Route du Rock 2012 – Interview de François Floret, co-programmateur du festival

Une semaine avant la Route du Rock, notre équipe rencontre François Floret, co-programmateur de la Route du Rock. L’occasion pour nous d’évoquer avec lui la programmation musicale de cette collection été qui nous fait d’ores et déjà frémir d’impatience. Mais également de parler de l’accueil du public, véritable préoccupation du bonhomme et de ces fameux travaux d’aménagement du Fort St Père que tout le monde attend depuis si longtemps (l’équipe de la Route du Rock en premier lieu !). Rencontre.

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Ecouter l’interview :

Alter1fo : Comment ça se sent, un organisateur de festival à une semaine de la date fatidique?

François Floret : Au bout de quelques années, on ne va pas faire le blasé, mais on a des rythmes de travail qui sont quand même bien en place depuis des années. Donc tout va bien, on est plutôt zen. Tout est calé. Notre directeur technique est déjà sur place. Le festival commence à se monter depuis hier, techniquement parlant. Après, pour tout le reste, on a un rythme de travail, que ce soit sur la com, etc… On a un calendrier qu’on respecte comme tous les ans.

Évidemment il y a deux choses qu’on surveille de près, c’est les ventes et la météo ! La météo, ça fait longtemps que je ne regarde plus une semaine avant, ça ne sert à rien ! (rires) Par contre, les ventes, c’est sûr, je regarde de plus près forcément. C’est important, c’est le nerf de la guerre… Et pour le moment, c’est assez préoccupant parce qu’elles sont faibles. On a beau me dire : « c’est un peu partout pareil cette année, il y a beaucoup de festivals qui ont subi des baisses de fréquentation, mais que au final sur la fin il y a toujours des ventes »…

2012-08-RDR2012-F_Floret-alter1fo-003On espère tous que ça va se décider au dernier moment…

Oui, parce que pour le moment ce n’est pas bon. On ne va pas faire de langue de bois, ce n’est pas bon.

Bon ben, allez-y, prenez vos places !

Oui venez ! (rires)

Quand on t’entend parler ou que l’on lit des interviews de toi, ce qui revient en permanence, c’est la qualité d’accueil du public : tu as vraiment le souci de rendre les choses les plus confortables possibles dans un site qui n est pas toujours évident de ce point de vue là. Est ce qu’il y a des nouveautés sur le site cette année ?

Oui. Alors ce n’est pas révolutionnaire parce que j’aurais aimé aller beaucoup plus loin… C’est vrai que je dois souvent parler de ces travaux dans les interviews…

C’est le marronnier de la Route du Rock.

Oui. Moi, j’attends ça – je n’ai pas peur de le dire – depuis une quinzaine d’années ! Quasiment le jour où on a mis le pied dans le Fort en 1994, on a vu tout ce qui n’allait pas et tout ce qu’il fallait changer.

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Évidemment, on ne peut pas demander en arrivant, comme ça du jour au lendemain, que les choses évoluent aussi vite. Mais maintenant qu’on est là depuis tant d’années, je trouve ça juste surréaliste qu’on ne puisse pas y arriver ! C’est vrai que ce qui m’agace c’est que, de l’extérieur, les gens peuvent penser qu’on n’en a rien à foutre, que voilà on fait un festival de trois jours, les gens viennent, on les accueille dans ces conditions que je trouve déplorable par moments, et qu’en gros, on ne les respecte pas…

Alors que s’ils savaient le boulot, le temps que je passe à pleurer chez tous les élus de toutes les strates, que ce soit au Ministère de la Culture, à la Région, au Département, mais surtout auprès de ceux qui sont le plus concernés évidemment, en local ! Bon, ça ne changerait rien sur leurs conditions d’accueil, mais au moins ils sauraient qu’on ne les oublie pas, et qu’on fait tout pour.

