Retour sur Mythos 2018 – L (Raphaële Lannadère) et Clara Luciani @ Cabaret Botanique

Retour sur une soirée féminine à Mythos 2018, entre L-Raphaëlle Lannadère et Clara Luciani.

L (Raphaële Lannadère)

Il fait chaud dehors en cette fin d’après-midi du vendredi 20 avril, et davantage encore sous le chapiteau du Cabaret Botanique. Malgré ce temps estival, c’est une Raphaële Lannadère en proie aux microbes qui entre en scène accompagnée d’une théière et d’une tasse remplies d’une infusion aux vertus thérapeutiques censées permettre à son larynx de tenir jusqu’à l’issue du concert.

Alors que sur l’album les arrangements de Clément Ducol reposent sur un quatuor à cordes, un peu de harpe et de piano et quelques son synthétiques, la configuration pour le live à été revue à la baisse, avec un line up un peu inhabituel. L est en effet accompagnée par deux violoncellistes, ainsi qu’un clavier/percussionniste œuvrant avec parcimonie : quelques notes de synthé analogique pour assurer la ligne de basse par ci, quelques rares percussions par là. Mais malgré cet enrobage frugal (3 musiciens jouant chacun d’un instrument essentiellement monophonique) le charme opère néanmoins : ici le peu rime avec le mieux.

Vêtue d’une sobre robe noire et sans artifices, L déroule principalement les titres de son nouvel album Chansons, et l’écrin du Cabaret Botanique convient parfaitement à l’atmosphère intimiste d’un concert où la chanteuse nous emmène avec simplicité et naturel dans son univers : le train qui l’emmenait de Rennes à Dinard retrouver son premier amour (La Micheline), sa Meuse natale (La Meuse), la tuerie d’Orlando (Orlando), ou encore l’hommage à la chanteuse et amie Lhasa (Sur mon île) extrait de l’album précédent. Après une petite heure de spectacle, c’est à regret qu’on le quitte.

Clara Luciani

Style plus enlevé de l’artiste suivante oblige, la salle passe en configuration debout à l’entracte, montrant la différence de jauge entre les deux situations : avec le même nombre de personnes dans la salle, la cabaret botanique semble soudain bien vide une fois les chaises retirées et le public agglutiné devant la scène.

La longiligne Clara Luciani fait alors son entrée, accompagnée d’une formation pop standard : un guitariste, un bassiste, un clavier et un batteur. Dès les premières notes, le timbre grave et profond de la chanteuse évoque celui de Nico, même si la marseillaise dispose d’un registre nettement plus étendu et est aussi capable d’aller chercher des aigus d’une voix légèrement voilée qui n’est pas dénuée de charme : on penserait presque à Françoise Hardy.

Tout comme L, Clara Luciani base son set essentiellement sur les titres de son dernier album, et on a deux bonnes raisons de ne pas lui en tenir rigueur :
– C’est plus ou moins la norme pour ce format de concert d’une petite heure dans le cadre d’un festival
– Elle n’en a pas d’autre à son actif

Les titres s’enchainent, et comme dans leur version studio, on a le loisir d’apprécier combien nombre d’entre eux sont bien écrits et efficaces : le mélancolique Monstre d’amour, La dernière fois et son côté variété/pop française eighties, l’intimiste Drôle d’époque, l’indie rock 90’s Comme toi qui renvoie à Stereolab, le dansant La baie (version française d’un titre de Metronomy, le mérite en revient donc à ces derniers en l’occurrence), Eddy dont la grille d’accords du refrain fait écho au célèbre Glory box de Portishead… jusqu’au single La grenade qui vient clore le concert avant un rappel express.

Dit comme cela, cette énumération pourrait laisser penser que l’album de Clara Luciani est un genre de fourre-tout à base de copier/coller de styles sans rapport les uns avec les autres, mais il n’en est rien. C’est peut-être même là le tour de force de son auteure : agglomérer des influences aussi variées et les faire siennes en un tout parfaitement cohérent.

Bilan : deux chanteuses + deux styles = une bonne soirée pour les oreilles.

Retrouvez tous nos articles sur Mythos 2018

1 commentaires sur “Retour sur Mythos 2018 – L (Raphaële Lannadère) et Clara Luciani @ Cabaret Botanique

  1. Edouard Martin

    Le son de L était tout simplement merveilleux. Délicat, fin, une voix incroyable. Mon meilleur concert de l’année !

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires