La Route du Rock fêtera sa vingt-neuvième édition du 14 au 17 août 2019 prochains, avec une programmation parfois pointue, souvent maligne et sacrément alléchante… Et qui donne une nouvelle fois envie de ne manquer ce rendez-vous estival sous aucun prétexte. On vous propose donc une présentation détaillée (en deux faces et un morceau caché, pour être un poil moins indigeste), en espérant vous y retrouver, en tongs ou en ciré… Programmation en détails, 2ème partie (la face A est là).
Hot Chip
Pour nous, Hot Chip restera avant tout comme l’un des plus grosses claques reçues lors du festival des Transmusicales : c’était il y a 15 ans, et on se souvient de cinq mecs au look improbable, planqués derrière leurs laptops, et qui nous avaient fait danser comme des dingues pendant plus d’une heure. L’enchainement hallucinant des mélodies tubesques de Coming on Strong nous avait rapidement fait comprendre que la confidentialité du groupe allait voler en éclats. Cette impression fut confirmée par l’excellent The Warning deux ans plus tard, mais plus encore avec Made in the Dark en 2008, porté par l’imparable hit planétaire Ready for the Floor. On les avait retrouvés en 2013 à la Route du Rock, et on avait été une nouvelle fois bluffés par leur capacité à faire remuer les guiboles les plus rétives, tout en étant agréablement surpris par leur aisance scénique et leur classe folle, après cinq albums et une palanquée de concerts derrière eux. Le groupe s’est sérieusement étoffé depuis Coming on Strong (2004) : les instruments ont fait leur apparition, renforçant encore plus le côté dansant, avec batterie discoïde, basse groovy et petits riffs de guitares sautillants.
Hot Chip © Ronald Dick
Les sonorités évoluent encore un peu sur leur septième album, A Bath Full of Ecstasy, grâce à la collaboration avec deux talentueux producteurs, le regretté Philippe Zdar (Cassius, Phoenix) et Rodaidh McDonald (David Byrne, The XX). Ils ont cependant conservé la recette de leur électro-pop mélodique et bondissante, réussissant la parfaite association entre instruments et sonorités électroniques, comme sur Hungry Child. Le contraste entre les chants soul et éthéré d’Alexis Taylor et Joe Goddard et les rythmiques catchy fonctionne toujours à merveille : Hot Chip devrait de nouveau faire remuer les popotins malouins, à grands coups de beats diaboliques et remuants, avec ce soupçon de mélancolie qui fait le charme du quintet londonien. Are you Ready for the Floor ?
Hot Chip – La scène du Fort – Vendredi 16 août – 21h55
Deerhunter
On se souvient assez ému du passage du groupe de Bradford Cox, qu’on reconnaît facilement à sa morphologie dangereusement aiguisée, armé d’une Gibson 335 portée haute, sur la scène de la Route du Rock en 2009. On était déjà fan de cette quête musicale entre ballade pop aux guitares claires et développement mélodique noisy-shoegaze brumeux que menait Deerhunter depuis la doublette dont on avait consciencieusement usé les sillons Microcastle / Weird Era Cont. (Kranky, 2008) et la prestation du quintette sous le soleil avait fini de nous convaincre. On se souvient y être tombé désespérément amoureux du parfait jeu de guitare en contrepoint de Locket Pundt.
