Une petite semaine avant les Tombées de la Nuit, alter1fo est allé rencontrer le directeur artistique du festival, Claude Guinard: le festival 2010 à la loupe.
Un coup d’oeil trop furtif au programme des TDN 2010, et on peut avoir l’impression que la formule est la même que l’an passé. « Je ne crois pas, c’est difficile de comparer une année sur l’autre. Chaque année, la feuille est vierge, puis on joue avec la ville, il n’y a pas de lieu prédéfini. L’an passé, on avait plutôt mis en valeur le quartier de Cleunay et les berges de la vilaine; cette année, c’est un peu plus décentralisé, il me semble« .
Et cette année, justement, est-on tout de suite tenté de demander, c’est quoi les grosses attentes de la part du directeur artistique? « il y a les deux Pagnol, par la compagnie Marius, avec leur accent flamand, qui revisitent les oeuvres marseillaises, et qui les rendent universelles, à la manière des oeuvres de Tchekhov, par exemple. Et puis, on aime bien les belges, il y a aussi Trop de Guy Béart…, avec un regard posé sur la ville, où les spectateurs sont guidés, et qui termine de façon complètement perchée…Et puis il y a un pari: réunir tous ces gens différents sur le territoire du Thabor, pour un parcours poétique, la Nuit au Thabor. C’est un espace forain qui investit le parc, autour de l’enfer, on ne pouvait pas utiliser la roseraie. On a essayé d’y développer des thématiques très populaires.«
Et niveau musique? l’année dernière, le festival avait innové en proposant un hommage à la chanson napolitaine, sur une idée du journaliste Richard Robert. « Oui, Richard est un complice du festival. Avec lui, on a eu l’idée de la carte blanche à JP Nataf, qui viendra avec sa famille musicale, Mina Tindle ou Bertrand Belin. Du coup, JP avait envie de jouer avec les espaces qu’on lui donnait, de s’en emparer. Il jouera à l’Opéra et dans une installation au Thabor, sous un manège mis à disposition par un collectionneur rennais« .
Chaque année, niveau concerts, le festival rennais se distingue par un choix porté sur des personnalités singulières, qui donnent cet aspect décalé à la programmation. « Avec Philippe Kaufmann, on se fout de l’actualité d’untel. On s’intéresse au back catalogue, aux artistes qu’on a retiré des bacs. Du coup, on se retrouve avec des gens qui ont des choses à dire: général Alcazar, Blue little. Et ce n’est pas un club d’amis! Amparo Sanchez, c’est un coup de coeur, avec ce disque que je trouve magnifique, entre chanson cubaine et sons americana. Et pourtant, Amparanoia avec Manu Chao, c’était pas ma tasse de thé. Et puis il y a aussi Lewis Furey, ce type qui roule sa bosse, entre rock et musique savante. Il nous donnera, pour sa seule date en France, une version très épurée de son répertoire« .
Et Séville 82, c’est un clin d’oeil au mondial de foot? « Non, c’est un projet d’artiste, pas une commande de notre part. Il ont eu cette idée il y a un an et demi, en revoyant ce drame, cette demi-finale épique à Séville. Et les images de peu de qualité, l’aspect un peu râpeux correspondent à la musique de Red, cet électro-blues tirant vers le jazz ou Tom Waits. Vraiment une belle idée, un ciné-téléconcert, place de la mairie. On va essayer de retrouver le cadre des petits écrans, comme en 82, quand il y avait de retransmissions sur écrans géants, mais la télé dans l’appartement. Au début, j’ai pas pensé à la Coupe du Monde. Après coup, oui, bien sûr.« . En 2006, d’ailleurs, le mondial avait perturbé le déroulement du festival. Elimination des bleus oblige, pas de risque cette année. »en 2006, on avait annulé un spectacle à cause de France-Portugal. Par contre, on avait maintenu Place du Parlement. C’était un peu surréaliste, j’avais un peu les pétoches, il y a même un buggy sans lumière qui a déboulé au milieu de la foule. Mais bon, le spectacle s’est déroulé, c’était un ilôt de résistance« .
Et puis il y a les projets rennais que le festival accompagne. « Les Tours parlent, c’est un travail de Massimo Dean et Topik, un groupe de sociologues, qui s’interrogent sur la question du bonheur, avec au départ un travail de Arnaud Métivier auprès de ses élèves à la Binquenais, il y a un an. En fait, après la vague de violences dans les banlieues, ils trouvaient qu’on entendait que les mecs, pas beaucoup les filles. Ils voulaient entendre des choses qu’on a pas l’habitude d’entendre. Aujourd’hui, c’est plutôt auprès de l’ensemble de la famille, avec un regard sur l’urbanisme, la sociologie. Mais c’est une proposition que l’on ne cherche pas à récupérer, on veut leur donner une visibilité dans le cadre des TDN. Même chose avec Histoires de femmes et de lessive, au domaine Saint-Cyr. On leur donne une visibilité. Pour Histoire de femmes, Marine Bachelot évoque des choses peu connues, au sujet de ces femmes réputées de mauvaise vie qui travaillaient à Saint-Cyr. »
Plus que quatre jours, et le festival du début de l’été commence. On a hâte, forcément.
Wah génial !!
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