Après une semaine et demi de blocage puis de fermetures administratives, les cours ont repris à l’université Rennes 2, les bloqueurs ayant été délogés dans la nuit du 14 au 15 par les forces de l’ordre. La loi Pécresse sur l’autonomie des universités provoque l’agitation sur le campus de Villejean.
L’université Rennes 2 a toujours été à la pointe des mouvements étudiants. Alors, après plusieurs réunions d’information sur la loi d’autonomie des universités (dite LRU), l’Assemblée Générale des étudiants de Rennes 2 a voté le blocage de l’université à une faible majorité, le 6 novembre dernier. La faculté rejoint donc les quelques universités déjà en grève. Les cours sont interrompus, les débats, les A.G. et les votes s’enchaînent, se contredisent et la confusion règne sur le campus de Villejean.
Pourtant, il y a quasi consensus sur le rejet de cette loi. Les étudiants souhaitent un changement dans l’université mais pas l’autonomie et ses conséquences telle qu’elle est proposée. On parle même en A.G. des sans-papiers, des retraites, du pouvoir d’achat… Mais le débat rennais se porte essentiellement sur les modes d’actions pour exprimer le(s) désaccord(s) avec les réformes du gouvernement. La scission habituelle bloqueurs/anti-bloqueurs s’est donc recréée, amenant de vives tensions.
Le Hall B est alors occupé, les piquets de grève se mettent en place. Mais très vite la contestation se fait forte : lors des A.G. les décisions se prennent non sans facilité, les voix s’élèvent et on en vient même parfois aux mains. Un vote à bulletin secret est alors décidé. En attendant son organisation, une manifestation se déroule dans la ville jeudi 8 et réunit environ 3000 lycéens et étudiants, bloqueurs et non bloqueurs.
Durant le week-end, la coordination nationale étudiante s’installe dans les locaux de l’université rennaise et décide de s’opposer aux votes dits « démocratiques », vus comme une manière de casser le mouvement.
Lundi, tout le monde est sur le front : des étudiants bloquent, d’autres arrivent pour aller en cours, le président de l’Université essaye de prendre les choses en main. Une A.G. s’organise, vote le blocage alors qu’en même temps, le déblocage est décidé par le vote à bulletin secret. Les bloqueurs réfutent le vote, la fac reste bloquée et le président décide la fermeture administrative pour éviter tout risque de dérapage. Le hall B reste occupé tel un squat avec canapé, cuisine et salon par des personnes heureuses de vivre ensemble un combat global et commun.
Les manifestations de mardi puis de mercredi finissent par un face-à-face avec les forces de l’ordre. Deux arrestations. Mercredi soir, un groupe des bloqueurs appelés « autonomes » ou « néo-situationnistes » se fait évacuer pour laisser la place aux cours du lendemain. Les professeurs et le personnel, après une décision collective, se mobilisent pour remettre en place les locaux et accueillent les étudiants le jeudi matin. Un climat tendu règne depuis sur l’université, des vigils sont présents aux grandes entrées et des mesures de prévention sont prises par l’administration. Pourtant, jeudi, 40 facs (sur 85) ne fonctionnaient pas normalement et les étudiants grévistes de Rennes préparent déjà une seconde offensive… Saura-t-elle convaincre une majorité cette fois-ci ?