Étant usager du Service des Transports en commun de l’Agglomération Rennaise , il m’arrive de lire dans le bus.

 

Plongé dans la lecture d’un essai de l’excellent Albert Jacquard, je m’aperçois que je n’arrive pas à me concentrer sur son texte – pourtant accessible.

Mon esprit se porte sur le supplément sexo d’un magasine people, les bons d’achat d’une grande surface et mêlé avec les considérations sur l’égalité homme-femme de l’auteur , l’incitation de changer d’opérateur de téléphonie.

 

 

On entend dans le véhicule du STAR les voix tonitruantes d’animateurs rigolards me souhaitant une bonne journée, puisque ensoleillée mais surtout histoire d’attirer mon attention d’auditeur forcé sur les messages publicitaires qui suivent.

C’est vrai, il est des lieux public que l’on à envie d’égailler mais voyant mes co-voyageurs le casque d’ipod vissé sur la tête ou hurlant dans leur conversation pour pouvoir être compris de leur interlocuteur – ou pire – au téléphone.. on est loin de l’allégresse promise par les braillards de l’émission du matin.

Stations et volume « bloquées »
J’interpelle alors donc le chauffeur, n’ayant pas l’envie d’en supporter plus et la surprise est de taille :
Le conducteur m’avoue ne pouvoir ni changer le volume sonore , ni même la station. En gros les bus sont ils « bloqués » sur certaines stations à un volume sonore imposé aux agents et aux usagers.

Il se trouve , « hasard » de la programmation des auto-radios , que seules quelques stations – toutes commerciales – sont pré-réglées. On est donc contraint de « Passer un bon Week-end sur (biiiiiiip) avec (biiiiiip) votre solution assurance-vie »

Je m’étonne qu’une compagnie de transport urbain, elle-même partenaire de festivals prestigieux comme les Transmusicales, Travelling ou Rock’n Solex, impose à ses usagers ce que je considère comme la lie de l’ambiance sonore, comparé à ces festivals aussi pointus dans leurs choix artistiques.

Tous les goûts sont dans la nature…
Oui, tous les goûts sont dans la nature et je conçois que l’on puisse adorer être bercé des cahots de l’autobus et du dernier titre de Tryo , Lara Fabian ou une bonne rengaine des années 80 comme Wake me up de Wham!

Mais alors pourquoi aussi fort ? au point qu’aucune conversation n’est possible ?

Renseignement pris auprès d’un autre conducteur – correspondance oblige – il apparaît que le volume sonore de la « remorque » (c’est-à-dire l’arrière du bus) ne peut être modifié et qu’il est impossible pour le conducteur d’y régler une station de son choix.

Au terme, ou en prévision d’une dure journée de labeur, l’usager devrait avoir le droit, d’écouter sa propre ambiance sonore, discuter avec son voisin ou mieux, profiter des voix d’enfants, les bribes de conversation ou téléphoner en toute quiétude (c’est-à-dire sans hurler pour parler au risque d’incommoder son entourage) .

Certains conducteurs, respectueux de leur passagers (et de leur propre santé mentale, vu le temps qu’ils y passent) arrivent quand même à nous imposer un silence salvateur en coupant la radio, mais pas dans tous les bus…

Il était une époque ou tous les supermarchés étaient sonorisés, jusqu’à ce que les grand pontes du marketing s’aperçoivent que :
– Ça stresse le client et nuit a son conditionnement de consommateur passif
– Ça coûte cher en droits SACEM
– Ça couvre la voix de l’animateur « promo » du moment…

Le retour du calme dans les grandes surfaces à donc été salutaire pour tous….du moins un moment, puisque certains supermarchés diffusent leur propre programme à présent.

Des stations « musicales et locales » ?
Contactée, la porte-parole du STAR, confirme que « pour des raisons techniques » seules 4 radios dites « musicales » et « locales » ont été retenues.
Celles « parlées » étant exclues car peu audibles dans le bus. Bin oui, la pub du camembert, ça s’entend mieux qu’un débat éléctoral..

Les fréquences sont donc choisies pour des raisons techniques (de réception) et par choix éditorial (« musicales et locales ») mais sans accord avec la station choisie, dixit la porte parole.

Les heureuses élues étant chérie FM, Europe 2, Hit Ouest et le Mouv’ .
( cherchez la « localité », excepté quelques malheureux décrochages, on reste dans le standard national )

Malheureusement la seule station « musicale » et non publivore FIP n’a pas été retenue car non diffusée sur Rennes au moment du choix et sa diffusion dans les bus imposerait une re-programmation des engins de la STAR.
Et exit les vrais radios locales comme Canal B, Radio Campus Rennes ou Radio Rennes car trop parlées et « trop spécifiques ».
Bref, alors pourquoi imposer un volume sonore aussi élevé à l’arrière,des radio musicales qui sont en fait des vendeurs de tubes calibrés et d’espaces sonores publicitaires ?

90% des passagers …
Que penser de l’étude faite aussi par le STAR en 2006 affirmant que « 90% des passagers étaient satisfaits » de la diffusion de musique dans les bus? Avec un score pareil, digne d’un sondage par SMS, ou d’une élection soviétique, messieurs les conducteurs, à ne rien diffuser dans vos bus vous risquez l’insatisfaction de vos passagers !

 

Et pourtant, ça arrive… Merci, mes oreilles peuvent pleinement respirer !