Rencontre avec Slim Wild Boar : « Je me considère comme un chanteur mort-né »

C’est la très bonne surprise de cette rentrée. Slim Wild Boar nous revient avec un magnifique LP composé de 6 morceaux à l’atmosphère sombre et envoutante. D’une efficacité redoutable, ni trop long, ni trop court, Kevin se livre seul et sans concession dans une sorte d’urgence créatrice. Grâce à la production subtile et aux arrangements soignés, on retrouve dans « PURE DUST » le charme épuré des mélodies du premier album. Ici, pas de place au superflu, on va à l’essentiel. Du Pure Dust bonheur ! Rencontre avec SWB (encore une me direz-vous, mais quand on aime…) avant son concert au bistrot La Cour, rue Penhoët !

Par un curieux hasard (quoique non, en fait), c’est au Papier Timbré à la veille de sa fermeture administrative que nous retrouvons Kevin, frontman de Slim Wild Boar. Notre dernière entrevue date déjà de 2014 à l’occasion de son album éponyme. Depuis, le garçon n’a pas chômé, c’est le moins que l’on puisse dire. Outre de nouveaux tatouages réalisés dans des conditions à faire hurler le SNAT  « 2 ont été faits dans les chiottes du Mondo alors que j’étais un peu bourré… », ces 4 années ont principalement été consacrées aux voyages, à la découverte de l’Amérique Centrale et du Sud, à traverser l’hexagone et au-delà dans le tour-van avec SWB ou The Decline. Il faut dire que la formation punk-rock a pris une grande place ces derniers temps dans son agenda avec la sortie de Heroes On Empty Streets et la tournée d’adieu qui s’en est suivie et qui s’est achevée il y a quelques jours à l’Antipode.

Croyez-le ou non mais le garçon à la casquette solidement vissée sur la tête a bien failli jeter l’éponge et son micro. Il s’en est fallu de peu pour qu’il enferme définitivement sa guitare aux multiples autocollants anarcho-syndicaliste-antifa à l’intérieur de son flycase.  « Sans tomber dans le cliché de l’artiste maudit, après mes 70 concerts effectués en 5 mois, j’étais lassé. » La fin de The Decline n’a donc rien d’un coup de tête à la Dewaere. « Monter sur scène amène forcément quelque chose de superficiel. J’ai eu peur de devenir la caricature de moi-même. Afin de retrouver une certaine authenticité, j’ai voulu tout stopper pour me tourner vers autre chose… »

Faire de la musique pour la musique, pour dire et exprimer des choses est finalement l’unique raison qui a décidé SWB à continuer. La preuve, le morceau Pure dust qui ouvre l’album est une pépite métaphorique sur la mort lente et inéluctable des centres-villes au profit d’une aseptisation, d’une uniformisation et d’une gentrification. Le ruissellement par le haut, le nivellement par le bas. A Rennes, on ne connaît que trop bien ce phénomène et cet « entre-soi », malheureusement.

Les encouragements bienveillants, l’enthousiasme de celles et ceux qui le côtoient finiront par le convaincre de poursuivre. Mais sans illusion sur une partie d’une scène musicale qui n’a pour objectif que de se faire mousser, Kevin avoue bien volontiers vouloir prolonger un peu le plaisir. « Le public, lui, sait faire la différence avec celles et ceux qui ne trichent pas… »

D’ailleurs, ce n’est pas l’inspiration qui manque puisqu’il écrit continuellement. Et pour cet album au contraire du précédent, c’est seul qu’il composera les morceaux. Comme un duel avec lui-même. « Javais besoin à ce moment là d’avoir le moins d’intermédiaire possible entre moi et ma musique. Je voulais que cela aille vite ! Mon idée à la base était de composer 4 titres uniquement et de les balancer sur internet. Comme ça… un peu à l’arrache. Sans prétention. J’ai donc demandé de l’aide à Antoine  (NDLR : ou ‘Noss‘ pour les intimes, batteur de the Decline) qui a aménagé un petit studio d’enregistrement chez lui. »

Yannick de KizmiaZ Records entend parler du projet et lui propose de le sortir à l’occasion des 10 ans du label. Le hic, c’est que rien n’est prêt mais peu importe. « Jai bien sûr accepté puisque cela coïncidait aussi avec les 10 ans de SWB. Du coup, je me suis mis un gros coup de pied au cul pression pour tout finaliser. Sans cela, je serais toujours en train de jouer dans le garage d’Antoine… » Et cela aurait été dommage pour nous  ! Mais que l’on se rassure, l’album est bel et bien disponible depuis le 29 septembre dernier.  « Cependant, je tenais à m’excuser auprès du label Kerniviou Recordz  de leur avoir fait faux bond. Quand je te parle de gens authentiques, ces personnes-là en font partie. Même si le monde institutionnel ou VIP rennais venait à s’effondrer, eux, ils seront encore là… »

Le chanteur sait s’entourer de personnes partageant des valeurs communes.  « J’essaye de faire de la musique avec beaucoup d’humilité. Mais je reste intransigeant sur les raisons qui me poussent à continuer… »  Simplicité, honnêteté et humilité… tiens, ça nous rappelle des choses. C’est aussi cela qui a permis la collaboration avec Marine de l’atelier SummerCity à Brest. Malgré l’urgence de l’échéance et le manque de temps, elle a su réaliser la superbe pochette de l’album, à l’image de l’atmosphère qui s’en dégage, sobre et épuré. « J’assume de plus en plus la lenteur dans mes morceaux. J’aime jouer sur les ambiances plutôt que de rechercher le côté efficace et tubesque des titres… »  

Le seul regret dans cette chouette aventure serait celui de ne pas avoir pu réaliser de courts-métrages pour illustrer chaque chanson. « Pas pour en faire un support de comm’ ou de montrer ma tronche, hein ! Je n’en ai rien à foutre… » L’idée était de faire vivre de manière iconographique cet album.  Mais ce n’est que partie remise et l’appel aux bonnes volontés est lancé.

On quitte Kevin avec l’impatience de le revoir sur scène. Ce sera à la Cour, le 06 octobre puisque la préfecture a décidé de fermer le PT. En attendant, la meilleure chose à faire reste quand même celle d’écouter les morceaux parce que cet album est peut-être le dernier. Qui sait. « J’aime énormément Last stand qui clôt l’album et qui veut dire baroud d’honneur en anglais. C’est un peu mon ressenti à chaque sortie d’album. Je me considère comme un chanteur mort-né. »


BANDCAMP SWBFACEBOOK SWB

BANDCAMP THE DECLINE

  • 06/10 : La Cour, RENNES (35) + Bad Mood Boy + The Forsaken Shadow
  • 07/10 : @Le O’Regans, LAVAL (53) + Bad Mood Boy
  • 12/10 : Ferme de La Haye, LANGONNET (56) + Bad Mood Boy
  • 13/10 : Le Café de la Plage, BREST (29) + Bad Mood Boy*

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