Calme plat, à l’intérieur du bistrot le Pot d’Etain. Il n’est que onze heures, le patron et les serveurs sont assis au bar. C’est ici qu’Ollivier Leroy nous a donné rendez-vous, pour discutez de son parcours, de son nouvel album, et, surtout, de son futur concert à Bar en Trans. Pourquoi dans ce lieu ? Juste au dessus du bar, en haut d’un petit escalier, se trouve le label Caravane qu’il a créé en 2003, véritable plate-forme pour ses multiples projet.
Ollivier Leroy est encore jeune, pourtant, on ne compte plus les projets réalisés par ce passionné de World Music et de cinéma. Pianiste de formation, il obtient son Master en musicologie (sur la musique indienne) avant d’enseigner la musique, quelques années, dans un collège. L’enseignement ne lui correspond pas. Il faut qu’il chante, qu’il partage avec d’autres personnes sa passion pour l’art vocal, au-delà des bancs des écoles. « Plus jeune, je prenais des cours de chant avec un musicien américain, Bob Coke, qui m’a fait découvrir réellement la musique indienne et la théorie de cette musique ». Ce sera l’élément déclencheur. Dès 1995, il sillonne les festivals, en Bretagne, parfois au-delà, accompagné de ses créations. Ses premières réussites musicales, il les signe avec Pändip, Shafali, ou Mukta, des groupes Hindi Rock aux sonorités bollywoodiennes. C’est justement avec Olli and the Bollywood Orchestra qu’il connaîtra le succès public, qui lui permettra par la suite de se produire aux Transmusicales de 2004 avec succès.
Contreo, dix ans de maturation pour un projet unique
Sa voix est exceptionnelle. Une voix de tête, de contre-ténor comme on a plus l’habitude d’en entendre, sinon à l’Opéra. Farinelli et Purcell en sont les ambassadeurs les plus illustres. Ollivier Leroy décide de sortir du milieu de la World Music, d’évoluer avec ses envies. Emprunter un autre circuit, un circuit dont il ne connaît pas les courbes par cœur. Il revient au classique occidental, y ajoute ses influences électro, et lance le projet Contreo. Tout à fait originale, sa musique porte la renaissance moderne du chant sacré, le retour vers une esthétique religieuse par la musique. Une atmosphère mystique pénètre ses morceaux, ses trouvailles, qui, métissées à la modernité d’un habillage électro et d’un format pop, étonnent. Il suffit d’écouter le morceau phare de son nouveau disque, I wish, pour s’en rendre compte. « En Inde, la voix est le passeur entre les hommes et les dieux. Ici, les gens aiment ce genre de musique, car cela les éloigne d’une société qui ne pense que par la consommation. Ca leur donne à entendre autre chose. Il y a une sorte d’idéal que les gens apprécient dans ce type de chant. »
Le fait que l’économie du disque soit en crise, que ce type de musique ne soit pas ce que les producteurs recherchent en premier lieu, peu lui importe. Il est convaincu que si la musique est originale et aboutie, les gens suivront. L’idée du projet Contreo existe déjà depuis « plus de dix ans. J’y pensais régulièrement, je composais mais je continuais mes autres projets en priorité. Puis je me suis dis un jour qu’il fallait que je développe concrètement cette idée », explique-t-il. La rencontre avec Claude Guinard, directeur des Tombées de la Nuit, est déterminante. Celui-ci l’avait déjà soutenu pour Olli and The Bollywood Orchestra. Il lui présente Jean-Philippe Goude, un des plus grands compositeurs français contemporain. Le projet prend tout de suite forme. Ils ont l’idée d’y intégrer un orchestre symphonique, en complément de l’ensemble de Goude. C’est ainsi qu’accompagnés de l’Orchestre de Bretagne, ils se produisent en 2010 aux Vieilles Charrues. Le public, silencieux tout du long face à cette armée de trombones et de violons, explose comme un seul homme à la fin de la prestation. Pari réussi.
A Bar en Trans, une formule en trio
Au bar le Vieux Saint-Etienne, difficile de faire rentrer une armada de cuivre. « La collaboration avec l’Orchestre de Bretagne s’arrête là. Nous avons sortis l’album, nous allons essayer autre chose désormais. » Ainsi, les trois soirs du 9 au 11 décembre, ils ne seront que trois sur scène. Ludovic Mesnil à la guitare, Erwan Raguenes au piano et donc Ollivier Leroy au chant. Celui-ci ne s’inquiète pas du tout de passer à ce nouveau format, simplement car « la plupart des morceaux ont été composés avec une guitare et un piano ». Il reste juste à espérer que la charpente du bar résistera aux envolées vocales de ce virtuose de la mélodie.
Contréo le jeudi 9, le vendredi 10 et le samedi 11 au bar le Vieux Saint-Etienne, 43 rue de Dinan, à partir de 19h.
Retrouvez tous nos articles sur les Bars en Trans 2010