La Cie 52 Hertz s’attaque à un mythe et non des moindres : celui de la sirène, cette figure féminine qui peuple les récits et nos imaginaires. Avec humour, fouillis et plastique(s).
Un décor tout en plastique et en polystyrène, un peu à l’image de nos océans actuellement… Trois jeunes femmes nues font leur apparition sur scène et vont se vêtir de queues de sirènes faites de bric et de broc (mais surtout de polyéthylène).
En fond sonore, des voix singeant probablement une émission de France Cul(ture) et une liste à la Prévert de mots lâchés entre deux ânonnements ou borborygmes qui ne manquent pas de faire sourire : Nature / Peinture / Neptune / Monstre / Mythe / Ovide / Homère / Chimère / Fantasme / Féminin / Poisson / Attirance / Walt Disney / Hollywood / Frustration / Homme / Queue / Sauvage / Exotisme / Altérité… Vous l’aurez compris, il va être question de sirènes sous toutes les coutures !
Elles seront d’abord démystifiées. En effet, oubliez la jolie sirène et son chant charmant ! Voyez plutôt ces êtres comme une meute de chiens œuvrant pour une lutte de territoires, avec un chant cacophonique, des grimaces étranges et des gestes saccadés.
Elles seront ensuite ridiculisées durant un ballet marin sur fond de lumière bleue océan et de sons technos. Animaux du zoo ? un peu, oui ! Qui se bagarrent méchamment pour un poisson tombé du ciel. La faim justifie les moyens…
Sans queue ni tête, les sirènes se maquillent outrageusement et se font les représentantes des plus beaux clichés et dialogues féminins improbables. Avant de se transformer en autruches bruyantes. N’y voir aucun lien de cause à effet ou de parenté.
Vient le tour de la mythologie d’être broyée menue. La beauté des corps sculptés laisse place à un Titanic revisité au pipeau, à une nature en feuille sacrément gonflée. Le chant de la sirène homérique ressemble méchamment à celle d’une fumeuse de gitane… La sirène tacle sa propre mythologie et l’imaginaire lisse qu’elle occupe auprès des humains.
« A la base, on est tous des amphibiens ». C’est la femme à tête de poisson et au son des profondeurs qui clôture le spectacle. Avec une soupe de pensées sur les mythes, le patrimoine, la nature et la culture. Seuls les bruits de la banquise permettent aux sirènes de s’échapper, comme prises à partie dans des filets de plastique. Métaphore océanique pas écologique assurément…
On sort un peu partagée de cette représentation un brin fouillis, où on a fini par rire et sourire. Une chose est sûre : notre relation à ce qui est étrange ou exotique est bien questionnée ! Le public a semblé apprécier la performance, nous, on l’avoue, un peu moins…
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