Alors concrètement, par rapport à ce dossier Travaux, on a des informations. On sait qu’on a un budget qui a été voté par la structure Saint-Malo Agglomération, qui est la structure intercommunale de la région malouine. Un budget de 500 000 euros qui a été voté il y a à peu près deux ans, pour faire des travaux dans le Fort, mais fléchés «Route du Rock » . Pas seulement pour le Fort de Saint-Père : c’est pour la Route du Rock, car ils veulent soutenir la Route du Rock. Évidemment, ces travaux serviraient à d’autres, c’est évident. Mais c’est d’abord pour nous, parce qu’on l’a exprimé depuis tant d’années, et surtout nou,s on a précisé, on a fait des réunions pour dire « voilà ce qu’il faut faire », on est parmi ceux qui connaissent le mieux le Fort, donc c’est cohérent.

Donc moi ce que j’ai demandé il y a deux ans, c’est de tout de suite faire un drainage du sol.

Voilà !!

Ça paraît à peu près évident pour ceux qui ont déjà pataugé chez nous… (rires)

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Dans le Fort de Saint-Père, c’est un sol qui est très rocailleux. Donc forcément, ça n’absorbe pas. Éventuellement, ça glisse, et ça fait des lacs. Voilà l’explication rapide pour ceux qui ont pataugé… Du coup, il faut casser la caillasse, il faut drainer, faire des regards pour l’évacuation, etc. C’est un gros truc sans être très gros, c’est quelque chose que les collectivités ont l’habitude de faire, n’importe où et rapidement.

Après, l’histoire c’est un problème de décision politique. Il y a deux structures qui sont déterminantes : Saint-Malo Agglomération et la mairie de Saint-Père. Donc, comme des fois c’est un peu compliqué entre eux, il faut le dire… Il y a une troisième structure aussi, c’est le Conseil Général d’Ille et Vilaine qui finance aussi partiellement. Donc ce sont trois entités qui des fois ne parlent pas forcément la même langue, et évidemment ça complique les choses. Moi au milieu de tout ça, je ne fais pas de politique du tout… Si ce n’est une politique artistique, culturelle. Comme on a envie que tout se passe au mieux, j’essaie d’intervenir à mon petit niveau auprès de chacun, puisqu’on est plutôt bien vus de toutes les strates. Mais c’est compliqué, surtout quand je n’ai pas forcément toujours les infos, je ne sais pas ce qui s’est dit… Donc concrètement normalement, en 2013, il y aura ce fameux drainage, j’ai des quasi garanties…

On suivra ça de près !

route du rock 2010 - alter1foL’accueil du public devrait quand même être amélioré en 2013… Le budget, il n’y a pas de problème : avec 500 000 euros, on peut faire des choses. On va dire 400 000, car on déjà utilisé 100 000 euros pour acheter 6 kilomètres de barrières, qui ont été acheté pour la Route du Rock. Ces barrières servent à d’autres aussi des fois, mais nous permettent d’éviter de les louer. C’est une économie de 15 000 euros tous les ans ! Parce qu’on doit les faire venir de loin et c’est surtout le transport qui coûte cher.

Il reste donc 400 000 euros, il y a largement de quoi faire un drainage, une analyse des sols bien sûr avant, et puis des enfouissements de câbles électriques, de plomberie etc. Et j’espère que pour 2013, on pourra faire de l’enfouissement de câbles, parce que le drainage c’est la priorité pour l’accueil public, mais ça ne va pas forcément baisser les coûts de production du festival. Par contre, si tu commences à enfouir les choses, ça fait moins de groupes électrogènes, moins de location de sanitaires, et là ça nous permet d’être plus à l’aise financièrement, donc si on peut faire les deux, c’est merveilleux…

Et puis il y a un site à mettre en valeur, il y a vraiment quelque chose à faire avec ce site là…

Cette année, on a prévu de ne pas utiliser les endroits dans le site qui sont susceptibles d’être noyés si jamais il pleut, donc on a condamné par exemple tout l’endroit où il y a le merchandising habituellement, cette zone là on ne l’exploite pas. Le merchandising sera dans une nouvelle zone. La nouveauté, c’est justement ça cette année.

