C’est déjà la 7ème édition pour la session hiver du festival malouin. Comme chaque année, sont au programme : deux belles soirées à l’Omnibus pleines de découvertes, d’affriolants à-côtés et… un désistement de dernière minute.

Pas d’Antipode cette année pour la Route du Rock. On ne va pas se plaindre car c’est le diabolique quatuor sonique de la Colonie de Vacances qui occupera les lieux mercredi 15 février.

À la place, les organisateurs nous invitent à une intrigante proposition au conservatoire de rennes. A Winged Victory For The Sullen est né de l’association entre Adam Wiltzie (membre de Stars Of The Lid) et du pianiste Dustin O’Halloran (responsable de diverses Bandes Originales dont celle du Marie Antoinette de Miss Coppola). Leur premier album vous emmène sur les terres brumeuses du post-rock et de l’ambient, somptueusement dessinées par des arrangements minutieux et un usage subtile des cordes.
Si on ajoute à ça qu’ils ont le bon goût de rendre hommage sur leur album  à Mark Linkous de Sparklehorse et qu’un quatuor de percussion jouera en première partie des compositions de Steve Reich et de John Cage, vous comprendrez que c’est un rendez-vous qu’il serait dommage de louper.

mercredi 15 février – Conservatoire de Rennes

7 € (Tarif réduit élèves du Conservatoire de Rennes) / 8,5 € en location / 10 € sur place

———————————————————–

La soirée du vendredi 17 février a peut être une programmation moins aguicheuse que celle du second jour mais elle pourrait bien receler plusieurs surprises explosives.

Gauntlet Hair ouvrira les hostilités vers 20h. Ce duo guitare/batterie de Chicago, jouant semble-t-il en live accompagné d’un bassiste et d’un autre guitariste, propose un pop psychédélique peinant à l’écoute à se distinguer de ses modèles (Animal collective, MGMT) mais à qui on aurait tort de ne pas donner le bénéfice du doute sur scène.

Qui dit Route du Rock hiver, dit abandon sur le fil. On croise les doigts pour l’instant puisque les «têtes d’affiche» semblent tenir bon et qu’il faut bien avouer que les londoniens de New Build initialement prévu ne nous excitait pas plus que ça, malgré leur prestigieux curriculum vitae (le groupe est composé de musicien d’Hot Chip et LCD Sound System). C’est le quatuor caennais Kim Novak qui les remplacera vers 21h30. Leur prestation aux splendides soirées Kütu folk des dernières Trans Musicales avait enflammé l’Aire Libre. On n’en attend pas moins de leur prestation.

Il sera presque 23h et ce sera au tour de Caveman de monter sur scène. Malgré son patronyme préhistorique et ses origines broocklynoises, il s’agit ici d’une pop mélodieuse aux arrangements vocaux délicats, dont le charme a déjà renversé plus d’un cœur. On leur souhaite d’avoir le même effet sur le public de l’Omnibus.

Un peu après minuit, la soirée s’orientera vers des territoires musicaux prodigieusement anglais. S.C.U.M. Derrière ce grossier acronyme, se cache un quintet londonien ne lésinant pas sur l’attitude poseuse, la mèche arrogante et les envolées vocales grandiloquentes. Sur ce genre de cahier des charges hautement britannique, ça passe ou ça casse. Vous jugerez sur pièces.

Les concerts se concluront alors vers 1h30 sur un groupe qui va trancher dans le ton général de la soirée. The Men est encore un quatuor de Broocklyn, qui lui ne cache pas son jeu. Il fait bien une musique d’«hommes», des velus, des tatoués. Du Rock donc, mais du furieux, du lourd, du dissonant, du frénétique, du sale sous les bras avec chant braillard et riff primitif de rigueur.
Leur troisième album, Leave Home, souffre un peu de la comparaison avec ses illustres inspirations, Sonic Youth en tête, mais contient suffisamment de rage et d’énergie pour promettre de délivrer un set tonitruant et ravageur qui devrait achever la soirée dans tous les sens du terme.

Pour les clubbers, la soirée se prolongera à L’escalier avec le duo de DJ parisien Scratch massive. Personnellement, nous avons toujours eu la flemme d’encore nous déplacer pour payer un supplément. ça doit être un truc de VIP.

Vendredi 17 février – Omnibus – Saint Malo – 22 € en location & 25 € sur place.

———————————————————–

La soirée de samedi est, sur le papier tout du moins, beaucoup plus sexy que sa prédécesseur (ne cherchez pas, il n’y a pas de féminin). Avec au moins deux des cinq groupes qui font parti de nos coups de cœur.

