Ce samedi, direction la campagne, la ferme de la Touche à Ercé-sur-Liffré plus précisément. Là, un boucher nous attend… C’est Mythos et la Cie Mirelaridaine qui invitent.
Pleine campagne, une bâtisse en pierre, des dépendances, une étable, des vaches, un cheval, l’odeur de l’exploitation fermière. Le boucher du coin nous attend. On entre à petits groupes dans sa boutique. Vegan, s’abstenir ! un gros morceau de barbac sanguinolent trône sur le vieux billot. Ambiance villes pub vintage, hachoir Moulinex, TSF et boules à neige.
Ce boucher bavard cherche désespérément l’ingrédient secret qui manque à la recette du pain de viande de Tata Victorine… Ce faisant, il tapote amoureusement ce kilo de viande en évoquant les histoires de la Comtesse du Tendre. Évocation à léger effet soporifique puisque notre boucher s’affale en ronflant sur son billot.
Mais venez, entrez à pas feutrés avec nous dans cette ferme, dans ce conte aux multiples cuisines et dépendances…
Au salon de thé-devinettes :
Chouquettes et tisane au menu dans cette salle à manger vieillotte. La vieille horloge sonne les secondes, notre hôte observe son châle comme on fait défiler les grains d’un chapelet. Les tasses sont dépareillées mais qu’importe, l’heure est au temps. Celui qu’il ne faut pas tuer, qui peut être divisé ou questionner…
Où l’on soulève des montagnes (de bois)
Direction la Ferme des Grands Chemins. Une grange, un vieil établi, de la terre battue. Un homme habillé d’un « rouge de travail » déplace des bûches. Travail de forçat. Admire des libellules. Travail d’horloger précieux. Et recommence.
Le 7è art du hachoir à viande-projecteur-son
Sous le feu des projecteurs, cette histoire sanguinaire connue de tous : Barbe-Bleue. Cet ogre, ce boucher, qui conservait ses femmes tels des quartiers de viande dans sa tour. « Avez-vous vu Anne ? » et si nous la cherchions derrière l’étable ?
Entre feuille de boucher et coupe-choux, son rasage balance…
Une salle de bain est improvisée dans le hangar-étable. L’homme se rase, à l’ancienne. A la feuille de boucher. Nostalgie professionnelle ? Tendance suicidaire ? Il écoute pourtant Radio Bleue, la Radio des Temps Heureux…
« Je lui dirai les mots bleus… »
Nous voilà invités sur le plateau de l’émission « Les mots bleus ». Casques vissés sur la tête, oreilles amusées par les vieilles réclames (Viandox ou la Vache qui rit en espagnol).
L’animatrice à la voix douce et suave, qui n’a rien à envier aux Fipettes, interroge ses auditeurs : « Que vous évoquent les mots bleus ? ». Un bonheur entre océan finistérien, mers du Sud, ciel et rêves…
Il était une fois dans l’Ouest de l’étable
Quand soudain, quittant la radio, la porte de l’étable se lève. Dans la lumière, au fond du bâtiment, un cow-boy.
La porte se referme sur nous. Les ballots de paille bruissent. L’homme à l’harmonica d’Ennio Morricone résonne dans l’étable. Nous sommes à Flagstone-sur-Liffré. Il fait presque chaud. Le tueur, en combinaison de travail agricole bleue des mers du sud, fait face à Charles Bronson. La tension est palpable, les regards se toisent, les vaches observent ce duel inhabituel avec intérêt… Les deux échappés du western se rapprochent dangereusement.
On ne vous dira rien. Sauf que la vengeance est un plat qui se mange froid, avec une rose et une clé de 15…
Au bureau
Car tout bureau peut se cacher dans le hangar-niche du John Deere flambant neuf ! Elle, c’est la secrétaire. Qui troque ses bottes aigles contre de précieux escarpins rouge. Qui tape des rapports au rythme de l’accordéon. Encore et encore. Avant de s’endormir. [Décidément l’air de la campagne est bien soporifique !]
Les Laitières et le Petit Poucet
On jurerait presque qu’elles sont sœurs siamoises. Entre genu valgum et genu varum. Elles nous entraînent au son des pots à lait dans un chemin creux… Où nous croisons le Petit Poucet. Qui prend le groupe en charge et nous guide sur le chemin, pavé de cailloux blancs.
Tango et jonquilles
Trois belles endormies, qui, au son du bandonéon, s’éveillent et entrent dans la danse. Un trio-tango des plus rafraîchissants !
Approchez, approchez !
Cette ferme regorge de surprises et de lieux incongrus. Et au détour d’un mur, une minuscule crèche devient un magasin d’alimentation générale, tenu par un boucher junior, qui vante sa dînette avec autant de gouaille et d’aplomb qu’un bonimenteur !
Le pain de viande du Boucher
Ce dernier s’est enfin réveillé… Et nous quittons « la scène » avec une glacière. Et un pain de viande à dévorer, sous l’œil de ses propres congénères.
Mise en abyme culinaire totale pour ce spectacle à la ferme que nous avons fortement apprécié. Si le fil de la déambulation est parfois ténu, cette balade dans les rêves du Boucher fut malgré tout un vrai régal. Un bel univers, poétique, bienveillant, créatif, gustatif et infiniment drôle. Par gourmandise, on en redemande !
Merci la Cie Mirelaridaine et tous les habitants qui ont œuvré pour ce spectacle. Les citadines que nous sommes sont conquises par les charmes de la campagne !
Photos : Catherine Gaffiero – La Vie Invisible
Bonjour,
Merci pour ce très bel article, les photos sont superbes.
Par contre « la Balade du Boucher » faisait partie de la programmation du festival Mythos, mais c’est une proposition du CENTRE CULTUREL DE LIFFRE, tout a été organisé par le centre culturel. La compagnie Mirelaridaine va travailler jusqu’en 2016 avec Liffré (15 minutes de Rennes) et nous réserve encore de belles surprises. N’hésitez pas à consulter les pages culture du site de la ville ou le faceboock de centre culturel.
Encore merci pour cet article.
Belle journée à tous