du zouk/rock de Francky Goes To Pointe-à-Pitre. Malgré un dispositif scénique épuré (une batterie, une guitare, quelques effets et leur deux voix) ce mélange détonnant nous promet un concert ample en énergie et généreux en déflagrations rock’n’roll. Pensez à un petit échauffement préalable, ça risque de bien secouer.

Les plus endurant.e.s pourront conclure cette édition au Doujezu en faisant bouger leur corps sur les sélections méchamment rock entre Fugazi et Sleaford Mods de Madame La Magnifique & Robert (comparses aux talents multiples d’Olivier Mellano ou Laetitia Sheriff).


Jessica Moss, Mermonte (snif !) et The Flying Bones joueront samedi 18 mai 2024
dans la salle de la Cité, 10 rue Saint Louis, Rennes
ouverture des portes à 20h
Prévente : 18€ / carte Sortir : 9€ / 20€ sur place

Les Embellies 2024
auront lieu du 16 au 18 mai 2024

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