[2023] Des bouqu’1 sous le sap1 #11 : La pillule suivie de Big Girl, Meg Ellison

Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 6ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera de nouveau original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin ou à dévorer de suite. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-ami.e.s, bon pour les bibliothécaires, bon pour nos papetiers-ami.e.s, bon pour nos neurones. Sans prétention aucune, des coups de cœur qu’on a envie de partager, pas forcément des nouveautés, pas forcément des trucs inouïs. Juste des morceaux de papier, souvent imprimés, en format origami, d’une épaisseur à glisser dans les poches ou de gros pavés pour caler le sapin, qui nous ont émus, interpellés, questionnés, emballés ou intrigués… Et qu’on a envie de vous faire (re) découvrir. Ouvrez donc les pages jour après jour…

Aux Etats-Unis, l’autrice Meg Ellison est surtout connue pour sa trilogie The Road to Nowhere, qui comprend The Book of the Unnamed Midwife (2014), The Book of Etta (2017) et The Book of Flora (2019). Cette native de la baie de San Francisco y extrapole le sort réservé aux femmes dans une Amérique frappée par une apocalyptique épidémie. Le premier tome, rédigé comme un journal intime, parle d’une infirmière se battant pour garder un minimum de droits aux femmes. Le second évoque une résistante dans une dictature patriarcale et le dernier a pour héroïne une esclave sexuelle. Le premier volet a remporté le prix Philip-K.-Dick en 2014 et le second a été nommé en 2017 au même prix.

Meg Elison, à la San Francisco pop-up art exhibit Color Factory,

Ces trois romans restent pourtant inédits de ce côté de l’Atlantique mais les éditions Goater ont eu la très bonne idée de traduire et de regrouper dans un recueil quelques nouvelles et essais de l’autrice. Ça s’appelle La pillule suivie de Big Girl et on vous en recommande très chaudement la lecture. On y retrouve La pillule (The Pill) qui a permis à l’autrice de décrocher le prestigieux prix Locus de la nouvelle longue en 2021. En une cinquantaine de pages, elle y décrit les effets de l’invention d’un médicament qui permet à tout le monde d’avoir définitivement un corps « de rêve » au prix d’une expulsion des graisses superflues aussi douloureuse que répugnante et de 10% de chance d’en mourir. Qui est prêt.e.s à prendre ce risque ? Qu’arrivera-t-il à celles et ceux qui refusent de le faire ? Ce récit vif, incisif et cruel ouvre en fanfare la voie pour trois autres nouvelles toutes aussi réussies, quelques essais (dont un très savoureux sur ses multiples lectures D’Autant en emporte le vent) et une interview par Terry Bisson.
Questionnant avec une rare acuité la notion de bien-être, de normes corporelles et la place des femmes dans notre société, ce petit livre qu’on dévore d’une traite est un vrai bonheur de lecture qui vous fera rire et frissonner et dont on ressort, en plus, riche de plein de passionnantes interrogations.

La pilule suivie de Big Girl de Meg Ellison chez Goater Editions
Traduit de l’américain par Ludivine Fournier
Couverture de Claire Malary
paru le 23/09/2022– 157 pages – 15 € –  EAN 9791097465988

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