A l’ouverture des portes, il ne reste plus qu’une poignée de places à la vente et déjà, on sent les prémisses d’une impatiente électricité dans la salle. Au cours de la soirée, l’Antipode MJC va d’ailleurs se transformer en étuve tropicale, les murs se couvrant rapidement de condensation et de sueur. La foule se trouvera consumée par l’incandescent talent des Mansfield.TYA au cours d’un live aussi chaleureux qu’abrasif, aussi dévorant qu’enflammé. Compte-rendu.
Pour commencer, l’Antipode a néanmoins fait le pari d’une première partie audacieuse, toute acoustique, confiante dans la capacité d’écoute et d’ouverture du public des Mansfield.TYA. On les en remercie.
Benjamin Jarry / Double Bind
En première partie, on retrouve ainsi le chouette projet de Benjamin Jarry Double Bind (vous pouvez lire son interview ici), autrement dit un quatuor deux violoncelles (l’un tenu par le compositeur Benjamin Jarry, l’autre par Suzanne Fischer), une clarinette basse (ou pas basse, par Clara Bodet) et un piano (Sandy Ralambondrainy). Installés en demi-cercle sur la scène de l’Antipode, les deux violoncelles se faisant face, les musiciens débutent par deux morceaux en quatuor, Heartless et Double Bind, justement. Benjamin Jarry utilise son violoncelle et des traitements électroniques pour boucler les différentes mélodies jouées sur son instrument à l’aide d’une pédale de boucles, un peu à la manière de Julia Kent. Mais c’est surtout autour de la répétition que tournent ses compositions. Les motifs se répètent pour s’entremêler progressivement comme chez Steve Reich. Compositions qui s’organisent sur la répétition mais qui se révèlent paradoxalement, à tiroirs, bifurquant d’un motif à un autre et révélant une grande variété. De façon étonnement accessible et complexe, même.
On se laisse une nouvelle fois gagner par le retour des mêmes motifs qui deviennent rapidement hypnotiques et dont les variations se révèlent progressivement. L’entremêlement des différentes voix et des différents timbres rend encore plus complexe la composition, qui ne se contente pas d’être répétitive, mais dévoile au contraire des ralentissements, des ruptures, des mises en exergue et des modulations propres à la narration. A côté de nous, une jeune femme souffle qu’elle se sent transportée au milieu d’un film. On dira cependant qu’on est plutôt du côté de Michael Nyman que d’Ennio Morricone. Du moins, en ce qui concerne les timbres.
On apprécie d’ailleurs particulièrement la belle étendue du spectre des timbres qui jouent ensemble (la clarinette basse donne une profondeur remarquable -on y entend même les trains de Steve Reich- aux voltiges des violoncelles, tandis que le piano apporte une richesse rythmique -et harmonique- supplémentaire).
Après ces deux morceaux en quatuor, dont l’un qui se finit dans un chaos sonore particulièrement orchestré, Benjamin Jarry reste seul sur scène pour une interprétation au violoncelle et au boucleur de Level 9, issu de son premier opus solo, Splendid Isolation, paru en 2012 sur le label Drone Sweet Drone Records. Un tapis de cordes s’installe et s’épaissit progressivement, tel un mille-feuilles My Bloody Valentinien au violoncelle plutôt qu’à la guitare, l’instrument se mettant progressivement à gémir. Le drone devient lentement sombre voire inquiétant. Avant que progressivement, la lumière ne revienne illuminer la composition qui se fait plus rapide. Dans la salle, beaucoup se laissent emporter. Pour finir, Clara Bodet, Suzanne Fischer et Sandy Ralambondrainy reviennent sur scène pour un dernier morceau : une reprise d’un groupe nantais, qui se trouve totalement transposée (enfin on imagine) dans l’univers du quatuor. Le public, une nouvelle fois, adhère et applaudit chaleureusement .
Mansfield.TYA
L’entame du set est déjà un uppercut bien senti. Avant même que les lumières ne s’éteignent, le cri hurlé d’un cerbère métallique résonne dans la salle. La foule se presse aussitôt devant la scène, où Carla Pallone (à gauche) et Julia Lanoë (à droite) s’installent chacune debout derrière un tom de batterie, une baguette dans chaque main et commencent le début de Cerbère, plongées dans une obscurité pleine d’ombres et de lumières crépitantes. On a toujours adoré la version live de ce morceau et on ne peut s’empêcher de frémir en pensant à la version époustouflante que le duo nous avait livré à la Cigale, d’abord derrière les fantastiques images de ThomR, puis seules sur scène.