Avec un Halcyon Digest resplendissant (4 AD, 2010) à l’écriture toute aussi brillante et des disques en solo pour Bradford Cox sous l’alias Atlas Sound qu’on a tout autant écoutés (Logos et Parallax surtout, respectivement sortis en 2009 et 2011), puis un Monomania (4AD, 2013) plus cru, rugueux mais tout aussi riche en labyrinthes, Bradford Cox et sa bande (le guitariste Lockett Pundt donc, le batteur/claviériste Moses Archuleta -qui a accompagné Shannon Wright sur sa tournée américaine avec Shellac-, le bassiste Josh McKay et le multi-instrumentiste Javier Morales) ont continué de cultiver leur singularité. Indie rock clair, précis, et surtout un sens mélodique à tomber. Avec le limpide Fading Frontier (4AD, 2015), Deerhunter a semblé assagi, déroulant ses morceaux de dream pop aux variations subtiles immédiatement accessibles malgré encore une fois des circonstances autobiographiques aussi peu funky que jusqu’alors (car crash, hôpital et dépression). Avec Why Hasn’t Everything Already Disappeared? (4AD) sorti cet hiver, que le groupe a co-produit avec Cate Le Bon (et qui peut être lui apporte un peu de sa merveilleuse bizarrerie et de son épure – au moins partiellement dans le choix des arrangements, puisqu’on la retrouve ici au clavecin, là à la mandoline ou aux chœurs) aux côtés de Ben H. Allen et Ben Etter, Deerhunter livre un huitième album apocalyptique dans ses thèmes. Son titre, emprunté à Baudrillard met illico dans l’ambiance tout comme l’allusion au meurtre de la députée travailliste Jo Cox en pleine rue en 2016. Mais comme à son habitude, le groupe planque la poussière de ses profonds et noirs désenchantements sous un tapis musical merveilleusement tissé de pop songs intrigantes, avec ici des reflets sixties (coucou les Kinks), un saxo qui évoque forcément Bowie, là un écho de british folk, une transpiration d’americana, quelques expérimentations lo-fi et parfois la fragilité de Mark Linkous. On est donc immensément impatient de les entendre en live tant on attend de se plonger dans les méandres toujours passionnants du quintet d’Atlanta.
Deerhunter – La scène du Fort – Samedi 17 août – 19h15
Crack Cloud
Collectif canadien de plus d’une vingtaine de musiciens, de cinéastes, d’artistes et de designers qui utilisent la musique et les arts visuels comme remparts et thérapies à l’addiction, Crack Cloud est à géométrie variable, mais semble se rassembler autour de 7 membres pour sa forme musicale. Une batterie centrale, tenue par un batteur chanteur gaucher jouant sur un kit de droitier Zack Choy, des guitares, des claviers et un bordel à la furieuse intensité : du post punk en mode no wave. De Gang of Four aux guitares angulaires de Television, de l’irrésistible groove bancal des Talking Heads aux cris désespérés de Lydia Lunch, Crack Cloud ramone profond dans cet ascétisme post punk arty et disloqué, comme le montrent leurs deux eps Crack Cloud (2016) et Anchoring Point (2017) ensuite réunis en une compilation (Crack Cloud, Tin Angel Records, 2018).
Parmi ces gamins bien dans la merde, Zach Choy, marqué par la figure de Brian Eno et ses théories sur les non musiciens, le même qui publia le séminal No New York avec Teenage Jesus and the Jerks, DNA, James Chance and the Contortions et Mars, s’est lancé dans cette idée de collectif pour sortir du tunnel accompagné d’autres gamins cabossés. Ils ont d’ailleurs assuré la bande son du défilé d’Hedi Slimane au début d’année en compagnie de James Chance, mais dans le même temps participent aux préventions des overdoses et à l’accession au soin des âmes errantes des quartiers cramés d’Eastside downtown Vancouver. Bluffés par cette première compilation tout comme par les qualités humaines et de résilience de ces minots, on a hâte de les découvrir en live, et même si leur premier album devrait a priori être moins marqué de stries post-punk, mais davantage influencé par le hip hop, comme le laissent supposer interviews et dernier single en date, The Next Fix, on est impatient de suivre leur(s) évolution(s).
Crack Cloud – La scène des Remparts – Vendredi 16 août – 01h15
Metronomy
Projet du discret batteur Joseph Mount, venu du Devon, passé par Brighton puis Londres et Paris, Metronomy a progressivement fourbi ses armes et peaufiné ses hymnes d’électro pop malicieux, souvent racés, avant de progressivement sortir de la relative confidentialité indie. Après un premier album Pip Paine (Pay The £5000 You Owe) en 2006, conçu à la maison, tout en bricolage synthétique, collant parfaitement à l’esthétique nu-wave de l’époque, le second album, également musique de chambre pour dancefloor Nights Out (2008) rallie déjà à sa cause les amateurs de dance music à gueule de bois, tous ceux qui entendent la mélancolie sourdre de l’hédonisme limpide de ces chansons electro pop. Et puis Metronomy devient quatuor, enregistre en studio plutôt qu’à la maison, et y gagne en vibrations qui se font plus sensuelles que robotiques. Arrangé avec un soin aussi maniaque que teinté d’humour, The English Riviera (2011) prend l’air en version balnéaire (ou cure thermale), entre humour et mélancolie, efficacité et sensualité. Porté par ses singles inusables (The Bay, Corinne, The Look, Everything goes my way), ses basses élastiques, une écriture minutieuse, l’album se danse les bras en l’air un peu partout sur les sonos mondiales et rencontre un succès critique et public énorme. On se souvient qu’à peine un mois après la sortie du disque, Joseph Mount (chant, clavier, guitare), Gbenga Adelekan (basse), Oscar Cash (claviers, guitare) et Anna Prior (batterie, chant) avaient joué dans un Antipode MJC (grâce au flair de son programmateur inspiré) bourré à craquer comme la route de Lorient un soir de match.