La palme du nom le plus grotesque est attribué au trio de portland, Blouse qui ouvrira le bal dès 20h. Vous me direz que ça fleure bon l’étudiant en art tout ça, et vous aurez bien raison. Deux gars, une jolie brune à la voix éthérée et languissante, des synthés et une guitare eighties et on obtient un croisement entre New Order et The XX, manquant certes un peu de personnalité, mais plutôt agréable. A voir ce que ça donne en live ?

Le suivant, on l’adore déjà depuis quelques années. Loney Dear, moins connu sous le nom d’Emil Svanängen, est un artiste suédois dont l’énergie pop et la voix haut perchée nous ravissent au plus haut point. Avec déjà six albums à son actif, le monsieur brode avec inspiration et largesse d’esprit, des compositions raffinées et imparables. Sur scène, le monsieur et sa bande ont prouvé à plusieurs reprises leur valeur, on espère pour les spectateurs de ce samedi qu’ils seront aussi irrésistibles et enjôleurs qu’à leur habitude.

Autre chouchou de la soirée, le londonnien Baxter Dury déboulera sur la scène vers 22h30. Le fils de Ian « Sex & drugs & Rock’n Roll » Dury a fait son bonhomme de chemin avec désormais trois albums à son palmarès. Son dernier Happy soup squatte largement nos platines depuis plusieurs mois. Sa pop croonée, minimale et nonchalante, toute basse en avant façon Young Marble Giant, possède un charme immédiat et irrésistible mais qui ne vous lâche pas comme ça. Les duos ou chœurs de l’australienne Madelaine Hart y sont aussi pour beaucoup.
Nous sommes donc plus qu’impatient de découvrir l’animal sur scène.

Il devrait être environ minuit quand ce sera le tour Elektronische Staubband. Derrière ce pseudo se cache un projet un peu étrange de Yann Tiersen en compagnie de Lionel Laquerrière et Thomas Poli. Il s’agit pour lui, de revisiter son répertoire, « façon krautrock », armé d’une pelletée de synthés et autres claviers.
Dit comme ça, le projet nous laisse aussi dubitatif que circonspect mais il a au moins le mérite de susciter la curiosité.

La prestation de Bryan Charles Hollon alias Boom Bip à la Route du Rock été de 2005 nous avait laissé de bons souvenirs. On le retrouve ici après un parcours varié et aventureux avec un nouvel album porté par des critiques élogieuses. Le risque étant que cet est surtout le fruit de prestigieuses collaborations. On y retrouve en effet aussi bien Alex Kapranos (Franz Ferdinand) que Josh Klingghoffer (Red Hot Chili Peppers) ou Money Mark, entre autres. A voir ce que donnera la transposition en live d’un tel gloubi-boulga ?

Ce sera Get a room ! une autre paire de DJ parisien qui bouclera la soirée au club l’escalier.

Samedi 18 février – Omnibus – Saint Malo – 22 € en location & 25 € sur place.

———————————————————–

Ce même jour, vous pourrez également assister à deux conférences au centre Salvador Allende de Saint Malo.
D’abord à 15h, Stéphane Malfettes vous conviera à une étonnante session diapo multimédia qu’il a tiré d’un american road trip de six semaines.
Ce sera ensuite notre Christophe Brault favori qui vous narrera avec toute la fougue et l’énergie qu’on lui connait les aspects les plus déviants et barrés de notre musique favorite, dans un conférence  intitulée : Le Rock hors-normes. On y causera de Joe Meek, Alfred Neuman, les Cramps, Julian Cope ou de Sunn O))) … autant dire qu’il n’y a aucun risque de s’y ennuyer.

Samedi 18 février – centre Salvador Allende – Saint Malo – gratuit

———————————————————–

Enfin, si vous êtes encore en forme dimanche 19 février, vous pourrez assister à une ultime association pleine de promesses.
Vers 16h dans la chapelle Saint-Sauveur jouera l’anglais Simon Scott. On avait adoré les compositions tendues et éthérées de son album Navigare. Ces ambiances électriques et cotonneuses devraient faire merveille dans les brumeuses ambiances hivernales du moment.
La toute jeune autrichienne Anja Plaschg alias Soap & Skin, viendra ensuite interpréter ces mélopées aussi funèbres que fascinantes. Un univers musical singulier et fascinant qui ne devrait laisser personne indifférent.

Dimanche 19 février – chapelle Saint-Sauveur – Saint Malo – 11 € (location) & 15 € (sur place)

détails et infos pratiques sur le site de la Route du Rock