En prémisses au réel démarrage d’Urbaines 2014 le 9 mars prochain, l’Antipode MJC nous conviait pour l’inauguration de cette nouvelle édition ce vendredi 28 février. Au programme : une monumentale fresque de street art réalisée par Mioshe et Benoît Leray, un nouveau War, des expos, un live électro, du freestyle foot et des break dancers.
Urbaines existe déjà depuis quelques éditions et apparaît désormais sans conteste comme l’un des temps forts de la vie culturelle rennaise. Durant une quinzaine de jours, L’Antipode MJC, alliant une nouvelle fois son rôle de diffusion des cultures (et ceci sans l’exclure de son ambition de proximité) et son activité socioculturelle, permet à des artistes issus de différents types de pratiques (musiciens, chanteurs, graphistes, performers, sportifs…) d’investir la scène et l’Antipode au sens large afin de leur donner une plus grande visibilité. Ces « artistes urbains » inventent de nouvelles pratiques, de nouvelles formes artistiques parfois éloignées des codes artistiques établis… ou même des clichés qu’on associe aux cultures urbaines. Urbaines leur offre un espace d’expression et un lieu de rencontre avec les publics. Et vous invite également à participer… Se côtoieront donc, durant ces deux semaines : concerts, nuit clubbing, ateliers de pratiques artistiques à destination des jeunes -ou moins jeunes !- souvent venus de l’accueil loisirs de la MJC, initiations et démonstrations (street soccer, freestyle foot, slackline, Bumper balls, Eaglider, vélo stepper, double dutch, vidéo mapping, graffiti numérique, street golf, marathon photos … et on en passe), installations , danse, conférence, projection, débat. On peut donc le dire, vous aurez l’embarras du choix. On vous en reparle en tout cas très bientôt. Mais auparavant, retour sur cette soirée d’inauguration.
Ce vendredi, les plus courageux se retrouvent au 59 boulevard Voltaire. Il pleut des cordes. Il fait un froid qui vous glace les os et la peau au-dessus. Mais ce n’est rien, finalement, cette petite heure sous l’abri disposé par l’Antipode pour nous épargner des gouttes, comparé aux 15 jours que viennent de passer Mioshe le semeur de chimères aux multiples casquettes et son proche compère Benoit Leray sur place. Invités par l’Antipode MJC pour réaliser une immense fresque murale au 59 boulevard Voltaire, en plein Rennes, les deux artistes ont franchement dû se marrer avec les conditions climatiques.
Devant leur réalisation, un engin de chantier, avec une nacelle qui leur a permis, par tous les temps donc, de couvrir la façade à coups de pinceaux inspirés. Le Toboggan, donc, est une gigantesque fresque murale réalisée entre le 17 et le 28 février (enfin… elle est presque finie, nous avouent les deux joyeux drilles car une multitude de détails -notamment des créatures sur les escaliers- doit être rajoutée dès que le temps le permettra…) qui mêle faune et flore, figures de géants fantastiques, escalier (infernal ?) et chute vertigineuse dans un mélange singulier des univers des deux artistes où chacun se démarque tout en se complétant.
Et c’est d’ailleurs assez impressionnant de voir à quel point les deux garçons parviennent à faire œuvre commune en gardant leurs propres caractères (bien qu’Antoine Martinet -Mioshe- explique en préambule que leurs deux styles graphiques sont en réalité proches au départ). Ils balaient ensuite d’un revers de main les explications dichotomiques religieuses autour de l’opposition paradis/enfer que certains ont pu leur renvoyer, mais laissent finalement à chacun la pleine liberté d’interpréter comme il lui semble ce Toboggan fantastique.
Comme on a la peau et les os bleus, l’équipe de l’Antipode propose à tous, grands, petits et têtes chenues, de quitter les lieux pour continuer ce temps de rencontres et d’échanges autour d’un verre et des autres expositions et manifestations proposées à l’Antipode MJC. C’est à dire au chaud et au sec. Hourra !
Sur la façade de l’Antipode, quelque chose a changé. Des larges lettres peintes en noires, ça vous dit quelque chose ? Aux Rennais, bien évidemment.
L’Antipode MJC a en effet invité War à s’emparer de sa façade pour une nouvelle réalisation. Peinte durant une nuit de la semaine, la nouvelle proposition de War interroge les rapports entre art autorisé et art « clandestin » (?) à la faveur d’un jeu de mot entre texte de loi et art. Vous pouvez lire son explication en cliquant sur l’image. Quant à sa réalisation, on vous laisse aller la découvrir sur place, la pluie et la nuit nous ayant empêché d’en prendre une photographie.
Devant l’entrée de l’Antipode est également peinte au sol une réalisation de l’artiste Ali. Un très grand mandala blanc accueille en effet les visiteurs venus en nombre pour cette soirée d’inauguration.