Devenu un des centres des attentes (commerciales et artistiques) de la pop moderne, Metronomy enregistre un Love Letters (2016) en mode analogique, un poil plus brut dans sa production (avec des arrangements qui savent autant se montrer frêles et fragiles – à l’image de la voix de son leader- que sautillants et espiègles), aux chansons malicieuses, intimes et instables, lettres d’amour à une pop en même temps flamboyante (les cuivres de Love Letters, les synthés Kraftwerkiens de Boy Racers, le gimmick sautillant de Reservoir) et profondément artisanale. Finalement tellement éloignée de la pop de stade. Après Summer 08 (2016), parenthèse personnelle sur laquelle Joseph Mount fait un retour en arrière dans sa discographie jusqu’à Nights Out, point de départ assumé de ce dernier album qui revient aux sonorités les plus électro-pop-disco du groupe et qui peinera à totalement convaincre, Metronomy annonce un nouveau long format pour septembre, précédé de trois premiers singles égrainés cette année, Lately, Salted caramel ice cream et Walking in the dark, nommé avec toujours autant d’auto-dérision Metronomy Forever. Souhaitons que ce titre devienne également mots d’ordre pour le public du Fort ce samedi.
Metronomy – Scène du Fort – Samedi 17 août – 22h35
Black Midi
On doit confesser un gros faible pour les musiques indociles plutôt math noise et les minots Londoniens de Black Midi pourraient bien nous filer leur came qu’on y trouverait certainement un peu notre compte. Si on n’est pas très fan du buzz et surtout de la manière dont ces vils et malins managers Anglais le font monter, on reconnaît sans peine au quatuor des qualités en béton armé pour nous fracasser l’oreille avec un talent ineffable. La faute à un premier album, Schlagenheim (de l’allemand frapper et maison en gros, bref la maison de la castagne, même si le groupe préfère parler d’un lieu imaginaire), qui bifurque toutes les vingt secondes là où on ne l’attend (souvent absolument) pas. Pour preuve ce morceau introductif 953 qui commence ébouriffé comme la tignasse de Buzz Osborne, ralentit au frein à main pour jouer d’arpèges post rock frisettes sur la six cordes (un peu de limpidité à la Gastr del Sol et de guitares anxiogènes à la Slint), se fait tapis pour les déclamations souvent théâtrales de son chanteur-guitariste épique et exalté Geordie Greep, avant d’asséner un condensé de riffs répétés à se frapper la tête contre les murs (la doublette Matt Kwasniewski-Kelvin/ Geordie Greep).
Noise, post-punk, math, pour l’essentiel, Black Midi passe néanmoins son temps à prendre les chemins de traverse les plus inattendus (la pop soul croonée bowiesque qui surgit sur Western), joue de rythmiques toutes en césures, de la basse post-punk butée de Cameron Picton (qui assure aussi parfois les voix, de cris rauques en murmures spoken word Slint related) aux roulements apocalyptiques de Morgan Simpson, batteur carré, solide, monstrueux. Et de stridences soniques en feulements barbelés, passe par autant de climats qu’on doit pouvoir imaginer en trouver en Russie. Alors, peut-être que ces gamins d’à peine vingt ans ont les défauts de leurs qualités, mais que de promesses imparables dans ce quatuor londonien.
Black Midi – Scène des Remparts – Jeudi 15 août – 00h15
The Growlers
Confortant ce mystère météo (alors qu’il y fait soit disant toujours beau, il semblerait que les Californien.ne.s préfèrent s’enfermer dans leur garage pour y brancher leurs guitares), The Growlers en est déjà à son son septième album si on ne s’est pas trompé. Mais avec toujours cette nonchalance west coast de la scène californienne, telle la potacherie beach goth (également nom du festival qu’ils organisaient) dont ils s’affublent.