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Pour le confort du public, on va remonter la billetterie et le stand d’accréditation à côté du camping. Le camping va devenir un lieu central pour l’accueil général du festival. Pour l’accueil du camping bien sûr, pour l’accueil Festihuts. En gros : les gens garent leur voiture et ils arrivent au camping directement et là il y a tout : accréditations, billetterie, pose bracelets, et après il n’y a plus qu’à descendre sur le site. Donc du coup, à l’endroit où il y avait habituellement les accréditations et la billetterie, il va y avoir la « fouille », la palpation sécurité, et à partir cet endroit on entre dans le site officiel. En fait on a agrandi le site, et on a permis aux gens d’arriver sur le camping et d’éviter d’aller chercher leur billets à la billetterie et de faire un kilomètre à pied avec leur sac à dos et de revenir. C’est un peu plus confortable.

Du coup, l’endroit où on avait, après la palpation, un grand stand de restauration, on va agrandir tout ça et centraliser beaucoup de choses : le merchandising, les fanzines, un bar qu’il n’y avait pas avant, de la restauration bien sûr, un stand de prévention et de prévention aussi pour les oreilles, la sécurité routière, les informations navettes…

Ça fera un endroit un peu calme…

2012-08-RDR2012-F_Floret-alter1fo-007Voilà, on va vraiment faire une zone qu’on va appeler « la place des Remparts » (car il faut bien trouver un nom pour localiser les gens), et on va tout centraliser là, et retirer là où ça peut être mouillé…

Et c’est sans oublier les navettes ! On reconduit le même système que l’année dernière qui était plutôt performant, parce qu’on avait mis plus d’argent.

Oui, ça avait mieux marché, il y avait eu des soucis il y a deux ans…

Oui, ça fait des années que c’était un peu l’arlésienne et que c’était la cata. Du coup, l’année dernière j’ai mis le paquet ! J’avais fait quasiment une promesse lors d’interviews justement en 2010. J’avais dit : « je vous promets qu’en 2011 on va améliorer tout ça » . Ça rentre tout doucement dans les mœurs.

J’ai l’impression qu’il y a encore des gens qui ne prennent pas la navette en pensant que ça va être l’horreur, mais il faut leur dire que justement on a amélioré tout ça. C’est de 10h à 5h du matin non-stop.

Il y aura une navette aussi pour aller à l’Escalier… C’est un confort, un service, mais aussi on alcoolise les gens donc c’est logique d’assumer et de gérer ça. Comme aux Trans. Moi je suis content que les gens s’amusent, et à la limite s’ils ont envie d’abuser un petit peu, chacun fait comme il veut. Mais moi après je suis responsable, donc je n’ai pas envie qu’il y ait de crash sur la 4 voies, je n’ai pas envie d’avoir de malheur, donc j’assume et on met plus d’argent sur les navettes pour que les gens ne prennent pas leur voiture. Ça me paraît logique, comme aux Trans.

Maintenant on va parler musique !

On retrouve avec toujours le même plaisir la formule qui fait ce qu’on aime nous dans la programmation de la Route du Rock : il y un mélange de découvertes, un mélange d’indies têtes d’affiches, des groupes un petit peu plus connus, des habitués, et un petit peu de nostalgie, avec des groupes qui parlent aux trentenaires-quarantenaires.

Du côté des découvertes, de quel groupe tu attends le plus cette année ?

Il y en a plusieurs, il y a un groupe pour lequel on a fait beaucoup d’efforts c’est Soft Moon…

Oui, nous on attend beaucoup aussi de ce concert-là.

On a vraiment craqué depuis deux ans sur ce qu’on a écouté d’eux, une espèce de Suicide revisité, très sombre, très puissant, très ténébreux…

Avec une énergie vraiment terrible !

