Ouverture du chapiteau en cumbia survoltée jeudi soir : la joyeuse bande de drilles colombiens programmés pour le premier jour du festival nous ont gratifiés d’un beau concert grisant de musique colombienne. Quelques minutes avant de monter sur scène, nous avions pu discuter avec Antonio Rivas à l’heure des petits fours.
Alter1fo: Antonio, est-ce la première fois que tu passes au Grand Soufflet:
Antonio Rivas: Euh…bien, c’est une question un petit peu difficile parce que le Grand Soufflet, c’est un festival avec beaucoup de « tentacules », beaucoup de villes qui en font partie, et je pense que j’ai déjà joué sans m’apercevoir que c’était le Grand Soufflet. D’après ce que me dit l’ami Etienne Grandjean, j’avais joué avec une formation de trois accordéonistes, avec René Lacaille et Raul Barbosa, donc a priori j’ai déjà joué deux ou trois fois.
J’ai cru lire que tu joues dans de nombreux endroits, tu es un grand « promoteur » de l’accordéon diatonique?
Oui, là je viens de faire quelques concerts au Canada, donc oui effectivement, je joue beaucoup en Europe, et ponctuellement un peu plus loin…
Et ta musique, ce n’est pas forcément du « pur » vallenato, non?
En fait, on joue les deux folklores majeurs qu’il y a en Colombie, la cumbia et le vallenato. Bon, le vallenato c’est un folklore qui a une fonction particulière, c’est avant tout la communication. L’accordéoniste a le rôle qu’avait le garde-champêtre autrefois en Europe : colporter les infos de ville en ville. Et ça a gardé cet aspect de chroniqueur local, en fait. Par contre, la cumbia c’est plus une danse, une chorégraphie qui a elle seule synthétise très bien le mariage culturel qui s’est opéré en Amérique du Sud. Et donc je joue essentiellement du vallenato et de la cumbia. Même s’il y a aussi d’autres rythmes que j’ai développé moi-même et qui sont très proches de l’un et de l’autre. Donc, en gros, 90% de cumbia et vallenato, et 10% de choses à moi, dans le cadre de la musique colombienne.
Le groupe est né à Montpellier, comment ça a commencé?
Oui, en fait j’étais étudiant à Montpellier, et puis le patron d’une boîte avait entendu parler de moi, et il m’a demandé de monter un groupe en dix jours, et c’était pas faux parce que 10 jours après, il y avait mon nom dans la presse. Donc j’ai dû courir et trouver deux musiciens colombiens, puis après le bassiste, argentin, est venu. On jouait en trio, puis en quintet, et aujourd’hui on est huit, avec deux danseuses. Ce soir, on sera en sextet.
Mais tu es aussi chercheur en physique, c’est pas trop compliqué de mener ces deux carrières?
En son temps, je faisais ça. J’ai passé une grande partie de ma vie dans les sciences, en France et en Colombie. En France, j’ai passé dix ans à faire un doctorat en physique des particules, puis, en tout, dix-huit ans en université; je crois que je suis le musicien qui ai fait le plus d’études au Monde (rires)! Puis en 1992, j’ai travaillé pour le projet « Koweit » de Cegelec. Avec l’invasion du Koweit par l’Irak, le projet a été arrêté, et je me suis dit que c’était le moment d’une année sabbatique pour voir ce que je pouvais faire en musique. Et puis je suis resté dans la musique…
L’année dernière, on a parlé avec Joan Garriga, des Troba Kung-Fu, qui nous a dit qu’il avait beaucoup appris auprès de toi…
Ouais, ouais Joan c’est un bon ami maintenant! Effectivement j’avais fait des « masterclass » en Catalogne et lui, il était plus intéressé que les autres; après il est venu me voir à Montpellier, plusieurs fois…Puis il a acheté le même accordéon que moi… (rires)…Et maintenant, il joue mieux que moi! Il fait une musique qui est un mélange de cumbia et de rumba, on l’a appelé la rumbia; Il est très sympa comme personne, très humble, très fort, il joue très bien…Vraiment un type bien qui a aujourd’hui en Espagne une belle renommée…
Merci Antonio pour cette rencontre