Depuis, la version a été un peu modifiée (si on se souvient de tout) mais se révèle encore plus percutante. Après leurs deux voix qui se mêlent sur les boucles de ce cerbère hurlant, les deux musiciennes commencent à frapper leurs toms de concert, imprimant chacune une même rythmique sur les peaux tendues de leurs instruments, tandis que leurs deux voix résonnent dans les airs viciés et infernaux qui emplissent désormais la salle. Sombre, haletant, ce Cerbère vous saute à la gorge et ne vous lâche plus. Les plus inoffensifs deviendront sûrement les plus dangereux chantent Carla et Julia, leurs voix se faisant encore plus émouvantes sous les coups de tonnerre martiaux qui ricochent sous les frappes de leurs baguettes. On a déjà la poitrine oppressée. I do anything when the wolf steals my breath, disait Shannon Wright. Nous, on sent bien qu’on ne luttera pas. On finit le souffle coupé par un final a capella qui achève de mettre toute la salle d’accord, comme le prouve la longue ovation, entre applaudissements et cris, qui suit ce premier morceau de bravoure.
Mais on est loin d’en avoir fini avec ce début de concert qui vous essore ensemble le cœur et les sangs. Après avoir débarrassé la scène de leurs deux toms, Carla se saisit de son violon, tandis que Julia se tourne vers ses machines. L’espace scénique, minimaliste (les claviers à gauche, le pupitre avec les machines et l’ordinateur de Julia à droite) renforce encore la force de percussion de ce nouveau live et permet également aux deux jeunes femmes de jouer (souvent) sur le quasi bord de la scène, très proches du public. La fin des temps suit. Tout aussi crépusculaire, la rythmique plombée et lourde sature l’air, tandis qu’une nouvelle fois, l’archet de Carla fait frissonner l’âme. La voix de Julia monte, descend, devient rythmique haletante puis le morceau se transforme en mantra qui nous laisse exsangue. On attend, on attend on attend on attend répète Julia, ses bras et ses mains l’accompagnant dans une danse sysyphienne tout aussi scandée, heurtée et belle. Là encore, l’explosion d’applaudissements et de cris qui suit le morceau est révélatrice de la manière dont le duo a, en deux morceaux à peine, chauffé la salle à blanc. Nous, on a le cœur qui bat déjà fort et les yeux grands écarquillés par la qualité de cette première salve.
A chaque nouveau live, on a l’impression que les Mansfield.TYA font mieux. Mais là, avec la prestation de ce soir, on comprend qu’elles ont gravi les marches quatre par quatre et sont parvenues à des hauteurs (en terme de cohérence et de densité) où on ne les attendait (naïvement) pas. Et titre après titre, la suite du concert ne fera que renforcer cette première impression. Le public autour de nous semble tout aussi extatique et ravi. « Merci les ptits minous » sourit Julia, visiblement touchée par l’accueil, tout comme Carla qui remercie sans micro.
Après cette entrée en matière particulièrement dense et habitée, le duo qui aime frotter les contraires, se présente face à nous en version acoustique à deux violons pour un Cavaliers revisité qui va littéralement emporter tout le monde. Julia tient son alto comme une guitare, tandis que Carla pince les cordes du sien. Dans la salle, le silence est total. Tous les souffles faisant corps désormais avec les cordes pincées des deux violons. Je peuple le parc voisin de cavaliers sans monture commence Julia. Aussitôt rejointe par le public qui continue en chœur avec elle, à sa plus grande surprise (et son plus grand amusement). Ils se traînent dans les bois, ils meurent d’amour cent fois. Je souhaite qu’ils n’y arrivent pas, de vains efforts avant le trépas continuent nos voisins à gorge déployée. La mélodie tournante du violon de Carla finit de rallier les suffrages et c’est encore une longue salve d’applaudissements et de cris qui salue la conclusion de ce troisième morceau.
