Sa Majesté… Laetitia Shériff de retour à l’Echonova

Si on vous avait un tantinet exhortés à vous télé-transporter jusqu’à Vannes en février dernier pour l‘immanquable conférence de Jacqueline Caux sur les Bad Girls des musiques arabes, (là encore dans le cadre dans le cadre de Music Act’ : Plus féminin de l’ampli que du bigoudi) on n’hésite pas à vous enjoindre de suivre le même conseil ce mercredi 17 mai. En effet, vous aurez la chance d’y (re)-découvrir la relecture de l’adaptation cinématographique du best-seller de William Golding Sa Majesté des Mouches (Peter Brook, 1963) par Lætitia Shériff et, en amont, de rencontrer la musicienne pour un temps d’échange autour de son parcours, de sa manière d’envisager la musique et d’en apprendre davantage sur la spécificité de la composition pour un ciné-concert.

Lætitia Shériff © Nicolas David

Retour à l’Echonova pour Laetitia Shériff

On se souvient qu’il y a peu (au printemps 2015), L’Echonova avait laissé carte blanche à Lætitia Shériff à l’occasion de la tournée autour de son dernier long format Pandemonium, Solace and Stars  pour une soirée mémorable où la musicienne, avec son altruisme habituel, avait invité de jeunes lycéens à fouler la scène et à changer le monde à coups de guitares rageuses et enthousiastes, pour un moment aussi frais qu’émouvant. Cette fois-ci, c’est donc hors les murs que revient la jeune femme, au cinéville Parc Lann, en partenariat avec Cinécran, pour un moment qu’on pressent de toute aussi haute intensité. D’autant qu’on a déjà eu la chance de voir l’habitée et poignante version qu’offre Laetitia Shériff du film. Et qu’on en est ressorti particulièrement ému. Voire renversé.

Sa Majesté des Mouches, le film

Soyons tout de même réalistes : cette histoire d’enfants est plutôt terrifiante. Le film de Peter Brook ne met pas le moins du monde en avant l’angélisme de petites têtes blondes innocentes. Au départ, le générique du film rappelle la civilisation britannique florissante du milieu du siècle dernier dans un flot d’images, notamment celles des collèges anglais policés et leurs cortèges d’élèves en uniforme aux allures très civilisées… Et pourtant…

L’histoire se déroule pendant la deuxième Guerre mondiale. Des garçons issus de la haute société anglaise sont envoyés en Australie par leurs parents pendant le Blitz qui décime la capitale insulaire. Mais l’avion dans lequel ils sont montés s’écrase sur une île déserte, à la fois paradisiaque et sauvage. On ne voit rien, le film est réalisé avec très peu de moyens et seules la carte, une image d’avion en piqué accompagné d’une sirène stridente, laissent comprendre ce qui s’est passé.

Seuls survivants, les enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ils essaient de s’organiser en reproduisant les schémas sociaux qu’ils ont appris (le vote, l’élection d’un chef…). Mais progressivement, tout explose. Après avoir tenté d’établir des règles et des lois, le groupe s’enfonce petit à petit dans une organisation tribale, sauvage et violente. On ne raconte pas tout, mais il y a des morts… Et comme beaucoup, on restera marqué très longtemps par le visage de ces enfants plongés dans l’horreur, notamment Piggy, le rondouillard-binoclard intello très vite pris pour souffre-douleur ou Ralph, le chef raisonnable qui essaie de prendre le destin et le salut de ses camarades sur ses (trop petites) épaules.

Réalisé avec peu de moyens, mettant en scène de nombreux comédiens non professionnels, le film fait montre d’une simplicité et d’une sobriété qui portent avec force le message que Peter Brook parvient à délivrer.

Sa Majesté des Mouches, le ciné-concert

On aurait pu se dire que le film se suffisait à lui-même et s’interroger sur la nécessité de revisiter une œuvre déjà si riche. En interview pour l’Oreille à l’Envers, Lætitia Sheriff le concède : « mettre du sien sur ce type de support, c’est un peu compliqué » . Elle ajoute alors humblement : « mais au fil du temps, je me suis dit : pourquoi ne pas être passeuse ? » , tant l’œuvre a été importante pour elle. D’abord parce que c’est un peu « une madeleine » , sa sœur aînée ayant étudié le livre et lui en ayant longuement parlé. Ensuite, aussi parce qu’elle se sent proche de ces livres « visionnaires » . Et au final, on ne saura qu’applaudir le choix de proposer ce Lord of the Flies dans cette nouvelle version. Lætitia Sheriff relève le défi de mettre le film en musique et propose une relecture de l’œuvre de Peter Brook à la fois exigeante et personnelle, à base de voix, guitare acoustique, éléments percussifs, sifflements et autre magnéto k7.

Lætitia Sheriff a travaillé par « bloc », par motif qui à chaque fois suit les personnages : « j’ai essayé de trouver une sorte de cohérence » explique-t-elle. « Il y a deux groupes dans le film : il y a le thème des guerriers et le thème de ceux qui essaient de garder les pieds sur terre » . Ainsi celui des « enfants de chœur » , les chasseurs et guerriers, percussif et de plus en plus angoissant se teinte progressivement de violence : tom de caisse claire martelée, grattements de plus en plus oppressants… En revanche, le thème des enfants qui tentent de « garder les pieds sur terre » reste toujours très mélodique. Mais se voile progressivement de mélancolie et de tristesse.

Bon, on le répète, la découverte du travail de la musicienne renno-lilloise autour du film nous avait tout bonnement retourné le cœur et les sangs. On gage donc qu’il en sera de même pour tous les Vannetais (et assimilés) qui auront la chance de se glisser dans la salle obscure ce mercredi 17 mai.


L’Echonova en partenariat avec Cinécran, dans le cadre de Music Act’ : Plus féminin de l’ampli que du bigoudi, présente le ciné-concert Sa Majesté des Mouches (Peter Brook, 1963) par Lætitia Shériff le mercredi 17 mai à 20h (ouverture de la salle à 20h / début du ciné-concert à 20h30) au Cinéville Parc Lann, ainsi qu’une rencontre artistique avec Laetitia Shériff  le mercredi 17 mai à 17h30 toujours au Cinéville Parc Lann

Tarifs ciné-concert : Abonné L’Echonova & Adhérent Cinécran: 7€ / loc. 10€ / sur place 12€ (Pour information, il n’y aura pas la possibilité d’effectuer des paiements CB au guichet le soir du ciné-concert. Seuls espèces et chèques bancaires seront acceptés)

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