Pour notre plus grand bonheur, les chouettes propositions musicales continuent de s’enquiller à Rennes sur un rythme totalement effréné. Après un mois d’octobre tout simplement gargantuesque, le festin ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin et ce mois de novembre sera à nouveau follement foisonnant. Premier redoutable triptyque ces 12, 13 et 14 novembre avec du post-punk espagnol effréné, des guitares diablement frondeuses et de la folk abrasive et bouleversante.
La première étape de ce savoureux périple musical se déroulera au Bar’Hic, jeudi 12 novembre à partir de 21h30. On le doit encore une fois à la toujours aussi vaillante association Kfuel qui continue sans vergogne à nous gâter honteusement.
Première excellente raison de faire le déplacement, vous aurez la rare opportunité d’y entendre une très prometteuse formation espagnole Betunizer. Le nom du groupe vient d’une blague intraduisible qui pourrait se résumer en ce qu’ils s’annoncent comme une véritable machine à vous botter le train. On ne peut pas dire qu’il y a tromperie sur la marchandise tant leur musique a exactement tous les éléments pour vous bousculer aussi bien le fondement que les tympans. Nous avions découvert ce trio de Valence sur le tard avec leur excellent troisième album Gran Veta à la frappante pochette carnassière. La voix profonde du chanteur et surtout les remarquables rythmiques de leur post-punk acéré nous avait bien tapé dans l’oreille. Nous guettions donc les annonces de concerts locales en espérant bien y voir un jour le nom du groupe. Nous sommes d’autant plus heureux de voir notre souhait exaucé qu’ils arrivent armés de leur nouvel album Enciende Tu Lomo. Toujours aussi porté sur le groove hypnotique et électrifiant les lascars y font la preuve que leur inspiration est toujours au beau fixe. On se souvient avec le sourire aux lèvres de la volcanique démonstration de puissance que leurs camarades de Picore nous avaient infligée à la Bascule il y a déjà quelques temps et on compte bien sur les Betunizer pour se montrer amplement à la hauteur de leurs compatriotes.
La soirée sera complétée par un quatuor rennais Orgöne dont nous avouons ne pas connaître grand chose. Nous dirons donc juste qu’ils semblent apprécier le rock agressif, Wilhelm Reich et les surnoms facétieux puisque le combo est composé de Mat La Rossa à la batterie, Nick Le Cave à la basse, Marlen Stahl à la guitare et Olga Rostropovitch au chant.
Jeudi 12 novembre – Bar’Hic, place des Lices, Rennes – 21h30 – 6€
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Pour le second round, les guitares vont se faire moins dissonantes mais sûrement pas plus dociles. Les joyeux cintrés de l’Alambik vous donnent rendez-vous vendredi 13 octobre derrière la gare au très sympathique Bar Le Panama pour une soirée savoureusement cintrée dont ils ont le secret.
Ils nous proposent d’y retrouver le très excitant duo Probosci. Composé, excusez du peu, de l’insaisissable guitariste Gyan Riley (fils de l’immense Terry Ryley) et du très talentueux multiinstrumentiste Timba Harris (Secret Chief 3, Master Musicians of Bukake) ici au violon, la formation explore inlassablement depuis une dizaine d’années les possibles musicaux. Entre calme et tempête, acoustique et électrique, expérimentations mélodieuses et swing aventureux, subtilité minimale et chaos explosif, ces deux compères devraient nous livrer une prestation dont il est à priori difficile de cerner l’allure mais dont nous sommes au moins certains qu’elle vaudra le détour.
Si cela ne vous suffit pas, la soirée proposera également le retour du virevoltant guitariste Nicolas Gardrat alias L’Oeillère. Ce Bordelais a commencé à jouer sur scène en 2007, en accompagnant à la guitare classique une violoniste sur un répertoire nommé Les Mémoires de l’œil. Ses compositions se baladent entre rock expérimental et musique contemporaine ou orientale.