Les guitares de leurs premiers albums, plutôt psychées-surf et tournées vers les sixties, sentaient déjà l’huile de vidange du garage en mode production lo-fi mais aussi les grains de sables brûlants sous les orteils. Avec un son plus travaillé et une production un poil plus léchée depuis City Club (2016 produit par Julian Casablancas sur son label Cult Records), ça se confirme sur les suivants : nonchalance hirsute, doux psychédélisme, refrains efficaces et instrumentation effrontément cool, sans oublier ce grain de voix éraillé du plus bel effet de leur chanteur Brooks Nielsen (entre le Walkmen Hamilton Leithauser et Julian Casablancas justement), font des Californiens les chantres d’un garage-psyché solaire faussement négligé. Sur le papier et sur galettes donc, parfait cocktail pour passer les premières heures du crépuscule dans l’enceinte du Fort.
The Growlers – Scène du Fort – Samedi 17 août – 21h05
Stereolab
Avec bientôt une trentaine d’édition à son compteur, La Route Du Rock peut difficilement éviter une part de nostalgie dans sa programmation. On y a donc vu régulièrement défiler quelques gloires plus ou moins célèbres des années 90. Reconnaissons au festival de ne pas en avoir abusé et d’avoir le plus souvent choisi des groupes dont la flamme gardait une certaine incandescence au-delà des impératifs financiers. On parie volontiers que Stereolab fera aussi partie de ceux là.
Stereolab © Steve Double
Au cœur du groupe, il y a un couple : celui formé pendant quatorze années par l’anglais Tim Gane (guitare, claviers) et la française Lætitia Sadier (chant, claviers, guitare, trombone). Nous sommes à Londres au début des années 90, après la séparation de Mc Carthy, le précédent groupe de Gane, le duo se rassemble rapidement pour une fructueuse collaboration amoureuse et artistique sous le nom de Stereolab. Leur patronyme s’inspire malicieusement d’une division de disques de démonstration technique d’effets Hi fi du label Vanguard Records. Autour du couple, la formation évoluera largement au fil des années mais on y retrouvera régulièrement Sean O’Hagan de The High Lamas (guitare et clavier), Andy Ramsay de The Chills (batterie) ou la regrettée Mary Hansen (voix, clavier et guitare) décédée accidentellement en 2002. En une vingtaine d’années d’existence, une dizaine d’albums et un nombre incalculable d’EP et de singles (compilés dans trois indispensables volumes intitulés Switched On) le groupe a joyeusement poussé la pop dans ses retranchements en y mêlant sans vergogne texte arty, krautrock échevelé, expérimentations synthétiques ou musiques baroque ou brésilienne. La singularité de ce détonnant mélange additionné à un savant et délicat équilibre entre vertiges bruitistes et mélodies les plus accrocheuses a rendu l’œuvre de Stereolab tout particulièrement chère à nombre de fans de musique. A l’image de leurs compositions à la fois libres et terriblement attachantes, le groupe a de plus acquis une solide réputation scénique en cultivant un caractère imprévisible et vertigineux sur scène.
En 2009, le groupe a annoncé être en pause à durée indéterminée mais les voilà de retour sur scène à l’occasion de la réédition complète et réjouissante de leur discographie. Gageons que la magie si particulière du groupe devrait agir une fois de plus et qu’il ne devrait pas faire uniquement vibrer. celles et ceux a qui ils ont fait brailler à plein poumons du Baudelaire dans leur prime jeunesse.
Stereolab – Scène des Remparts – Jeudi 15 août – 21h35
Foxwarren
Après avoir ouvert l’édition 2017 du festival avec son projet solo à la Nouvelle Vague, Andy Shauf revient cette fois-ci en ouverture du vendredi 16 août avec son groupe Foxwarren mais désormais au Fort Saint Père. Accompagné par Dallas Bryson (guitare), Darryl Kissick (basse) et Avery Kissick (batterie), amis de jeunesse de son natal Saskatchewan canadien, dans ce projet qui a plus d’une dizaine d’années derrière lui, Andy Shauf offre avec ses camarades autant de délicatesses sophistiquées qu’en solo. Et ce tout premier album (Foxwarren, novembre 2018) est un petit joyau de pop folk racée et de production soignée.
