[chronique] Mermonte : Mouvement

Les Rennais de Mermonte ont sorti leur troisième album Mouvement le 19 octobre 2018 chez Room Records et c’est une des plus belles choses qui pouvait arriver à votre automne.

On ne va y aller par quatre chemins, la belle bande de Ghislain Frapacane fait tout simplement partie de nos formations rennaises favorites. Nous les suivons depuis leur premier concert au Jardin Moderne en 2012. Nous les avons depuis revus maintes fois sur scène avec un bonheur intact et interviewé à pas moins de quatre reprises (pour en savoir plus sur le groupe retrouvez nos rencontres 1, 2, 3 et 4). Leurs deux premiers albums : l’inaugural sans titre de 2012 chez les Disques Normal et Audiorama en 2014, chez Clapping Music, font partie de nos disques fétiches. Des albums qu’on a intégrés à nos petites vies et qui nous y accompagnent comme de bons copains avec qui on passe régulièrement un peu de notre temps.

A l’époque du premier disque, nous avions fanfaronné en déclarant « Le meilleur groupe de pop du monde est rennais et il s’appelle Mermonte ». Ce n’est pas leur troisième album sorti en octobre 2018, cette fois chez Room Records, qui va nous inciter à la modération.

Ce troisième opus est en effet de nouveau une pure merveille. La métaphore marine induite par leur patronyme n’a jamais aussi bien fonctionné qu’avec ce disque. Comme l’océan, leur pop orchestrale reste vaste et fascinante, à la fois mystérieuse et immédiatement familière. On retrouve aussi dans les compositions de Ghislain Frapacane et de ses complices le plaisir de se laisser emporter par un ensemble euphorisant puis d’en scruter, avec des surprises constamment renouvelées, les détails et les subtilités. Il y a aussi chez ce groupe quelque chose d’à la fois plus grand que nous et pourtant profondément humain. Quelque chose de précieux donc.

Ça, c’était déjà vrai sur leurs précédentes galettes mais ce qui rend pourtant ce disque réellement impressionnant, c’est la façon, douce et subtile, dont Mermonte renouvelle l’exploit haut la main tout en se réinventant. Le disque commence de prime abord en terrain familier. Compositions limpides et d’une richesse sonore et rythmique toujours remarquables, arrangements vocaux somptueux, atmosphères en équilibre fragile entre pétillance et mélancolie, tout ce qu’on aime est bien présent. Ce n’est qu’ au bout de plusieurs écoutes qu’on y dénichera des petites variantes d’instrumentations ou de sonorités par rapport aux opus précédents.

La petite ritournelle synthétique Keenan sert de transition vers la partie la plus évidente de l’évolution du groupe. Pour la première fois en effet, il y a des chansons chez Mermonte, avec des voix en avant et des structures (presque) couplet/refrain. On y retrouve la voix toujours aussi troublante de Laetitia Sadier (de Stereolab), notre cher Dominique A très en forme pour clamer Les Forces de l’Ailleurs ou encore Stuart Smith (This Town Need Guns) et Devin Yuneil (Delta Sleep). Nous n’allons pas trop vous en dire sur ces morceaux pour vous faire partager le plaisir que nous y avons pris à être doucement secoués dans nos repères. Sachez seulement que nous avons de plus eu le bonheur supplémentaire de revoir émerger Mermonte (et en force) en réécoutant en boucle ces titres.

Le dernier tiers du disque est une sorte de somptueuse synthèse de ces deux premières parties et enchaine avec une fluidité assez épatante jubilation rythmique, ballade sublime et scintillant labyrinthe plein de chausses trappes savoureux avant de conclure de la plus PaulMcCartneysienne des façons.

C’est encore un peu tôt pour dire que Mermonte a sorti là son meilleur album mais ce qui est certain, c’est qu’on tient un des grands disques de l’année.

Plus d’1fos sur :
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le bandcamp de l’album

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