Comme chaque année depuis 2015, un rassemblement en mémoire de Babacar Gueye, jeune sénégalais tué par la police dans le quartier de Maurepas, est organisé par le « Collectif Justice et Vérité pour Babacar » ce samedi 1er décembre à 13h12.
Alors qu’il est hébergé chez des ami·e·s dans le quartier de Maurepas, Babacar Gueye, jeune homme d’origine sénégalaise, fait une crise d’angoisse dans la nuit du 3 décembre 2015. Le voyant en grande détresse psychologique, son camarade veut lui venir en aide et appelle les secours. Mais à la place des pompiers, ce sont des policiers qui interviennent dont 4 agents de la BAC (Brigade Anti-Criminalité). Dans un contexte post-attentat et d’état d’urgence, l’un d’eux va se sentir menacé par le couteau que Babacar Gueye utilise pour s’automutiler. Le policier fait feu. Babacar Gueye meurt, atteint par 5 balles dont deux mortelles. Il avait 27 ans.
Après cette mort tragique et les intox déversées par certains articles de presse (voir ci-contre), une première marche commémorative rassemblant plus de 300 personnes est organisée le 8 décembre tant l’émotion était grande. Émotion allant bien au-delà de la seule communauté sénégalaise (lire ici). Ses ami-e-s, des citoyen-ne-s et des militant-e-s associatifs se rassemblent alors au sein du « Collectif Justice et Vérité pour Babacar ». Celui-ci a pour but de soutenir la famille Gueye et de suivre l’évolution de la procédure judiciaire. C’est aussi et surtout l’occasion d’alerter l’opinion publique, de dénoncer les violences policières et de faire front face à la propagande des médias dominants : « Ce crime n’est ni anodin ni le fruit du hasard. Il est à appréhender comme une illustration du racisme d’État et du rôle de la police dans les quartiers populaires(+) ». Jérémie Gauthier, chercheur à l’IRIS-EHESS, sociologue, spécialiste du travail policier observe à ce sujet qu’ « il y a un phénomène de “propriété policière”, il y a des groupes et des espaces sociaux particuliers où la police se dispense d’obéir aux règles de droit » (lire ici). Une thèse que partagent d’ailleurs certains experts du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme qui ont récemment demandé à la France de faire la lumière sur différents cas présumés de violences policières craignant qu’ils ne soient « pas des incidents isolés », tout en s’interrogeant sur « l’impunité » pour les policiers mis en cause (lire ici).
Le parquet de Rennes a de son côté classé l’affaire sans suite en juillet 2016 suite à l’enquête de l’IGPN. Mais Awa Gueye, la sœur de Babacar Gueye, va obtenir après 15 longs mois la réouverture de l’enquête suite à la nomination d’une juge d’instruction. Aujourd’hui, devant l’inaction des précédents avocats, le collectif décide de se tourner vers une nouvelle avocate. Désormais, Maître Gwendoline Tenier dont nous vous avions dépeint le portrait ici et là, reprend le dossier. Une information qui redonne force et espoir puisque, celle qui aime comparer l’art oratoire de certaines de ses plaidoiries à un flow de rap aux punchlines aiguisées, s’est construite une solide réputation. C’est elle qui, en tant qu’avocate de la partie civile, poussait l’ex-patron de la BAC dans ses derniers retranchements et obtenait sa condamnation retentissante à 10 mois de prison avec sursis (lire ici). Pour ne rien oublier, pour exiger vérité et justice, le collectif appelle donc à une nouvelle marche commémorative le samedi 1 décembre prochain.
_______
→ Babacar, tué de 5 balles par la police de Rennes
→ Violences policières : un phénomène grandissant ? (France Culture /2018)
Tous nos articles sur BABACAR GUEYE :
[03 Décembre 2016] – Un jour, une photo… Marche en hommage à Babacar Guèye
Un an après la mort de Babacar, vérité et justice se font toujours attendre…
[02 Décembre 2017] – Un jour, une photo : « Pas de justice, pas de paix… »
Tous nos articles sur les violences policières :
[11 Mars 2017] – Un jour, une photo… Nouvelle manifestation contre les violences policières
[18 Février 2017] – Un jour, une photo… Nouvelle manifestation contre les violences policières
[08 Février 2017] – Un jour, une photo… Rassemblement en soutien à Théo et contre les violences policières
Procès de l’ex-patron de la BAC de Rennes – « Cela faisait longtemps que j’attendais ce moment… » (Gwendoline Tenier, Pénaliste)