Moi, c’est un groupe que j’attends beaucoup, on a vraiment fait beaucoup d’efforts…

Oui, on a cru comprendre…

On a vraiment mis beaucoup de sous, payé des avions, etc. Souvent, ça peut être le cas dans le deal, mais là, vraiment on a payé la totale, donc j’espère qu’ils vont assurer ! (rires)

Il y a Alt-J aussi, c’est vraiment un autre style, une espèce de beta-band revisité…

alt-j_an-awesome-waveL’album a été tellement bien accueilli que ça deviendrait presque une tête d’affiche !

Je suis convaincu qu’il y a certaines personnes qui vont nous reprocher de les faire jouer en premier, en deuxième en l’occurrence.

Vous ne pouviez pas deviner…

Mais nous on a d’abord craqué sur l’album parce qu’on le trouvait merveilleux. Après on raisonne sur la progression dans la soirée, on raisonne surtout en cohérence artistique, et puis en enchainements…

On ne va pas te reprocher la montée en puissance de la soirée, le vendredi c’est parfait !

Surtout que ce n’est pas toujours facile, parce qu’il y a des fois où on veut vraiment une montée naturelle, et pour des raisons de planning ou même, pour certains groupes, des histoires d’égos… Ils veulent jouer à tel endroit et pas à d’autres, enfin voilà… Hanni El Khatib, apparemment, n’était pas super content d’apprendre qu’il jouait en dernier. Alors que nous au contraire, on voulait un truc punchy qui change, parce que ce n’est pas de l’électro, c’est marrant de faire un truc bien rock pour finir.

Le problème c’est qu’il y a des agents français qui oublient de leur préciser ça, donc ils apprennent ça une semaine ou deux avant le festival, et du coup ils font ch***, y a pas d’autres mots ! (rires) Alors que ça fait des mois que c’est dealé !

Alt-J, ça nous paraissait super cohérent de commencer sur quelque chose de frais, d’assez surprenant. Ils seront deux pour débuter, puisque c’est Yeti Lane qui va commencer sur la scène de la Tour, vers 19h15. Cette scène de la Tour a été revue à la hausse.

On l’avait vraiment appréciée l’année dernière. Dan Deacon, c’était un peu chargé mais c’était terrible ! Donc il y a des nouveautés sur cette scène cette année ?

On va légèrement l’améliorer, on va la monter un peu parce qu’elle était un peu basse, donc elle sera un peu plus élevée. Elle sera un peu plus haute de mémoire, et surtout on va passer de un à deux groupes par soir. La priorité, c’est l’artistique, et le respect du public et des groupes.

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Souvent quand on ouvre c’est clairsemé, c’est 500 personnes maxi, alors les mettre devant la grande scène et devant un groupe, c’est un peu cheap. On s’est dit, quitte à avoir 200 ou 300 festivaliers, autant qu’ils soient massés devant une petite scène, c’est plus respectueux pour le groupe et pour le public. Le concert a plus de « gueule ». Donc le deuxième groupe de la soirée sera le premier sur la grande scène. Il y aura peut être un peu plus de monde…

Et puis ça rythme différemment les soirées, on trouvait ça intéressant l’espèce d’accélération sur l’avant-avant dernier groupe, ça permettait de gérer le coup de mou de deux-trois heures du matin, c’était bien.

C’est ça aussi. On essaie de tout habiller de l’ADN Route du Rock, de A à Z de l’ouverture à la fermeture. On a envie de tout contrôler. Il faut savoir, j’avais dû vous le dire, les Magnetic Friends, eux aussi ce n’est pas innocent ce qu’ils mixent. Ils ont écouté avant la prog de la Route du Rock, et ils vont s’en inspirer pour faire les meilleurs enchainements possibles. C’est un habillage total de la soirée. Le petit plus depuis l’année dernière, c’est de mettre du live plutôt que les Magnetic Friends sur un moment. Cette année c’est sur deux, donc c’est encore mieux. Donc c’est huit groupes au lieu de 7 : ça permet d’en rajouter sans que ce soit forcément trop coûteux ou techniquement difficile. C’est un plus, et ça un plus l’année dernière.

