Finir ou presque ce calendrier de papier en tissant des liens ténus entre chaque sélection : ici, un phare, là, une île, et encore et toujours des histoires d’être humains en proie aux vicissitudes de leur existence et d’animaux malmenés par leurs maîtres. Rien de bien joyeux mais de quoi faire réfléchir en ces temps incertains.
L’homme qui n’aimait plus les chats est un court roman d’Isabelle Aupy publié en 2019 aux Editions du Panseur. Un court roman dystopique étonnant : des îliens plutôt team chats se voient un jour dépossédés de leurs animaux fétiches, sous prétexte de liberté et d’absence de laisse. La dame de l’administration et ses compères, les agents, leur apportent des chiens. En guise de chats. Ramdam dans le bourg ! certains acceptent ces canidés et les laisses fournies avec ; d’autres s’y refusent catégoriquement ! un chat reste un chat et un chien n’est pas un chat !
S’en suite une courte guerre des mots, qualificatifs de la pensée et de la réalité. Des refus, des acceptations contraintes et forcées, manipulées par les sophismes les plus fourbes :
« – Pourquoi vous changez le nom des bêtes ?
– Pour que chacun comprenne bien de quoi on parle. C’est important la façon de parler, n’est-ce pas ? De nommer les choses. Parfois les noms changent, parce que les anciens ne correspondent plus, ils n’évoquent pas l’idée entière, ou il évoquent de fausses idées, des associations malheureuses.
– Et les chiens, ils véhiculaient quoi comme idée pour qu’on les appelle des chats ? »
Il y a les embruns, l’air iodé, le phare et son gardien inamovible, un groupuscule de rebelles et une fin heureusement vaguement lumineuse. Un court roman à déposer sous le sapin, pour les team chats ou team chiens. Plutôt team chats quand même !
L’homme qui n’aimait plus les chats / de Isabelle AUPY – Les Editions du Panseur (2019) – ISBN : 978-2-490834-17-4
Sur le site de l’éditeur
Ar-Men, l’Enfer des Enfers est une bande dessinée d’Emmanuel Lepage qui glace les sangs. Ar-Men, c’est LE phare que tous les Finistériens un tant soit peu sensibles à leur littoral connaissent. Ar-Men, c’est LE phare avec un grand P. Celui qui cumule les chiffres les plus fous, les histories les plus extravagantes et sordides. Ar-Men, c’est celui qui illumine et sauve des vies au large de la pointe du Raz et de Sein, dans les flots les plus déchaînés de ce bout du monde. Ar-Men, c’est aussi des histoires de mort et d’Ankou marin, sans pitié et sans échappatoire.
Ce phare fut construit sur un cimetière de noyés et de naufrages et c’est son histoire qui est racontée ici par Emmanuel Lepage, avec poésie et lucidité, avec mystère et lucidité. Un récit construit à la fois sur des faits véridiques – le marathon de construction de ce phare perché sur un bout de roche hostile – et sur une légende – celle de la ville d’Ys. Et en filigrane, se tisse l’histoire de l’île de Sein, de ses habitants, connus pour leur opiniâtreté mais aussi leur engagement indéfectible.
Les planches sont superbes, entre noir bleuté et ocre lumineux. Comme ce Titan de lumières érigé au beau milieu de cette sombre Baie des Trépassés. Un bel hommage rendu ici à ces gardiens de la lumière : « Le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre ».
Un bel album à glisser sous le sapin pour apporter iode et embruns dans vos bibliothèques.
Ar-Men, l’enfer des enfers / Par Emmanuel LEPAGE – éditions Futuropolis (2017) – ISBN 978-2-7548-2336-4
Sur le site de l’éditeur
Retrouvez ici tous nos articles : Des bouq’1 sous le sap1 2023
Et nos archives :
la sélection 2022 la sélection 2021 la sélection 2020 la sélection 2019 la sélection 2018