Vingt cinq ans après leur formation puis la sortie de leur premier album I could live in hope et ses notes suspendues, Low continue de fasciner. En témoigne ce nouvel album, Double negative, où les inventeurs à leur corps défendant du « slowcore », sorte de rock minimaliste au tempo très lent, parviennent à se renouveler.
Après avoir initié un style auquel ils se conformeront pendant une décennie, leur musique va peu à peu évoluer avec l’introduction d’instruments autres que le trio guitare/basse/batterie, et l’augmentation ponctuelle du tempo sur certains titres plus enjoués (toutes proportions gardées). Low marque une rupture stylistique plus franche en 2015 avec l’avant-dernier album Ones and sixes, qui voit l’utilisation plus massive de l’électronique dans la musique du groupe, même si celle-ci avait déjà fait quelques incursions dans leur discographie antérieure (Drums and guns – 2007). Ce nouvel opus Double negative est l’aboutissement réussi de cette mue, où la batterie acoustique a quasiment disparu et où guitare et basse se font discrètes, noyées dans les traitements électroniques.
Le groupe n’a jamais particulièrement cherché à faire des albums accrocheurs, et cette nouvelle livraison n’en est que la confirmation. A la manière de Portishead (en plus prolifique) qui a fait fi de la popularité pour livrer des disques de plus en plus hermétiques et sans concessions, Low va au bout de la route qu’il s’est tracée et produit un album extrême, mais extrêmement intéressant.
Si Ones and sixes était un également un album réussi mais plus immédiatement plaisant, Double negative en est le double obscur. Il fait écho à son prédécesseur, tel une ombre projetée distordue par les traitements infligés aux morceaux en post-production. On pense au Consumed de Plastikman ou au Loveless de My bloody Valentine pour le jusqu’au boutisme de la démarche, menant à des albums ardus dont la beauté aride ne se révèle pleinement que lorsqu’on prend le temps d’apprendre à en apprécier les richesses.
Bien que Double negative comporte des morceaux extrêmes à la limite du bruitisme tels que Quorum:
Dancing and blood:
ou Tempest, on y trouve également des titres plus aériens comme Fly:
ou Always trying to work it out:
Mises ensemble, ces chansons constituent une nouvelle pierre, diamant noir aux reflets parfois lumineux, qui vient couronner l’édifice déjà imposant que représente la discographie des mormons du Minnesota. A écouter et à réécouter…