[Route du Rock 2024] – Vendredi, c’est permis !

Comme toujours, les articles avant, après et pendant la Route du Rock sont écrits à trois mains par Yann, Mr B. et Isa

Ça y est, vous êtes bien rentrés dans le festival ? Prêts à fourbir vos armes pour la seconde journée de la Route du Rock ? Avant d’y retourner, revue en détail de la programmation de ce qui vous attend au Fort St Père ce vendredi 16 août.

Deeper, post punk profond ?

Deeper – Photo Presse DR

Si Blackxwash jouera dans la nuit sous les Remparts, Deeper devrait lancer l’apéro sur la même scène le lendemain (le 16 août) avec un post punk plus lumineux qu’obscur. Du moins si on en croit son troisième album et dernier essai en date, Careful ! (Sub Pop, 2023) un poil plus pop que les précédentes réalisations du groupe chicagoan (Auto-Pain en 2020 et Deeper en 2018). Bien sûr questions sonorités, vous aurez déjà un peu tout entendu : post punk, cold wave, pop, en allant de Cure à Television en passant par Bowie. Mais ce qui est plutôt intéressant avec Deeper, c’est la façon qu’ont Nic Gohl (chant lead, guitare), Shiraz Bhatt (batterie, programmation), Drew McBride (guitare, synthés) et Kevin Fairbairn (basse) de mêler leurs influences d’un morceau à l’autre voire dans un même morceau (Build a bridge propose d’ailleurs le titre inaugural de ce dernier album). Des guitares bondissantes au groove dansant, un effet flanger à la Robert Smith, plus loin des synthés glacés ou une basse cold, voire quelques sonorités teintées d’indus ou une guitare toute en harmoniques :  Deeper a su développer davantage sa palette, ce qui devrait promettre un concert varié, parfaite entrée en matière pour ce deuxième jour de festival.

Deeper, Scène des Remparts, 18h30

Bar Italia vous invite dans sa bulle

Bar Italia jouera en début de soirée de vendredi. Le trio londonien a beau officier depuis déjà 2020, c’est seulement avec son troisième album Tracey Denim sorti en mai 2023 chez Matador que nous les avons découverts. Nina Cristante, Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton nous avaient bien épaté.es avec leur délicat mélange de shoegaze nonchalant et d’indie pop tout en fragilité. Cet album généreux et contrasté nous avait charmé avec ses compositions faussement bancales, son irrésistible entremêlement des trois voix, même au sein d’un seul morceau, et son ambiance mystérieuse et brumeuse. En équilibre entre Cure et le Blonde Redhead des débuts, le trio y joue au funambule avec un insolent talent en jonglant avec des riffs et des rythmiques irrésistibles et un sens de l’émotion tout aussi imparable. Ils ont ensuite très rapidement enchainé avec leur quatrième album The twits (Les Gredins !) en novembre 2023 toujours chez Matador. Enregistré pendant huit semaines début 2023 et mixé par Marta Salogni (qui a bossé sur les disques de Björk, Depeche Mode, Black Midi, Porridge Radio, Animal Collective…), le disque est sorti donc à peine six petit mois après son prédécesseur. On y retrouve le savoureux mélange entre indie-ritournelles bien enlevées et mini-drames en trois actes malicieusement cafardeux. L’album est peut-être moins uniformément réussi que le précédent mais contient suffisamment de pépites pour nous satisfaire.
Sur scène, leur prestation à l’Antipode en novembre 2023. avait divisé le public du fait d’une interaction plus que minimale avec celui-ci. Nous faisions plutôt partis de celles et ceux qui avait apprécié cette délicieuse petite bulle indie rock et nous sommes donc très curieux de voir comment la bande va se sortir du format festival.

Blonde Redhead, mélodies pour cœurs brisés

Les Blonde Redhead  sont venus autant de fois que The Kills à la Route du Rock, mais quasi à chaque fois, dans des conditions humides, voire épiques si on se souvient bien. Des éclairs, l’orage en 2004, de la flotte en veux-tu en voilà en 2011, heureusement au sec en 2015, puisque que c’était l’hiver et à la Nouvelle Vague. Pour autant sous ces déluges et cet affolement complet des éléments (surtout en 2004 !), on en a gardé un souvenir ému et ravi.

Alors certes, on aime vraiment beaucoup le trio composé par les jumeaux Amedeo (chant et guitare) et Simone Pace (batterie), et Kazu Makino (chant, basse, guitare, clavier) et on part d’avance conquis, leur touchante prestation à l’Antipode il y a quelques mois ne contribuant qu’à renforcer notre affection pour ce groupe singulier. Qui avait commencé il y a une trentaine d’années avec une noise chère à Sonic Youth et qui progressivement est devenu plus pop, voire art pop.

Pour autant, même après trente années d’une carrière contrastée et une dizaine d’albums au compteur, Blonde Redhead garde une affection intacte chez un public conséquent. Et même si on n’a pas toujours été passionnés par leurs derniers albums (Sit for Dinner paru en 2023 est le dernier en date), il y a de la magie dans ce groupe.

Qu’il s’agisse de ce talent véritable pour les mélodies à la fois lyriques et désenchantées, du chant acidulé de Kazu Makino haut et émouvant en diable, au beau contraste offert au timbre plus nasal d’Amedeo (tout aussi émouvant), de la présence scénique étonnamment intacte de Kazu, avec une façon de bouger avec son micro immensément classe, du jeu de guitare toujours sensible d’Amedeo ou du toucher magique de Simone derrière ses fûts, quelque chose se passe. Et touche. On est donc ravi de retrouver le trio sur la scène du Fort. En espérant fort que pour cette fois ce sera sans cataclysme météorologique…

Blonde Redhead, Scène du Fort – 20h40

Etienne Daho, « frenchy but so chic »

La soirée se poursuivra avec la prestation d’un éternel rennais de coeur, Étienne Daho, qui n’est venu qu’une fois (en 2018) à la Route du Rock mais qui y a livré un show impeccable, touchant de bout en bout. Et même si on ne l’écoute pas souvent, le garçon reste une figure particulièrement attachante de la musique d’ici.

Natif d’Oran, Etienne Daho a passé sa jeunesse à Maurepas dans les  années 80. A cette époque, le jeune homme était d’abord l’un de ces activistes de la scène rennaise, qui traînait avec Hervé Bordier (Transmusicales), Marquis de Sade, organisait un concert des Stinky Toys (le premier groupe de Jacno et Elli Medeiros) à Rennes pour son anniversaire et que ses copains poussaient sur la scène des Transmusicales (avec le groupe Entre les deux fils dénudés de la dynamo en 1979, puis en solo -Étienne Daho Junior- en décembre 1980).

Etienne Daho © Nicolas Joubard

La suite on la connaît : des albums qui rencontrent le grand public de l’inaugural Mythomane 1981 à La Notte La Notte et son portrait culte signé Pierre & Gilles (1984) en passant par Pop Satori (1986), Paris Ailleurs (1991), Corps et armes (2000), L’invitation (2007), Les chansons de l’innocence retrouvée (2013) jusqu’à Blitz (2017) et Tirer la nuit sur les étoiles (2023) pour n’en citer qu’une partie et qui en font désormais le musicien référence d’une certaine nouvelle scène française. Au total une quinzaine de disques pop (scène et studio) à la gravité légère et aux pesanteurs aériennes où le musicien reste lui-même tout en gardant les oreilles grandes ouvertes sur le monde autour (de St Étienne à Rone, de Syd Barrett à Phil Spector, de Bowie à Zdar,…), élargissant constamment ses horizons esthétiques tout en cultivant sa singularité, en multipliant les amours et les collaborations.

Un garçon qui se tient à l’écart de la musique qui l’a formé, remué, bouleversé. Le rock. Parce que selon ses dires, il aurait été tenté de reproduire ce que ses idoles avaient déjà fait et qu’il se devait au contraire de trouver sa propre voie/voix. On gage que ce retour au Fort St Père devrait être aussi fédérateur et touchant que sa première venue.

