[10 octobre 2017] – Un soir, une photo… ADA : dessinez à en perdre la boule avec Maintenant

Théâtre du Vieux St Étienne, Rennes

Pour sa soirée d’inauguration ce mardi 10 octobre, le festival Maintenant invitait les spectateurs à se saisir d’une énorme sphère transparente hérissée de crayons pour dessiner sur les murs (ajoutés !) du Théâtre du Vieux St Étienne. Si le succès ne s’est pas démenti un instant pendant la soirée, sachez que l’installation ADA conçue par Karina Smigla-Bobinski reste au Théâtre du Vieux St Étienne pendant toute la durée du festival et qu’il vous reste 5 jours pour l’expérimenter. Imaginez donc une énorme bulle transparente, gonflée à l’hélium, hérissée de 300 bâtons de fusains, qui ne demande que votre concours pour écrire sur les murs. Alors oui, il faut se nettoyer les mains (voire le visage !) après. Et enfiler des sur-chaussures avant. Mais si on en croit les rires qui fusent et les figures noircies, ça vaut le détour.

Installation participative, ADA invite en effet les spectateurs à se saisir de ses fusains et à participer à la création d’un immense dessin collectif (sur des cloisons blanches ajoutées au Vieux Saint Étienne). Ada (dont le nom fait écho à Ada Lovelace, fille de Byron, connue pour avoir réalisé le premier programme informatique dans les années 1840 (!) lors de son travail sur un ancêtre de l’ordinateur – la machine analytique de C.Babbage), installation au look définitivement post-industriel, produit ainsi une suite indéchiffrable et mystérieuse de traits et de points, plus ou moins appuyés.

A son sujet, Karina Smigla-Bobinski parle d’une « créature » post numérique, post-digitale, qui ressemble dans sa forme à un hybride moléculaire (comme ceux des nano bio-technologies) qui a la capacité de produire des œuvres d’art (un peu comme ces ordinateurs qu’on utilise pour créer des poésies) à l’aide d’une « méthode open source » mais tout en restant totalement analogique. « Où se situe exactement l’art ici ? Est-ce le ballon? Est-ce le dessin sur le mur ? Ou les deux » interroge d’ailleurs Karina Smigla-Bobinski en interview. L’artiste réalise donc une œuvre d’art cinétique dont le pouvoir artistique se trouve amplifié, étendu par l’action qu’elle donne aux spectateurs.

Mais dans le même temps, ADA semble également prendre vie sous l’action des spectateurs qui la poussent, la font rebondir, la tirent ou s’en saisissent : « Plus elle devient noire à cause du fusain et du fait d’être manipulée par les visiteurs, plus en quelque sorte, elle devient vivante. Même moi, qui l’ai construite, j’ai parfois l’impression qu’il s’agit d’une chose vivante » confie d’ailleurs Karina Smigla-Bobinski en entretien avec Katherine Wong. (Sachez, cependant, qu’à chaque installation, c’est une nouvelle ADA qui est créée).

Si l’on en croit le succès de ce premier soir à Maintenant, c’est toujours avec le même brio qu’ADA réussit à séduire, fasciner petits, grands, expérimentateurs débridés ou plus timides. Encore une belle manière, pour Maintenant, de mélanger et rassembler ses publics autour d’une installation aussi exigeante que poétique.

Maintenant 2017 a lieu du 10 au 15 octobre 2017.


« Une image vaut mieux que mille mots ». Cette toute nouvelle rubrique à Alter1fo, « 1 jour, 1 photo » n’ira pas à l’encontre de la citation de Confucius puisqu’elle laisse une place importante aux instantanés de vie figés par les appareils photographiques et le regard de nos rédacteurs.

⇒ L’album sur flickr ici :

un jour, une image

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