Hier soir, la souplesse était à l’honneur, en deuxième partie de soirée au Chantier. Celle, d’abord, vocale et exalté -des rugissements- de la chanteuse de Chicago Rita J, qui a arraché à la salle des acclamations comme jamais. Celle, ensuite, tout en doigté et pantomime de DJ Freshhh, Rennais devenu maître dans l’art des mix groove / funk.
Ça commence fort tout de suite. Pas de tours de chauffe : la salle est fiévreuse et les platines brûlantes, après le passage, quelques minutes plus tôt, de Oslim et DJ Freshhh -déjà-, programmé à 21h30 mais reporté de près d’une demi-heure. Histoire de remettre le bar à flow, après un intermède de quelques minutes, Rita J attaque d’entrée. Une série de coups de couteaux balancés au public, qui s’anime de concert pour ne plus redescendre. Put your hands up. Une forêt de bras qui touche le ciel.
À ses côtés, le Rennais -qui scratch plus vite que son ombre- porte plutôt bien son deuxième concert de suite. « This stuff is really fresh », clament les vinyles du monde entier, en chœur avec Fab 5 Betty (Beside).
Née pour la scène à Atlanta, révélée à Chicago
Rita J c’est une jeune fille née pour la musique, qui s’est ouvert une place dans un milieu presque exclusivement masculin. Celui du hip-hop de la côte Est. Rita J, c’est Rita Jackson. Origine : Atlanta. Consécration : Chicago. Ancienne danseuse, elle est plutôt du genre à crever la scène.
Elevée au milieu de sonorités funk, soul et R&B des 70’s, Rita se plonge dans les vinyles de son père pour se forger un goût musical. Ses premiers prophètes se nomment Bobby Womack, le crooner, des groupes comme Slave, Shalamar, Stevie Wonder, ou encore Prince. À partir de là, elle s’est donnée un objectif : toujours aller plus loin dans l’expérimentation. Elle façonne par la suite sa propre culture musicale, à l’époque dorée du hip hop. Nas, son style, son flow, sa capacité à raconter. Black Thought, son vocabulaire et sa cadence.
Beauté et performance à l’unisson
Signée sur le label All Natural Inc. Elle fait aujourd’hui partie d’une nouvelle génération de rappeuse qui va changer la donne. Son premier album, « Artist Workshop », en est la meilleure preuve. Sur scène, au Chantier, elle pousse son art encore un peu plus loin, éffusion de sonorités obsédantes, remix de tubes 80’s –Another one bites the dust-, elle enchaîne au chant avec une cadence carrément hypnotique. Elle digère tous les genres d’un trait, pour mieux les recracher. Jazz, house, hip hop mais aussi soul ou electro.
Rita J, c’est une female emcee qui rejette le modèle de la hood bitch (femme objet ou garçon manqué). La beauté et la performance, enfin réunies.