Hormis un premier single un poil trompeur (parce que mené par une rythmique kraut dont les sonorités seventies revisitées rappellent l’Antiphon de Midlake – on pense à The Old and the Young-), mais qui justement ouvre le champ des possibles, les Canadiens naviguent sur une folk rustique et baroque, toute en harmonies limpides, constamment marquée par un sens mélodique magnétique. Arrangements aux petits oignons (quelques cordes ici, une montée psychée là, un riff de guitare plus rock, du pedal steel ailleurs, un piano profond plus loin) et voix de velours aérienne au diapason (on pense parfois tellement à Julien Pras) en bonus compte triple finissent de combler nos attentes. On croise donc fort les doigts pour que cette petite merveille mélodique fasse naître les mêmes étincelles magiques en live.
Foxwarren – La scène des Remparts – Vendredi 16 août – 18h30
Pottery
Frais et mélodique, les Montréalais d’adoption de Pottery attendaient depuis des lustres de sortir leurs morceaux mais ont finalement mis fin aux atermoiements de leurs fans en délivrant un premier ep 7 titres cette année, N°1 (Partisan Records). Garage, mais super mélodique, la bande formée de Tom Gould, Paul Jacobs (héraut garage local), Jacob Shepansky, Peter Baylis et Austin Boylan y démontre un vrai savoir-faire pour trousser de petites bombinettes, certes ultra-référencées, mais avec des vagues de fraîcheur bienvenues.
Enregistrés quasi en une prise et en deux nuits, si on en croit la légende, les sept morceaux couchés sur acétate font la surprise d’être en même temps nonchalants et efficaces. Avec de temps en temps d’étonnantes surprises (le final Lifeline costume) qui nous les rendent encore plus attachants. C’est frais, lumineux, ça donne envie de se secouer le booty un ecocup (plein) à la main. Le groupe parfait pour cette première partie de soirée au Fort St Père.
Pottery – La scène des Remparts – Samedi 17 août – 20h20
Tim Presley’s White Fence
On aime bien les disques un peu bizarres. Et en la matière, le Californien Tim Presley est un digne héritier de Syd Barrett. Car le garçon qui collabore d’un côté avec le blondinet californien le plus prolifique des dernières années Ty Segall (Hair, 2012 ou Joy, 2018, notamment) ou avec l’une de nos Galloises préférées Cate Le Bon (avec le projet Drinks) est définitivement de ceux/celles qui aiment mêler expérimentations un tantinet siphonnées et évidence mélodique dans un même morceau.
En plus d’une grosse demi-douzaine de disques sous l’alias White Fence, le désormais San Franciscain a choisi le nom de Tim Presley’s White Fence pour son dernier long format, I have to feed Larry’s hawk (Drag City, 2019), condensé de beau bizarre, de psyché kaléidoscopique sixties bien perché (Doors, Kinks, Byrds, Love, Barrett), de nonchalance flamboyante et de compositions baroques à qui on a secoué le cocotier. On est donc là aussi impatiemment curieux d’entendre comment ce bric à brac toqué et merveilleux va s’ourdir en live.
Tim Presley’s White Fence – La scène du Fort – Vendredi 16 août – 19h15
Jon Hopkins
On se sent plutôt à contre courant puisqu’on a découvert Jon Hopkins en duo avec King Creosote sur le très émouvant Diamond Mine en 2011, folk s’il en est, et non pas sur un de ses disques solo d’électronica, au hasard, Immunity paru en 2013, qui avait mis tout le monde d’accord ou sur sa précédente collaboration avec notre héros Brian Eno (Small Craft on a Milk Sea, Warp, 2010), ni même sur ses disques ambient et ses musiques de films précédents (Opalescent, 2001 – Contact Note, 2004 – Insides, 2009 – Music for the film Monsters, 2010).
Partant de là, en grands amateurs des Idiots vainqueurs de James Holden et d’une certaine house qu’on appelait alors progressive sur Border Community tout comme des expérimentations de Keiran Hebden aka Four Tet (que Jon Hopkins a remixé), on avait de grandes chances de plonger tête première dans l’électronica du Londonien, signé chez Domino, l’oreille irrémédiablement happée par les sirènes d’ambient ouatée, de textures à couper le souffle, et de basses hypnotiques à vous coller les pieds sur le dancefloor la tête dans les étoiles. D’abord sur Immunity donc, puis sur le récent Singularity (2018) dont seules les plages vocales éthérées nous déçoivent quelque peu. Mêlant pulsations synthétiques et sonorités organiques (quelques touches parcellaires du fameux piano dont le garçon apprit à jouer à la Royal Music Acadamy de Londres), hédonisme techno et ambient abstraite, glitchs ingénieux et pénétrants, Jon Hopkins devrait singulièrement briller dans la nuit qu’on espère étoilée du Fort St Père.