Se retrouvant seul, il part à Bruxelles et joue en solo sur le nom L’Oeillère tout en multipliant les collaborations les plus variées. Il a sorti en 2014 un très bel album sans nom sur lequel on trouve un unique morceau de 25 minutes alternant les ambiances avec une folie contagieuse et exaltante. Quelque part entre les cathédrales vibrionnantes de la guitare de Dustin Wong et les explorations suramplifiées de Thomas Bonvallet avec L’Ocelle Mare, L’Oeillère vous propose des paysages délicats mais survitaminés qu’il serait dommage de ne pas partir explorer en sa compagnie. Le monsieur nous avait livré une prestation mémorable en juin 2014 lors de la 3ème édition du festival Musiq’Alambic qui nous avait cueillis à froid et laissés en apesanteur de la première à la dernière note. Nous sommes donc plus qu’enjoués d’avoir à nouveau l’occasion de l’entendre dans le coin et nous vous invitons plus que chaleureusement à découvrir ce merveilleux bonhomme.
Vendredi 13 novembre – Bar Le Panama, 28 Rue Bigot de Préameneu, Rennes – 20h – 5€
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Pour notre dernière proposition, c’est à nouveau Kfuel qui s’y colle samedi 14 novembre, place Sainte Anne au Ty Anna Tavarn. Fidèle à ses habitudes l’association effectue un spectaculaire grand écart facial avec son concert précédent et après les probables branlées soniques du Bar’Hic, nous propose une soirée à fleur de peau.
Première formation à haute sensibilité les toulousains de Von corda viendront jouer leur sublime folk-rock hors-norme, orageuse et hantée. D’abord appelé J. Von Corda & The C. Southern Poison Light, le duo composé de Claire et Julien a eu la sagesse de raccourcir par la suite son patronyme. Depuis 2012, ils explorent un mélange assez unique entre théâtre, musique et spoken words. La dualité entre le chant scandé en français de Claire et celui en anglais au bord du hurlement de Julien donnent une puissance émotive peu commune à leurs compositions. Entre folk écorchée vive et rock perdu en plein orage, leur musique mêle rage et mélancolie comme peu y parviennent. Si leurs influences revendiquées sont plutôt le punk ultra-mélodique de Thugs ou les noirceurs du théâtre contemporain anglais ou l’épure nouveau roman pour les textes, ils nous évoquent également l’utra-sensibilité de Songs:Ohia ou les orages feutrés de Slint ou Michel Cloup. Un concert qui s’annonce donc riche en émotions fortes et qui devrait faire trembler vos cordes les plus sensibles.
On vous a également déjà dit tout le bien qu’on pensait de My Sleeping Doll et ce quasi depuis son premier concert -le deuxième pour être exact!- Après avoir travaillé avec d’autres musiciens pour la réalisation de son premier ep Exhale (qu’on écoute en boucle ici) réalisé avec Loïg Nguyen (et avec Pierre Marolleau à la batterie), My Sleeping Doll (en interview par ici et un poil plus récemment par là) auparavant seule sur scène, est depuis rejointe par Ronan Bedo (Eshôl Pamtais, Belajo) à la basse et Matthieu Noblet à la batterie (Korkoj, Mermonte).
On a ainsi pu redécouvrir les morceaux de la Miss ré-arrangés avec ses nouveaux acolytes à l’automne 2013 avec quelques dates ici et ailleurs. On craignait légèrement alors que la doublette ne fasse un peu d’ombre aux fragiles et délicates structures composées par la jeune femme et dissipe un peu de la magie qui entoure ses prestations solo. On a vite été rassuré : si le trio en était encore à trouver son équilibre, le potentiel de la formation était aussi palpable que bigrement prometteur. Le trio était certes en devenir et encore dans la recherche de son propre équilibre, mais le potentiel pour quelque chose de grand était là, et bien là. Le très beau concert donné en juin 2015 au 1988 Live Club, avait d’ailleurs confirmé que la formation avait travaillé l’harmonie entre ces différents éléments et poursuivait sa superbe montée en puissance.
Un premier album a depuis été enregistré et le premier titre Awaken que nous avons pu écouter (pas encore masterisé et peut-être pas avec son mix final) est plus que prometteur. Tout en continuant de jouer sur le fil tendu entre sincérité et émotion, avec cette sorte de ténacité fragile qui nous la rend bouleversante, My Sleeping Doll gagne à la fois en épaisseur et en puissance de frappe. Autant dire qu’on attend avec une impatience fiévreuse de découvrir le disque en entier. Le concert de ce samedi nous donnera au moins l’occasion de ronger notre frein en beauté.
Samedi 14 novembre – Ty Anna Tavarn, Place Sainte Anne, Rennes – 21h – Gratuit !
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Attention ! Une erreur s’est glissée dans cette chronique : il y est indiqué que le Panama est un bar « très sympathique ».
😉