Étienne Daho, Scène du Fort – 22h30

Debby Friday, programmée le vendredi (!)

Debby Friday – Photo presse DR

Après la pop tout en douceur d’Etienne Daho, c’est à Debby Friday que reviendra la tache de nous faire entrer dans les touffeurs de la nuit. Avec son électro teintée d’indus d’abord rageuse désormais plus variée avec même quelques incursions dans une suave langueur, la Canadienne née au Niger tranchera franc et vif avec la prestation de son prédécesseur.

Après deux eps assez agressifs dans le propos, Bitchpunk en 2018 puis Death Drive en 2019, l’artiste a sorti son premier album Good Luck chez Sub Pop en 2023. Si l’ancienne dj y conserve ses amours électro-indus en assénant ses rythmiques lourdes, puissantes, métalliques, en mode blitz compresseur, elle n’a pas peur de les mélanger à des moments plus doux, un refrain un peu pop sur So hard to tell, une voix à la Martina Topley Bird (toute proportion gardée) sur What a man pour créer au final un album plutôt varié dans le style qui est le sien. Ca devrait en tout cas nous aider à nous délier les guiboles.

Debby Friday, Scène des Remparts – 23h55

METZ, la tête dans le broyeur

METZ- photo : DR

Troisième venue à la Route du Rock pour le trio canadien METZ qui reviendra encore une fois mettre le feu aux poudres en fin de soirée de ce vendredi 16 août. Depuis déjà 2007 et au fil de cinq albums (dont on vous conseille chaudement le fracassant Atlas vending), Alex Edkins (chant et guitare), Hayden Menzies (batterie) et Chris Slorach (basse) peaufinent leur noise rock/post hardcore furieuse et bruitiste avec une passion communicative. Guitares écumant la rage et les déchirures au tympan, rythmiques basse-batterie lourdes comme un pavé dans ta face, Metz ne lâche rien, tout particulièrement en live. Et peu importe donc si Up On Gravity Hill, leur dernier disque de 2024, tente d’élargir leur domaine de la lutte du son sans totalement convaincre, nous n’avons aucun doute sur leur capacité à tout faire exploser en concert. On a donc hâte de replonger tête la première dans leur formidable machine à dynamiter un public.

METZ à 00h50 sur la grande scène du Fort

Fat Dog fait le beau

Fat Dog – Photo : Holly Whitaker

Sacrés Anglais. Il aura suffit à Fat dog d’une poignée de singles (King Of The SlugsAll The Same et Running…) et de concerts délicieusement bordéliques pour enflammer les esprits de la presse musicale britannique. La bande menée par Joe Love terminera, on l’espère en feu d’artifice, la seconde soirée du vendredi. Leur mélange d’énergie punk et de nappes de synthés taillées pour le dancefloor est en effet assez redoutable. Ajoutez à ça un humour bien tordu et un sens aigu de l’emphase et on se doute que ce bon gros chien a toutes les chances de nous offrir une conclusion de soirée hautement réjouissante.

Fat Dog  à 1h55 sur la  scène des remparts

Let’s Dance : des afters jusqu’au bout de la nuit

Si cette année, la Route du Rock, on le répète, n’a pas eu l’autorisation de continuer de proposer ses afters dansants dans les douves ainsi que l’expliquait François Floret à Ouest France, la programmation continue de faire la part belle aux fins de soirée dansantes et festives. Le vendredi c’est encore un plateau mixte (on salue l’initiative de proposer des afters mixtes tous les soirs) composé d’OR’L et Paulette Sauvage qui vous emmènera jusqu’au bout de la nuit avec un mix électro qu’on pressent particulièrement efficace entre techno deep, groove inattendu, indie dance, italo disco et house (on cite encore).

Retrouvez tous nos articles avant, pendant et après la Route du Rock 2024 ici

 


La Route du Rock Collection Eté a lieu du 14 au 17 août 2024 à St Malo et au Fort de St Père

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