Alors que l’année approche de sa fin, on vous propose de se repencher sur les chouettes moments de 2023 dont on n’a pas eu le temps de laisser une trace écrite. La seconde édition du Pies Papa Pop Festival de l’association Des Pies Chicaillent avait lieu les 9 et 10 juin 2023 au Jardin Moderne et ce fut une réussite exemplaire. On revient donc rapidement (mais en images) sur la très belle soirée inaugurale du vendredi 9 juin 2023 qui rassemblait Selen Peacock, Oruã, Italia 90, Ribbon Stage (de justesse !) et What Are People For?.
Le défaut de l’abondance d’excellents concerts sur Rennes et d’être un webzine associatif animé uniquement par des bénévoles, c’est que, trop souvent, on n’a pas le temps de rédiger un report écrit de très chouettes soirées. On poste bien quelques photos sur les zéros sociaux mais on a aussi eu envie de laisser une trace de ces très bons moments sur notre site. Nous vous proposons un retour rapide mais en images sur les meilleurs concerts de 2023 frappés par cette triste malédiction.
Le premier article de cet série revient sur l’épatante seconde édition du Pies Pala Pop Festival. Un nouveau festival de musique sur Rennes, c’est toujours une bonne nouvelle. Cela l’est d’autant plus quand c’est l’association Des Pies Chicaillent qui franchit le pas. Depuis 2016, la belle bande s’ingénie avec une énergie réjouissante à pimenter les scènes rennaises les plus incongrues avec de savoureuses petites touches d’indie pop/rock frondeuses. Cela manquait franchement à la tambouille sonore locale et nous leur en sommes hautement reconnaissants. Des découvertes, des pépites, des légendes… l’asso a l’esprit large et aventureux. Leurs soirées ont, de plus, toujours le petit supplément de chaleur humaine et de passion qui les rend hautement sympathiques. Tout ce bel esprit est fort logiquement concentré dans leur épatant Pies Pala Pop Festival. Après une formidable édition inaugurale en 2022 qu’on vous a raconté ici et là, l’événement revenait les 9 et 10 juin 2023 au Jardin Moderne pour un second round tout aussi mémorable.
PLATEAU CANAL B DU VENDREDI 09/06 : Pour vous plonger ou vous replonger dans l’événement, on vous incite chaudement à écouter ou réécouter l’émission spéciale de Canal B de cette première journée avec Quentin à la technique et Eric à l’animation et l’impeccable traduction et à laquelle nous avons eu l’immense plaisir de participer. On y a rencontré (trop) brièvement Baptiste de Des Pies Chicaillent ainsi que tous les groupes de la journée (sauf Ribon Stage alors coincé en Mayenne).
Selen Peacock : Rêve d’ouverture
Les festivités démarraient avec l’Objet Musical Non Identifié de la soirée ; Selen Peacock, Autour de Johan Saint, auteur et compositeur des chansons à la guitare et au chant, on retrouvait Morgane Carnet (synthés, saxo ténor et chant), Martin-Oger Daguerre (saxo alto, orgue, percussion), François Le Roux (basse et clavier basse) et Augustin Bette à la batterie. La bande venait défendre son excellent Horizon Fondu, un troisième album pétillant et d’une réjouissante liberté. Ils vont nous offrir un délicieux moment entre chanson jazzy décalée et pop psychédélique. On ressort ravi de ce démarrage tout en délicatesse mais un peu frustré car on en aurait bien écouté quelque morceaux de plus. On guettera avec grande attention les prochaines aventures du groupe en tout cas.
Oruã : Indie Brazil
La (petite) déception de la soirée fut Oruã. On était très curieux d’entendre en live cet étonnant collectif brésilien qui a eu le privilège de servir de backing band à Doug Martsch (pour des tournées de Built To Spill). Malgré d’évidentes qualités techniques, leur musique à la fois rêveuse, joyeuse et rageuse peine à décoller sur scène. On ne passe pas un mauvais moment, loin de là, mais on aurait tant aimé que leurs morceaux nourris aussi bien des tensions sociales brésiliennes que de toutes leurs tournées s’embrasent davantage en live.
Italia 90 : Post England
Les new yorkais de Ribbon Stage étant coincé en Mayenne, c’est finalement les quatre gars de Brighton d’Italia 90 qui enchainent derrière. On ne sait pas trop si c’est ce décalage ou les problèmes de micro mais le début de leur set manque un peu de mordant. C’est vraiment dommage vu le potentiel énorme du post-punk millimétré de leur excellent premier album Living Human Treasure. Heureusement les lascars vont savoir monter en puissance et la dernière partie va faire honneur au potentiel explosif de leur post-punk sous haute tension. Quel panard de hurler en leur compagnie New Factory.
Ribbon Stage : Survivre à la Mayenne
Ils ont bien failli ne jamais arriver suite à de désagréables mésaventures sur leur date précédente (ils auraient dormi en compagnie de rats semble-t-il !) mais le quatuor Ribbon Stage, grâce à la pugnacité et la réactivité de la belle bande de Des Pies Chicaillent, est finalement bien là. A peine descendu du van et sans balance, ils nous offrent un concert chaotique, un peu bancal mais diablement vivifiant. On y retrouve tout l’esprit des groupes du mythique label anglais des années 90 : Sarah Records. ça ne chante pas toujours très juste, on y change régulièrement d’instruments au fil des morceau sans grand soucis de la technique mais on y savoure avec grand plaisir leurs mélodies d’un évidence totale jouées avec une belle énergie.
What Are People For? : Philosophie du dancefloor
Le fines gâchettes de Des Pies Chicaillent avaient bien gardé le meilleur pour la fin. La plus excitante chelouterie de la soirée nous venait ce soir là d’Allemagne et s’appelle What Are People For? Derrière cette vertigineuse question (A quoi servent les gens ?) se cache un groupe munichois aussi étrange qu’excitant composé d’Anna McCarthy (chant et interprétation), Manuela Rzytki (machines, chant et danse), Paulina Nolte (chœurs et danse) et Tom Wu (batterie et chorégraphie avec baguettes). Le quatuor vient interpréter leur excellent What Are People For? sorti à l’automne 2022 sur Alien Transistor Records (le label des frangins Markus et Micha Acher de The Notwist). On aime beaucoup la réjouissante dinguerie qui émane de cet album mais tout ça va prendre une toute autre dimension en live. Sur des boucles épurées mais irrésistibles et des rythmiques méchamment 80’s, la bande chante et danse avec une élégante nonchalance et une ferveur fascinante des textes d’une étrangeté profonde et d’une drôlerie méchamment incisive. Cette tornade punky et colorée embrase le public avec une énergie de possédé qui fait qu’on ne sait jamais si on doit en rire ou en avoir peur. Réussir à mêler profondeur et complexité avec un plaisir physique immédiat n’est pas un mince exploit et c’est pourtant ce qu’elles vont parfaitement réussir. Leur set conclut en feu d’artifice cette première journée de déjà très haute volée. Et pourtant, le lendemain va être encore meilleur.