Et puis vous avez soigné vos groupes, Civil Civic, ça risque d’être assez terrible, et Colin Stetson nous on l’a vu aux Trans, et on ne s’en est toujours pas remis !

Même si ce n’était pas forcément les meilleures conditions… Ca fait deux ans qu’on veut le faire, on l’avait vu au Pitchfork parce qu’il jouait avec Bon Iver. Alban (NDLR : co-programmateur de la Route du Rock) avait discuté avec lui pour lui dire qu’on cherchait à ce qu’il vienne chez nous. Il n’était pas sûr pour cet été, forcément il ne connaissait pas son planning… Mais on est bien content parce que ce n’est pas forcément quelque chose que les gens attendent, mais c’est impressionnant…

2012-08-RDR2012-F_Floret-alter1fo-004On conseille vraiment aux gens de découvrir !

Au clair de lune, si il fait beau, ça peut être incroyable… (rires)

Parmi les groupes les plus attendus, on retrouve Spiritualized, The XX ou The Walkmen. Est-ce que c’est toujours aussi compliqué de faire venir des plus gros groupes ?

Ca dépend si tu considères que ceux là c’est des gros ? (rires) Ceux là ne sont pas gros, à part The XX, qui devrait ou va devenir gros. On a acheté le concert alors qu’ils devaient sortir un album en juin. On a donc été déçu de voir la sortie repoussée en septembre parce qu’on aurait bien aimé profiter de la promo. Ils ont fait une sacrée sensation en 2010 et on espérait qu’ils seraient très fédérateurs. A priori, ce n’est pas le cas, alors que les 1 600 places de leur date parisienne en septembre au Cirque d’Hiver ont été vendues dans la journée.

Le samedi est plus fort que les autres soirs mais de pas grand chose. On aurait aimé que XX soit le phare de la Route du Rock de cette année. Peut être que les gens préfèrent voir ce groupe dans une salle assise ? Pourtant, c’est 50 euros la place à Paris pour juste eux et nous on est à 35 € pour voir huit groupes. C’est étonnant, on n’a pas d’effet XX. C’est vraiment le seul groupe cette année qui peut être considéré comme une vraie tête d’affiche.

Après, au sein de notre famille musicale, Spiritualized, c’est un grand nom parce que c’est un groupe qu’on voit très peu. Il était venu la dernière fois à la Route du rock en 98. C’est un super souvenir et puis le dernier album est somptueux (Sweet Heart Sweet Light). C’est un de ceux que j’écoute le plus actuellement. Ça va être le bonheur d’avoir cette espèce de chorale psychédélique rock. Sur scène, c’est un grand moment que j’attends aussi beaucoup, forcément.

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Et puis Walkmen, ça fait partie des groupes qu’on essaye d’avoir depuis quelques temps. Et puis bizarrement, que ce soit l’hiver ou l’été, ça ne s’était jamais fait. Du coup, on les a sur un album qui n’est pas forcément le plus tonique. J’aurais préféré les avoir sur le précédent. Mais il vont forcément jouer les tubes comme The Rat. C’est un groupe dont j’adore cette espèce de voix angoissée… Mmm, pas angoissée, urgente.

J’attends aussi Mazzy Star. Elle [la sublime chanteuse Hope Sandoval] était venue l’année dernière sous son nom et elle revient avec son groupe. Ce n’est que du bonheur d’avoir une vraie légende comme ça à la Route du Rock.

Alors justement, entre Squarepusher, Stephen Malkmus et Mazzy Star, quel groupe t’a le plus marqué dans ton propre parcours musical ?

Heu… plutôt Mazzy Star quand même. Historiquement, j’ai plus été bercé par cette voix splendide, cotonneuse. Qui d’ailleurs a été utilisée pour de la pub. C’est assez magique et il y a des orchestrations immédiatement reconnaissables, au niveau de la batterie notamment, qui déploient des ambiances immédiatement prenantes, atmosphériques, ensorcelantes. Et puis encore cette voix qui est sensuelle voire érotique par moments. Ça va être très chouette. Bon, Pavement j’adore aussi…

Fidèle parmi les fidèles, on retrouve à nouveau cette année Dominique A auréolé du succès de son dernier album, mais qui ravira les fans en revenant sur son premier disque au palais. C’est amusant de constater qu’après tous ces passages, il y a encore à chaque fois une certaine stupeur dans le fort à entendre chanter en français ?