La chaleur dans la salle (au sens propre comme au figuré) est carrément palpable. L’amour échangé l’est des deux côtés, de la scène et du public. Avec toujours cette retenue qui fait, d’un côté comme de l’autre, se chambrer gentiment les deux parties. Car on l’a déjà dit, les concerts de Mansfield.TYA alternent moments qui serrent la gorge et rires irrésistibles. Avec un équilibre d’ailleurs juste bluffant, le duo parvenant toujours à nous emmener de l’un à l’autre en quelques secondes, nous déchirant l’âme juste après un éclat de rire. Et vice versa. Le propos peut-être mélancolique ou noir, les deux jeunes femmes contrebalancent toujours les serrements d’âme par les rires. Leur interprétation sonne toujours juste et intense, mais sans que jamais, elles n’aient la tentation/prétention de se prendre au sérieux. On n’en a pas vu beaucoup des artistes funambules qui maîtrisent ces changements de registre avec autant de justesse. On soupçonne que l’honnêteté et l’engagement avec laquelle elles interprètent chacun d’eux y sont pour beaucoup.
Sur Le dictionnaire Larousse, toujours à deux violons, c’est d’ailleurs cette alliance entre texte plein d’humour (avec quelques changement de paroles – on laisse la surprise à ceux qui iront les voir plus tard) et sublime interprétation à la finesse époustouflante qui va cueillir tout le monde. Pizzicati et arpèges se mêlent en contrepoint de la voix de Julia -et de celle de Carla qui double parfois en chantant dans le micro de son violon-. Là encore, la salle écoute sans en perdre la moindre nuance. Les souffles se figent alors sur un chœur aérien où les deux voix montent faisant frissonner toute la salle, dans un unisson qui nous colle au tapis. On pense retrouver notre souffle sur les facéties suivantes (de Fernand Fourreau à Brigitte Bardot). Peine perdue. Carla fait trembler les cordes sous son archet et le même chœur nous rétame tout pareil. On prend définitivement l’eau.
Ce n’est pas Loup Noir qui suit, qui va nous aider à reprendre pied. Le morceau (composé, écrit et interprété -sur le disque- avec Shannon Wright [on ne saurait que trop conseiller à ceux qui ont été/n’ont pas encore été grillé par la foudre Shannon de lire notre dernière interview de la musicienne américaine là et surtout d’écouter TOUS ses disques et d’aller la voir en concert] est déjà une tuerie en soi qui nous étreint l’âme et les sangs à chaque écoute. La version que vont nous en faire les deux jeunes femmes n’arrange pas nos affaires. Carla s’installe aux claviers sur la gauche, tandis que Julia seule au milieu de la scène, se livre à une démonstration vocale de haute tenue. L’interprétation épurée, nue, sans filet que les deux jeunes femmes nous offrent est tout bonnement bouleversante. On sombre, profond, dans les méandres de ce morceau beau à se pendre. Et quand sur la partie finale, la voix de Carla, magnifique, se fait tapis harmonique aérien pour la voix de Julia qui répète Loup Noir, Loup Noir, on rend définitivement les armes.
Profitant de cette faiblesse cardiaque momentanée ressentie par toute la salle (qui s’est elle aussi liquéfiée – mais crie de plus belle), les deux bourriques repartent pied au plancher pour un Des coups des Cœurs intense, dense et habité. Oubliez la version percussive et essentiellement acoustique de l’album (Nyx), le titre (comme les autres, on le souligne) a été complètement revisité pour le live. De lourdes boucles de basse emplissent l’air. Le morceau devient oppressant (voire angoissant). Julia, au chant, danse comme Elvis danserait l’apocalypse ou comme les quatre cavaliers découvrant les trainées de poudre noire que laisse cette musique derrière elle.
Debout derrière les claviers, Carla triture son synthé Minibrute. Le son vrille, comme si les machines devenaient folles. Stridences, delay, sons robotiques, pour une ambiance de fête de fin du monde. La salle frémit. Julia pose alors sa main sur la tête d’un spectateur bien perché qui se calme aussitôt et danse avec elle, de dos, face à la salle, les bras levés, avant de se retourner et de se prosterner à ses pieds. Fausses pauses dans ce déferlement qui submerge la salle, des passages suspendus de notes claires au clavier sur laquelle la voix de Julia, en delay répète, Emmène moi danser, danser, danser, danser… On se laisse hypnotiser par cette nouba noire, malade et détraquée, qui nous rappelle forcément un peu, de loin, la fête noire de leur copain Flavien Berger et on reste le cœur lessivé par ces montagnes russes.
A l’inverse des autres morceaux, celui-ci s’enchaîne au suivant sans pause. Les stridences s’amuïssent, pour devenir fréquences lentes et éthérées. Les deux jeunes femmes s’assoient alors côte à côte derrière les claviers avec une douceur renversante. On s’accroche une nouvelle fois aux yeux des deux musiciennes qui ne se quittent pas, à cette émotion invisible qui semble flotter entre leurs deux visages, comme un regard échangé. On reste happé, le regard tendu sur le fil de la complicité des deux jeunes femmes, ce lien à l’intimité et à la confiance inébranlables, à l’intensité à la fois troublante et rassurante, à la fois personnelle et partagée, que chacun dans la salle aspire à protéger.
