Quand j’ai appris que Roky Erickson venait à Rennes j’ai eu des frissons dans tout le corps. Roky Erickson, l’âme damnée du 13th Floor Elevators, le rescapé des sixties, l’alter-ego Texan de Syd Barrett des Pink Floyd est invité aux Transmusicales. Aller voir sur scène une vieille gloire a toujours quelque chose d’un peu pathétique sauf si son feu sacré ne l’a jamais quitté. Dans le cas de Roky Erickson, l’affaire est assez complexe. Ce génie a brûlé ses ailes avant l’âge de 22 ans. Le dernier album du 13th Floor Elevators se fera quasiment sans lui car il est interné dans un hôpital psychiatrique pour possession de marijuana. Sa vie post-« 13th Floor Elevators » ressemblera à une belle houle du large alternant les hauts et les bas. Ces jours ci, il semblerait qu’il soit au mieux de sa forme alors c’est une plutôt bonne idée de le voir avant qu’il ne retombe dans le creux de la vague.
La carrière de Roky avait pourtant assez bien commencé. Le garçon est élévé par une mère bigote, ultra possessive mais ayant un certain talent musical. Elle initie assez tôt son fils au piano et à la guitare. A l’adolescence il participe à plusieurs formations musicales et c’est avec « You’re Gonna Miss Me » au sein des Spades qu’il rencontre son premier succès. C’est alors qu’il rencontre Tommy Hall avec qui il monte les 13th Floors Elevators qui devient rapidement le groupe le plus excitant du Texas. Musicalement le 13th Floor Elevators est un mélange de Rock And Roll (Buddy Holly) à la sauce « British Invasion ». D’où une couleur Garage à la Kinks et un goût pour l’expérimentation comme les Yardbirds. Concrètement cela donne une musique assez brute et répétive où le groupe brode des ambiances hypnotiques. Cette atmosphère est soutenue par Tommy Hall qui souffle dans une sorte de Jarre à whisky. Cela donne un bourdonnement qui enveloppe la musique et qui devient la marque de fabrique du groupe. Quand en 1966 le groupe sort son premier album « The Psychedelic Sound Of .. » c’est tout de suite un classique. La musique expérimentale, le titre utilisant pour la première fois le mot « pyschedelic », la pochette superbe avec cet oeil au fin fond d’une pupille dilatée et les textes prônant l’utilisation du LSD sonnent la venue d’une ère nouvelle.
Le groupe s’exporte à Frisco où il rencontre l’embryon de la future scène de la baie. Ils vont jouer avec le Jeferson Airplane (Sans Grace Slick) et le Grateful Dead, piliers du mouvement psychédélique. Ils croisent aussi Janis Joplin une autre Texane qui pense les rejoindre avant de finalement monter le Big Brother and The Holding Company.
Le 13th Floor Elevators est un groupe instable et leur consommation de drogues est effrayante. En plus de l’herbe et du LSD, le groupe et surtout Roky Erickson consomment du speed en grosse quantité. Il s’enfonce dans une bulle dont il ne sortira plus. Le groupe subit aussi d’énormes pressions de la part des autorités car ils representent tout ce que le Texas républicain et puritain déteste. La police multiplie les descentes et ce qui doit arriver, arrive. Roky est coincé avec de l’herbe. Il plaidera la folie pour échapper à la prison. Il est alors diagnostiqué comme Schizophrène. Il va faire de longues années en hopital psychiatrique où il va alterner éléctro-chocs et hautes doses d’anti-psychotiques. Le guitariste Stacy Sutherland arrêté en même temps que lui va purger quelques mois de prison. Il sort presque seul le dernier album du 13th Floor Elevators, « Bull Of The Woods » où plane l’ombre de Roky.
En 1972 à sa sortie de l’hôpital Roky Erickson va mieux. Il a même composé quelques morceaux. En fait son état est assez bon tant qu’il prend ses médicaments. Mais peu à peu il les remplace par du speed avec les conséquences que l’on connait. Quand Roky suit ses traitements il est capable du meilleur, mais dès qu’il arrête il replonge dans ses tourments intérieurs. Sa vie n’est qu’une succession d’obsessions pour les Aliens, Satan et l’occultisme. Par dessus cela se greffe une paranoïa aiguë où il se croit pourchassé par la CIA. Durant ces années d’enfer il enregistre quelques albums qui alternent le meilleur et le pire.
En 2001 son frère cadet obtient contre sa mère la tutelle de Roky. Celui ci recommence à prendre ses médicaments et son état s’améliore nettement. Ses obsessions régressent et il refait de la musique. Il participe régulièrement à des festivals et enfin en début d’année, il sort « True Love Cast Out All Evil » son premier album depuis … 16 ans. C’est l’album de la résurrection. Dans une veine plutôt folk, l’album débute par un « Devotional Number One » enregistré de façon très « Low-fi ». C’est un clin d’oeil à ses pires enregistrements. Le reste de l’album est tout à fait audible. Les chansons tiennent la route et les Okkervil River qui l’accompagnent mettent bien en valeur ses chansons. Cela fait du bien de voir un Roky au mieux de sa forme et navigant enfin (?) sur une mer apaisée.
Alors si vous êtes en manque de sensations fortes et qu’il vous faut ce petit frisson pour égayer une morne existence, Je vous donne rendez-vous Samedi 11 dans le Hall 3 du Parc Expo pour applaudir un homme revenu des enfers et enfin heureux parmi les siens.
Liens :
L’album « True Love Cast Out All Evil » sur Deezer
Le site officiel de Roky Erickson
Le Myspace de Roky Erickson
eh oui !!! roky erickson un monument du psychadelisme sera a rennes demain soir .apres avoir vu les sonics , les standells ,une partie des 13 floor elevators les seeds merci maman d’habiter rennes et d’avoir une equipe de programmateur de gout bravo pour votre article et je voudrait savoir pour info si rocky demain viendra avec les black angels peace
@ lemercier… on aimerait bien le savoir aussi ! 😉
Réponse au Parc Expo ce soir… Très bon concert…
Le concert était exactement comme je l’imaginais. Un peu garage, un peu psyché, un peu foutraque et surtout chaleureux avec un Roky en forme.
vraiment dommage que les black angels ne sont pas venu,mais moi aussi je n’ai pas ete surpris par le concert malgres quelques decalage de gratte mais ce fut quand meme une tres belle soiree je lance un appel a brossard pour faire venir les dmz