Ben oui, on est quand même un festival anglo-saxon, donc on a forcément plus l’habitude d’avoir l’accent cockney ou l’américain incompréhensible.

DominiqueA 001Sera-t-il là avec le quintet à vent comme aux Tombées de la nuit ?

Oui, oui, oui. Il sera là avec la grosse formation comme aux Tombées. Et puis d’avoir le lendemain la Fossette (son premier album) revisitée au Palais du Grand Large dans un auditorium fait pour ça, c’est incroyable. Parce que moi j’ai des images, des vraies images en VHS de son premier concert chez nous en 93. Tout seul avec son Bontempi et avec des cheveux ! (rires) C’est assez étonnant.

Ça, c’est une vraie archive.

Je lui montrerai parce que ça avait été filmé par Ludovic Renoux qui est notre actuel président depuis un an. Il avait filmé ça avec son premier caméscope. C’était un vrai OVNI.

Vous pourriez passer ça en fond de scène pendant le concert.

C’est une idée. Il faudra qu’on lui demande !

Il y a un truc qu’on aime bien sur vos affiches, c’est que typographiquement, les artistes sont tous écrits avec la même grandeur. Bien sûr, sur les trois premières lignes on retrouve les artistes les plus connus et peut être les plus attendus, mais il n’empêche que les découvertes restent aussi importantes. C’est volontaire, vous avez toujours envie de mêler découvertes et projets plus connus ?

Complètement. D’ailleurs, cet hiver on avait notre très bon copain Stéphane Malfettes qui a fait une conférence. Il a été bénévole, en 96 et 97 je crois, et maintenant il est programmateur à l’amphithéâtre du Louvre. Il a fait son chemin. Il a écrit des bouquins. Il a fait son road trip aux Etats-Unis… Pour lui, être sur l’affiche de la Route du Rock, au même niveau que les autres, c’était un beau moment. C’est comme pour Christophe Brault, on considère qu’à leur niveau, ce sont aussi des artistes. C’est une forme de respect de chacun. Après, au niveau marketing, les gens peuvent nous cracher dessus en disant qu’on est débiles parce qu’on ne maximise pas nos grands noms. Sauf que nos grands noms, y en a pas tant que ça… Mais c’est vrai que l’année où il y a eu Massive Attack ou The Cure, c’était pareil.

2012-08-RDR2012-F_Floret-alter1fo-006Vous nous avez fait très peur il y a quelques années avec d’importantes difficultés financières. Où en est le festival au niveau argent ?

On a beaucoup travaillé pour gommer tout ça. On y est presque. Depuis l’année dernière, on est quasiment à l’équilibre donc c’est un beau résultat. On a bien travaillé depuis 2007. Même si on a eu des moments difficiles avant, c’est à partir de cette date qu’on avait atteint un niveau d’endettement qui était assez élevé. 250 000 €, de mémoire. Ça ne paraît pas énorme mais avec un budget d’1,2 million, c’est beaucoup et on était coincé en trésorerie.

On a donc beaucoup travaillé. Il y a eu beaucoup d’efforts de faits de tous les côtés. Les collectivités locales ne nous ont jamais lâchés. Il y a même eu des accords pour nous revaloriser, sans que ce soit des milliards. On a aussi eu un élan assez intéressant de dons du public. Tout le monde s’y est mis. Nos techniciens ont aussi accepté ma proposition de baisser de 10% leur salaire. C’était ça ou supprimer des postes. Ils ont tous été solidaires parce que c’est aussi leur bébé la Route du Rock. On a réussi à redresser la barre avec une belle édition en 2008, l’année de Sigur Ros, on a gommé quasiment la moitié du passif. En 2009, ça a été plus compliqué. On va dire que ça a été une année neutre et en 2010 on a encore gratté.