Jon Hopkins (live) – La scène du Fort – Jeudi 15 août – 01h00
Lena Willikens
On risque tout autant d’apprécier la prestation de l’Allemande Lena Willikens signée chez les toujours décalés et créatifs Cómeme (mené depuis 2009 par Matias Aguayo) que d’aucun.e.s avaient déjà pu apprécier sur l’édition 2016 de Maintenant. Basée d’abord à Cologne, désormais à Amsterdam, la jeune femme s’est fait connaître notamment par ses soirées au Salon des Amateurs de Düsseldorf, avec des sélections toujours un brin décalées, justement, si ce n’est imprévisibles. A noter un chouette set en double vinyle sorti en 2018 chez Dekmantel, totalement perché, sur lequel on retrouve le Rennais à peine moins déglingué Le Matin (ou là) (dont les chnasons électroniques sont sorties sur le label Poussières d’époques des copains de Blindspot) sur un titre dense, étrange et bien obsédant.
Lena Willikens offre des sets qui jouent avec les limites, donne une vision élargie du dancefloor, commet des productions particulièrement léchées (très chouette ep 6 titres -ou mini-album ?- Phantom Delia en 2015), qui allient sons bruts et mélancoliques, proto techno pleine de grains et minimalisme, textures abstraites et viscérales, et définissent un univers personnel particulièrement fascinant. Voire passionnant. Vivement.
Lena Willikens – La scène du Fort – Jeudi 15 août – 02h30
Seul.e.s sur le sable, ou presque…
Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 14h, c’est plutôt tôt en langage festivalier), vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours à St Malo même (renommée Plage Arte Concert pour l’occasion). Assurant les mises en appétit journalières, les doigts et les oreilles agiles de Discolowcoast lanceront les premières ablutions avec des dj sets dès 14h30. Tout ça, bien sûr, avant de vous étirer tranquillement sur votre serviette de plage au son de lives plus que prometteurs avec un concert chaque jour.
Le jeudi, remplaçant au pied levé la montréalaise Anémone, c’est Clémence Quélennec aka AJA, en vacances de La Femme, dont le premier titre Dune Solitaire devait être prémonitoire qui vous accompagnera de sa voix haute au moment de piquer votre première tête dans l’océan, et ce, avant la sortie de son premier ep en septembre (concert à partir de 16h15). Eux aussi avaient un nom à venir s’échouer sur la plage de la Route du Rock : Le SuperHomard jouera le vendredi à partir de 16h. Petites symphonies pop un peu à la manière des High Llamas, la musique des Avignonnais devrait être la parfaite bande son pour enchaîner brasses et dos crawlés tout en douceur, ainsi qu’on peut l’entendre sur leur récent et réussi Meadow Lane Park (Elefant Records, 2019). Quant à Laure Briard, elle entamait son dernier album Un peu plus d’amour s’il vous plaît (Midnight Special Rcds, 2019) avec le titre Marin Solitaire, avant d’enchaîner plus loin avec un Love across the sea, qui laissent penser qu’elle se trouvera également parfaitement à son aise devant les flots bleus et le public malouins dès 16h le samedi.
Tous les jours du jeudi 15 au samedi 17 août sur la plage du Bon Secours à Saint Malo de 14h à 17h
Pour les sporti.f.ves (pas nous)
Copacabana, le Maracana, c’est un peu, comme chaque année ce que deviendra la plage de l’éventail (en face du Palais du Gand Large) ce samedi 17 août de 13h à 17h pour la treizième édition de Sports are not dead (ça fait S.A.N.D.) sur le sable malouin. Technicien.ne.s, bénévoles, festivalier.e.s et organisat.rice.eur.s s’affronteront une nouvelle fois dans un tournoi de foot sur sable .
Mais pas que puisque vous pourrez également participer à des initiations de Touch Beach Rugby ou à un tournoi de volley ou de Dodgeball (ne nous demandez pas, depuis le temps, on ne sait toujours pas ce que c’est… disons une sorte de ballon prisonnier avec plusieurs balles ?). Sans oublier pour cette édition le retour de la sélection musicale indie de DJ La Rouff.
Sports are not dead – Plage de l’Eventail, St Malo – Samedi 17 août – 13h00
La Route du Rock Collection Eté 2019 aura lieu du mercredi 14 août au samedi 17 août.