Retrouvez chaque semaine une délicieuse satire du duo satirique Silie Hebdo.
La France va mal, L’Europe aussi, et Cavanna est mort.
Le pauvre François a eu les honneurs d’un éloge d’un autre François. Lui, Cavanna, le fouteur de merde céleste, encensé par le président de la République en fonction. Quelle honte, il a dû se retourner dans sa tombe.
– Ta gueule Silie, tu nous enquiquines
– Qui a dit ça? Cavanna, c’est toi?
Tu as raison, aujourd’hui, je ne vais pas essayer d’être drôle car tu ne t’en souviens sûrement pas mais nous nous sommes rencontrés.
C’était le 16 janvier 1994, vingt ans, lors de la manifestation géante (un millions de personnes selon moi.
(Les organisateurs et la police, je m’en cogne) contre l’abrogation de la loi Falloux sur le financement de l’école privée. Depuis septembre, j’étais le correspondant de « Charlie Hebdo » dans mon lycée. Le titre était ronflant mais j’avais l’impression d’en être. Etre une partie de l’aventure de la relance d’un hebdomadaire satirique mythique.
Sous l’impulsion de Philippe Val, futur traître sarkoziste, Charlie reparu en 1992 après 12 ans de silence. Tu acceptas de faire partie de cette renaissance. De mon côté, à l’abris de mon lycée malouin, je rentrais en résistance. Contre le proviseur, encarté au RPR, contre mes parents, contre tout mais avec toi François.
Chaque mardi, je recevais dix exemplaires de Charlie que j’achetais 5 francs et que je revendais 10 comme dans les kiosques. Il était rare de tout vendre mais au bout du compte, ça ne me coûtait rien et j’étais un rebelle.
Ce dimanche de 1994, je manifestais avec l’espoir de te croiser. Un stand Charlie Hebdo était prévu sur le parcours de la manif’. Enfin, je te vois Cavanna, immense, Siné est là aussi, Charb, déjà. Tout timide, je vous sers la main et je reste à vos côtés. Pendant cinq minutes, ce dimanche 16 janvier 1994, j’étais à tes côtés François, heureux, bête mais pas méchant. Je n’oublierai jamais.
chanceux vas ! je suis jaloux. Et comme était il en vrai ?