On est donc pas très loin de l’équilibre général de la structure. Par contre, c’est vrai que la tendance de vente de cette année m’inquiète un peu. J’espère qu’on ne retournera pas dans un mauvais cycle.

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Pour finir, la Route du Rock s’inscrit dans l’air du temps avec un compte Twitter bien actif et déjà suivi par plus de 5 000 personnes. A part des photos de bière à l’heure de l’apéro, qu’est ce qu’on peut y trouver ?

(rires) Ça, c’est pas moi qui gère. C’est Max derrière. C’est un geek absolu qui est en stage chez nous. On l’a embauché pour ça justement parce qu’on pêchait un peu sur les réseaux sociaux. Et là, il est juste énorme la dessus. Il a amené plein d’idées.

C’est ce que j’aime beaucoup dans nos équipes. Tous les ans, j’explique lors des entretiens pour les stages qu’il y a un boulot qui est demandé par secteur, qu’il y a un cahier des charges, mais qu’une fois le travail fait chacun peut amener ses idées. Je dis souvent que la Route du Rock c’est un wikipédia festival et je le pense vraiment. Si on se dit : «J’ai raison et c’est comme ça», on ne va pas très loin. A un moment, moi je vieillis, Alban vieillit, tout le monde vieillit… On a la chance d’avoir des jeunes qui nous suivent et qui sont en stage chez nous et je pense qu’il faut les écouter quand ils ont envie de s’exprimer. Il faut prendre les qualités de chacun pour évoluer. Du coup, ils adorent parce que c’est un stage vachement positif pour eux.

Il y a eu plein d’idées qui ont été développées sur la Route du Rock grâce à des stagiaires. Par exemple, le champagne à la Route du Rock, ça vient d’une stagiaire qui venait de Champagne. Pour les vingt ans du festival, j’avais envie d’un petit plus. J’avais envie de trinquer avec le public. On ne pouvait pas en offrir à tout le monde mais on pouvait essayer d’en vendre à pas trop cher. Du coup, la stagiaire m’avait dit qu’elle connaissait bien un petit producteur dans la région et qu’elle pouvait lui demander de nous faire un prix. On a tout acheté chez lui à 12€ HT la bouteille, pour être précis (rires) et on faisait la coupe à 5€ et en 2010, ça a été le gros carton. Et tout ça c’est parce qu’elle nous a amené ça. Cette année c’est Max qui est imparable sur les réseaux sociaux. C’est super de compter sur le talent de chacun sans rester dans la posture de «Je suis le producteur. Tu es le stagiaire. Va faire le café.» C’est moi qui fais le café des fois.

Merci beaucoup et à dans une semaine alors…

Prise de son et montage son : Caro – Transcript interview : Caro et Mr. B – Interview : Mr B. et Isa

Photos interview : Caro – Photos Route du Rock live : Solène, Caro, Yann, Mr B., Benoît – Photo Dominique A : Marco

Retrouvez tous nos articles sur la Route du Rock ici.

Si vous avez envie d’en savoir plus, quelques liens vers les très intéressantes interviews de Sound of Violence, Pop is on Fire et Slate.

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La Route du Rock aura lieu du 10 au 12 août 2012.

Plus d’infos sur le site de la Route du Rock.

2 commentaires sur “Route du Rock 2012 – Interview de François Floret, co-programmateur du festival

  1. Robert

    Ça a l’air sympa comme interview, mais la mise en page est désastreuse… Entre les images et le texte il faut (parfois) choisir !

  2. Jérôme

    Une équipe de folie ce festival. Si vous ne l’avez jamais fait c’est vraiment l’édition qui s’annonce idéale pour découvrir, alors venez tous oui!!!

    Après oui c’est vrai que Alt-J à 19h le vendredi c’est la tuile pour moi 🙂

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