Carla plaque les premiers accords d’un vieux morceau de June, The Day goes pale, sûrement inspiré du ciné-concert que Mansfield.Tya avait joué en 2004 sur le film Un chant d’amour (bouleversant) de Jean Genet et totalement transformé pour le live. Exit l’anglais et la rage de la version d’antan. C’est d’un direct tout en douceur dans l’estomac que nous étalent cette fois les Mansfield. Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour. Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes. On peut se demander pourquoi les cours condamnent Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour écrivait Genet. Les fulgurances poétiques de l’écrivain fendent l’air brûlant de la salle, et nous on tombe à genoux. C’est sans compter sur le chœur à deux voix qui suit, qui nous hache alors menu menu. Le public se laisse alors aller à taper dans ses mains, pour accompagner le morceau. Sauf que pour ce titre dont les paroles flottent sur les temps plutôt qu’ils ne tombent dessus (on n’est pas musicien, alors on a peut-être tout faux), il devient difficile de continuer de chanter. Julia explose de rire « vous m’avez perturbée, là » et tente malgré tout de reprendre ce couplet qui désormais lui échappe. Elles poursuivent quand même le titre, l’interprétant toujours avec autant d’émotions, mais l’achèvent en avouant nous devoir un couplet. Que Julia promet d’ajouter (à un public hilare) dans n’importe quelle chanson qui va suivre.
Mais aussitôt, du rire on passe aux boules dans le ventre. Pour oublier, je dors. A chaque fois on se fait cueillir par l’intensité avec laquelle Julia l’interprète. Sans fard, sans artifice. A nu. Carla debout, n’est pas en reste, et nous strie les chairs avec ses cordes bouleversantes, remue l’archet dans la plaie. Autour, dans la salle, le séisme Mansfield opère à nouveau, secoué par l’épicentre d’une expression dépouillée et entière. La foule fait corps. Crie, respire, se tait, frémit. L’archet de Carla finit de nous achever. J’ai défoncé ses dents pour qu’on ne me retrouve pas. A l’intérieur, ça chavire. Leur regard comme unique fil auquel se raccrocher, parmi les mots à l’encre qui tâche les âmes. Il faudra bien un jour qu’on dise à Carla et Julia que leurs cordes sensibles (vocales ou non) sont de celles qui s’attachent directement au cœur et à l’âme, voire les arrachent. Encore une fois, les applaudissement et les cris font grimper la température à l’aise. On n’est pas si loin de la mer du nord, mais avec les Mansfield, ça devient évidement Rio.
Carla (au violon) et Julia (au micro) s’avancent de nouveau très près du public pour une cover aussi intrigante que réussie, qui amuse forcément le public d’ici lorsqu’il la reconnaît (on nous demande même si elles ne la jouent qu’à Rennes). L’archet de Carla rebondit sur les cordes pour cette version dépouillée et rythmée Des arbres se penchent C’est plus fort, plus fort que tout. Accrochée aux branches, L’air me semble encore trop doux. Dans l´herbe écrasée, à compter mes regrets. Allumette craquée et tout part en fumée. Au refrain, les rires fusent, toute la salle (ou presque) a remis Niagara (Tandis que les champs Brûlent) et enthousiaste, se laisse charmer à la fois par les envoûtants « Ahahah » de Carla sur les refrains et la classe avec laquelle les deux jeunes femmes la revisitent. Mais aussi rigole des mimes amusés de Julia (des poussières dans les cheveux), dont les claquements de doigts et la voix groovent également de façon surprenante. Notre ami perché tente alors d’arracher le micro des mains de Julia, qui recule d’un bond en riant, déclenchant une nouvelle fois les rires. C’est d’ailleurs le même, qui une fois, le morceau achevé, lorsque Julia commencera à dire « c’était une reprise de... » l’interrompra en hurlant « Etienne Daho dans ton cul ! » Ce qui ne manquera pas de provoquer l’hilarité générale de chaque côté de la scène.