Continuant d’explorer la figure du mandala, Ali, qui pour ses réalisations, investit le plus souvent l’espace urbain mais s’essaie parfois aussi au land art avec la même réussite, propose cette fois-ci, en plus de ce mandala peint sur le trottoir, un travail sensible des vides et des pleins avec un travail sur la découpe toujours autour de la figure du mandala. Une grande bâche de travaux quasi transformée en dentelle du Puy en Velay orne ainsi l’entrée de l’Antipode.
Ce qu’on a pu en voir est impressionnant d’habileté maîtrisée… Sur le mur opposé, des photographies présentent d’autres de ses travaux, dont cette bluffante réalisation d’un mandala en forêt.
Plus loin, l’œil est attiré par une forêt foisonnante de petites culottes. Parmi les feuillages noirs et blancs se détachent en effet des culottes encadrées.
La proposition décalée de Mathilde Julan reprend en réalité ce que la jeune femme fait depuis quelques temps dans l’espace urbain : coller des culottes de papier dans les rues de Rennes (entre autres). La petite histoire raconte que les petites culottes sont passées des carnets et du flip book, réalisés comme devoirs sur le sujet « traverser un espace » (justement) à la rue. Dessinées sur papier kraft, collées sur les murs et les affiches, les petites culottes en papier de Mathilde Julan, décorées de motifs graphiques, ont cette fois envahi le hall d’accueil de l’Antipode MJC, puisqu’en plus du mur d’accrochage qui leur est dédié, celles-ci s’affichent crânement au détour d’un pilier.
On continue pour notre part notre déambulation au son du live électro du Rennais Douchka (qui sortira d’ailleurs son premier album en avril prochain) et on se dirige derrière l’espace d’accueil pour découvrir de visu le travail d’une autre jeune graphiste.
Charlotte Durand travaille également sur les motifs mais en mêlant des photos de grilles ou autres grillages prises dans la rue, qu’elle mélange par découpage et superposition jusqu’à l’Interaction entre les différentes formes. Cette première œuvre exposée pour Urbaines proposant au final une relecture des formes présentes dans l’espace public, avec un impressionnant travail sur les plans qui s’entremêlent. La vie dans les plis, disait Henri Michaux. La vie (prise) dans les (filets des) grilles, peut-être ici, pour Charlotte Durand. Les photographies sont petites. Discrètes. Perdues, peut-être un peu, sur ce grand mur. Pourtant, on adhère très vite à ce travail autour de la forme et du motif graphique.
Sur le mur opposé, Charlotte Durand propose également une de ses réalisations basée sur des lés de papier peint. Cherchant à révéler les propriétés aussi bien graphiques que plastiques des matériaux qu’elle utilise, la jeune artiste travaille sur la répétition de motifs. Une sorte de tapisserie de briques blanches gaufrées a ainsi été découpée pour réaliser une répétition du même motif de façon très régulière, comme des fleurs immenses émergeant de briques factices. [A noter, durant Urbaines, la jeune femme animera également un atelier Estampes à partir d’impressions de motifs de papier peint lors de la soirée Graph’Lab]
De la même manière, à l’étage, mais dans un cadre plus urbain, YannG propose de découvrir sa série de photographies UrbanMarks, déjà présentée lors de la dernière édition d’Urbaines à Lorient.
Muni pour sa part d’un petit appareil photo Holga, YannG a dirigé son objectif non sur les grilles mais sur le sol, afin d’isoler, par le cadrage, des motifs urbains, résolument graphiques.
Prises au flash afin de « rehausser les contrastes, de rendre le manque de piqué très intéressant et surtout de renforcer le vignettage naturel de cet appareil » la série de photographies UrbanMarks de YannG redonne une certaine poésie aux asphaltes et goudrons urbains en isolant les marques signalétiques pour les transformer en simples expressions graphiques.
A l’étage, on découvre également les mosaïques à la manière d’Invader réalisées par les enfants de l’accueil loisirs de l’Antipode MJC. Suivent alors une démonstration de break dance et une autre de freestyle foot pour le plus grand plaisir des petits et grands. Une nouvelle fois, on le remarque pour cette soirée d’inauguration, l’Antipode a réussi le pari de mélanger les publics puisque que déambulent tout aussi bien habitants du quartier qu’amateurs de street art ou de formes urbaines, enfants de l’espace jeune d’une commune voisine que curieux ou connaisseurs. Souhaitons qu’il en soit une nouvelle fois de même du 9 au 22 mars pour cette nouvelle édition d’Urbaines.
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Plus d’1fos sur Urbaines 2014 : http://www.antipode-mjc.com/urbaines/urbaines-2014/