Récemment, nous sommes tombés par hasard sur le site web « Breton.ne.s et féministes ». Quoique, non ! Le hasard n’existe pas sur internet. Seuls règnent des algorithmes, voleurs de données personnelles, capables de suggérer des contenus selon nos centres d’intérêt. Alors même si cela tombe à côté 4 fois sur 5, cette fois-ci, ils ont frappé dans le mille ! En effet, nous avons été enchantés de pouvoir découvrir une multitude d’entretiens autour des féminismes en Bretagne, tous menés par la journaliste Aurélie Fontaine.
►► ALTER1FO : Bonjour Aurélie, peux-tu nous expliquer ce qu’est « Breton.ne.s et féministes » ?
Aurélie Fontaine : C’est un podcast qui s’adresse à tout le monde, qui explore les féminismes en se concentrant sur un territoire, celui de la Bretagne où il se passe beaucoup de choses intéressantes. Mon objectif est de maintenir une régularité en publiant deux interviews ou reportages chaque mois. J’effectue également des captations sonores de rencontres féministes, et de cercles de lectures féministes qui se tiennent à la librairie Les Déferlantes à Morlaix.
►► Pourquoi te focalises-tu sur la région Bretagne ?
Les podcasts sont souvent nationaux, ou parisiens. Je voulais personnellement faire entendre d’autres voix, rendre visible d’autres initiatives plus locales. J’ai pu par exemple rencontrer une association d’autodéfense féministe basée à Rostrenen, ou bien les colleuses féministes de Brest, ou encore le collectif La Bulle à Rennes qui accueille les enfants quand leurs parents participent à des manifestations, à des réunions ou tout autre évènement militant…
►► Quelle est la genèse de cette aventure ?
Après plus de 10 années à travailler comme correspondante pour des médias français et francophones à l’étranger, j’ai pris la décision de revenir en France, dans le Finistère. J’ai ensuite repris et terminé des études interuniversitaires « Études du Genre » à Rennes 2 en septembre 2020. Je cherchais alors le moyen de concilier mon intérêt pour les féminismes, les questions liées au genre, et mon envie de découvrir la région autrement. Car même si je suis bretonne, je ne la connaissais finalement pas si bien que cela. Étant passionnée par la radio, c’est mon média préféré, le podcast s’est imposé comme étant la meilleure solution pour combiner toutes mes aspirations.
►► Comment choisis-tu les sujets abordés, et quel est le délai habituel pour la publication d’un épisode ?
Mes sujets parlent de tout : parentalité, lutte intersectionnelle, sexualité… Je veux rester généraliste dans l’exploration des féminismes.
Ensuite, je fais de la veille journalistique pour trouver des angles différents, mais c’est avant tout une histoire de « rencontres ». Les personnes vont au cours de leur interview me parler d’autres personnes en lien avec le féminisme. Je constate qu’il existe un vrai réseau de connaissances en Bretagne. Cela me donne alors de nouvelles idées de sujets.
Concrètement, chaque entretien dure entre trente et quarante minutes. À l’aide d’un logiciel de montage radio, je prépare le podcast de manière à ce qu’il ne dépasse pas les 20-25 minutes. Une fois mis en ligne, je le promeus sur les réseaux sociaux. Dans l’ensemble, chaque épisode me demande environ 6 heures de travail.
►► Presque une journée de travail, et de manière bénévole ?
Oui, exactement. C’est ma manière personnelle de m’engager !
►► Le podcast parle des féminismes. T’interdis-tu de donner la parole aux hommes qui encore aujourd’hui sont surreprésentés dans l’espace médiatique ?
Non, je ne m’interdis rien. Je peux interviewer des hommes alliés à la cause. Dernièrement, j’ai évoqué la contraception masculine avec Thomas Bouloù, par exemple. Le podcast n’est pas un espace de non-mixité. Forcément, je donne en très grande majorité la parole aux femmes, car celles-ci sont trop souvent invisibilisées.
►► Peux-tu nous citer une ou deux rencontres marquantes ?
Il est toujours difficile de faire un choix, mais s’il le faut, je dirai la rencontre avec Bleuenn, une lycéenne de 17 ans. Notre discussion évoquait le mouvement #lundi14septembre qui dénonçait le sexisme dans les établissements scolaires, et la sexualisation des corps des jeunes filles. J’ai été touchée par les propos de Bleuenn, par sa maturité, et ses réflexions sur les questions autour du féminisme, de l’identité et de transidentité. Moi, à son âge, j’étais à mille lieues d’avoir ce genre de questionnement.
Une autre rencontre qui m’a également marquée est celle avec Lou Millour, une militante féministe et co-organisatrice du festival Very Bad Mother. Lou Millour est une personne hyper énergique, qui a mille idées à la minute. Elle a réussi à créer à travers de nombreux rendez-vous féministes bretons des espaces empreints de bienveillance, propices aux rencontres où chaque échange se révèle être une source précieuse d’enseignements.
►► As-tu des retours de temps en temps de personnes qui écoutent tes podcasts ?
En effet, des personnes m’écrivent pour me dire qu’elles ont apprécié tel ou tel podcast, ou bien pour me donner des informations ou des suggestions. Chaque épisode compte à peu près le même nombre d’écoutes. J’ai une communauté qui me suit régulièrement. Et c’est chouette !
►► Dernière question, l’avenir de « Breton.ne.s et féministes », ce serait quoi ?
C’est une bonne question, mais je n’y ai pas vraiment réfléchi (rires). Certes, cela me prend du temps, mais je suis heureuse de pouvoir créer ces contenus. « Breton.ne.s et féministes » est aussi un bon moyen pour moi de continuer à réfléchir sur les questions de genre, et de rencontrer pleins de personnes intéressantes. Comme je travaille en tant qu’indépendante, je peux m’organiser pour concilier toutes mes autres activités.
►► Merci !
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