Sur Bleu Lagon qui suit, la salle se transforme alors de façon surprenante en dancefloor (voire en salle de gym façon Véronique et Davina, pour une chorégraphie du même garçon couché sur la scène les jambes en l’air). Le morceau commence pourtant par une intro au violon et une boucle rythmique sur lesquels Julia chante, avant qu’une deuxième boucle de cliquetis crépitants ne complexifie le rythme. Un pied four on the floor annonce l’arrivée du refrain et voilà que nos deux bourriques collent des fourmis de feu dans les jambes du public. Prouvant qu’il serait bien dommage de s’interdire de quelconques territoires musicaux. L’archet de Carla danse à toute allure sur les cordes, Julia lance les boucles. Je vais faire la fête à en crever chantent ensemble les deux jeunes femmes à un public en grande partie prêt à les suivre. Démarrent alors les stridences du début de La nuit tombe, que Carla décoche de son archet glissant au bas des cordes de son violon, concentrée à l’extrême. Le superbe travail sur les lumières participe à faire de ce set un joyau brut et noir. Pour la première fois dos à dos, mais tout aussi intensément reliées, Julia au micro face aux machines, et Carla la tête penchée sur les cordes, ne lâchent rien et nous plongent à nouveau dans des ambiances sombres, construisant progressivement, nappes après boucles, une cathédrale nocturne (le texte de Julie Redon n’aurait pas déparé sur Nyx), marquée tantôt par une rythmique martiale et lente, un violon tournoyant devenu quasi fou, des basses lancinantes et des ambiances chaotiques. Le son s’épaissit de plus en plus et l’on se perd dans les dédales de ce palais noir. Le titre finit une nouvelle fois dans les cris, la salle ayant pris ces déflagrations finales direct dans la poitrine. On le répète, qui donc affirmerait que le corps c’est l’enfer (Corpo Inferno ?), tout en composant une musique aussi immensément charnelle ?
Forcément, dans la salle, ça applaudit à tout rompre, et ça crie tout autant. D’autant que les deux musiciennes remercient chaleureusement le public et quittent la scène avant un rappel en deux temps, marqué à chaque retour/départ par un cataclysme d’applaudissements. Personne n’oublie d’ailleurs que Julia nous doit un couplet.
De retour sur scène, Julia accompagne pour la première fois de la soirée à la guitare le violon de Carla sur Je ne rêve plus. Devenir cinglée Et se taper La tête contre les murs Multiplier sur moi toutes les fractures Cumuler L’absence et la torture Ensommeillée Je ne rêve plus. On se laisse prendre, comme toujours, accroché une fois encore par les regards et les sourires entre les deux musiciennes, les cordes bouleversantes de Carla et ce texte juste déchirant. Ça tremble même dangereusement à l’intérieur.
Le plus qu’attendu Logic Coco est, pour finir, accueilli dans les cris et chanté aux nuances près (comme notre amououououououour) par un public qui connaît décidément l’univers des deux jeunes femmes dans ses moindres recoins, le titre naviguant une fois encore entre éclats de rire irrésistibles face à Julia et son interprétation toute personnelle et instants de beauté suspendue (leurs deux voix en écho, à l’impressionnante justesse, sublimes). Le concert s’achève. Les Mansfield remercient, saluent. On crie, on frappe. On a comme tout le monde, trouvé tout ça trop court. Mais une chose est d’ores et déjà sûre, ce nouveau live est d’une intensité et d’une densité à couper le souffle. Clin d’œil ultime, quand les lumières se rallument, c’est la voix d’Etienne Daho qui sort des enceintes. Nous, on ressort de là une nouvelle fois éperdus d’amour pour la musique des deux jeunes femmes. Et on n’est encore pas les seuls.
Photos : Caro et Mr B
13 Novembre : PARIS – Café de la Danse / COMPLET
19 Novembre : LA ROCHE SUR YON – Le Fuzz’Yon / COMPLET
20 Novembre : SAINT NAZAIRE – Le VIP
21 Novembre : LA ROCHELLE – La Sirène
27 Novembre : LYON – Nuit Zébrée – Le Transbordeur (En direct sur Radio Nova)
28 novembre : MASSY – Paul B
03 Décembre : METZ – Les Trinitaires
04 Décembre : LURE – L’Auditorium
05 Décembre : SAINT ETIENNE – Le Fil
11 Décembre : TOURS – Le Temps Machine / Winter Camp Fest. – Création spéciale
12 Décembre : PARIS – Le Trabendo / Winter Camp Fest.- Création spéciale
16 Décembre : POITIERS – Le Confort Moderne
17 Décembre : LIMOGES – La Fourmi
19 Décembre : AURAY – Les Nuits Soniques