Le cinéma français n’est jamais en reste pour nous offrir de petites perles cinématographiques qu’il faut prendre le temps d’attraper au vol, et Yves Saint Laurent, le dernier film de Jalil Lespert, sorti récemment sur les écrans, fait partie de celles-là.
Nous sommes à Paris, dans les années 50. Yves Saint Laurent vient de quitter l’Algérie pour rejoindre la France et se retrouve propulsé à la tête de la direction artistique d’une des plus grandes maisons de haute couture de l’époque, celle anciennement dirigée par feu Christian Dior. Jeune homme timide, réservé, il crée une première collection à succès, et rencontre Pierre Bergé, qui deviendra son compagnon jusqu’à la fin de ses jours. Après quelques déboires avec la maison Dior, Yves Saint Laurent fondera sa propre maison de couture avec Bergé, maison au succès qu’on lui connait aujourd’hui. Yves Saint Laurent connaitra les excès de l’alcool, de la drogue, des médicaments et des longues nuits parisiennes, mais laissera une empreinte indélébile dans le monde de la mode pour des créations révolutionnaires, et ce jusqu’à sa mort en 2008.
Deux films sortent cette années pour retracer la vie de ce grand créateur. Le premier que nous avons pu voir est donc celui de Jalil Lespert, sorti dans les salles obscures au début du mois de Janvier 2014. Ce biopic, retraçant la quasi entièreté de la vie de Saint Laurent (de la fin de son adolescence à sa mort), met en scène avec tact Pierre Niney dans le rôle de Yves Saint Laurent, Guillaume Galliene dans le rôle de Pierre Bergé, et Charlotte Le Bon dans le rôle de Victoire Doutreleau, une des célèbres muses du créateur.
Bien que critiqué pour manquer d’audace, ce film n’en reste pas moins délicieux, avec une réalisation qui fait une belle part au Paris des années 60 et 70, ainsi qu’à la belle histoire d’amour interprétée de manière sublime par les deux acteurs principaux. Naviguant avec la grâce digne du couturier entre ces deux mondes, entre l’intimité à la fois tendre et poignante du couple Saint Laurent-Bergé et leur vie publique, entre les pulsions destructrices de l’alcool et de la drogue et les pulsions créatrices du couturier dans ses ateliers, le réalisateur nous offre un biopic exquis, un hommage digne à cette immense figure de la mode qui a révolutionné son art, par un film plein de tendresse, haut en couleurs et en couture, mettant en scène l’homme derrière la légende au travers d’une prestation de Pierre Niney bluffante, dans sa relation passionnelle et déchirante avec celui qui est joué par Guillaume Galliene, et leur relation destructrice avec la muse de Saint Laurent jouée par Charlotte Le Bon.
Un film touchant, poignant, retraçant les belles années d’un créateur qui reste encore aujourd’hui une véritable figure légendaire du milieu de la mode.
Et pour se faire une idée de la personnification réussie de Niney en Saint Laurent, n’hésitez pas à aller jeter un œil à cet interview d’époque :