Maintenant 2018 – A la piscine sans maillot de bain !

On l’a dit, on est particulièrement ravi de retrouver l’artiste allemand Nils Völker dans la programmation de cette nouvelle édition du festival. Suspendue aux voûtes du théâtre du Vieux St Étienne, sa création à la respiration poétique Seventeen, qui jouait sur les mouvements de l’air combinés à un subtil dispositif lumineux intégré s’était révélée particulièrement hypnotique et avait fasciné nombre festivaliers en 2015. On vous a également déjà parlé dans un précédent focus (et montré là) l’une de ses nouvelles créations qui est elle aussi présentée pendant le festival : la mathématique Multiple of Five visible au Grand Cordel, sculpture monumentale en mouvement, qui respire sous nos yeux. Mais c’est coup double pour cette édition, puisqu’une autre de ses installations, l’énigmatique et colorée Paddling Pools est également présentée au Centre d’Art les 3 CHA à Châteaugiron.

Comme l’artiste suisse Zimoun dont les installations utilisaient des matériaux simples (cartons, petits moteurs préparés, balles de coton, de liège, sacs en plastique, ventilateurs) afin de créer des moments sonores, des architectures sonores minimalistes, Nils Völker se sert de matériaux ordinaires tels des sacs en plastique ou en papier qui se gonflent ou se dégonflent à un rythme précis. L’artiste souhaite rester du côté de l’abstraction (les titres de ses œuvres se réduisent le plus souvent au nombre d’objets utilisés, comme Seventeen qui correspond aux 17 oreillers suspendus), préférant évoquer que souligner, et laisser une part d’interaction au spectateur même si son travail sur le rythme et le flux sonore évoque des sons issus de la nature (respiration, souffle du vent, ressac des vagues…) par le biais des mouvements d’air et le bruit des matériaux qui se gonflent et se dégonflent. Mais pour Paddling Pools, exit la dimension sonore: Nils Völker s’est uniquement concentré sur l’aspect visuel. Et avec la même réussite.

Imaginez 20 piscines gonflables colorées plongées dans le noir d’une église dont on a obturé les fenêtres, alignées sur 30 mètres. Une immense nef à la charpente boisée que vous ne devinez que progressivement le temps que vos yeux s’habituent à l’obscurité. Cette fois-ci, l’œuvre de Nils Völker ne bouge pas. Pas le moindre soubresaut d’air. Et pourtant elle est constamment en mouvement. Car l’artiste du Baden-Würtenberg a équipé chacune de ces vingts piscines d’anneaux de 16 leds qui s’éteignent, varient successivement d’intensité,  clignotent, transformant l’installation en long tunnel mouvant et lumineux. Le rythme créé par l’addition des mêmes éléments en série (ici les paddling pools) et le mouvement  généré par les subtils mouvement lumineux devient quasiment hypnotique et semble doter l’installation d’une vie propre.

Continuant de jouer sur les limites entre l’image, la sculpture, l’installation et l’espace architectural, cette juxtaposition d’objets identiques, fragiles et légers et de leur « mouvement » dans l’espace, se transforme comme toujours avec Nils Völker en une installation expressive pleine de magie. La bonne nouvelle, c’est que l’installation reste visible jusqu’au 27 octobre et vous laissera le temps d’aller la découvrir. Et avec les premiers frimas d’automne, vous ne serez pas mécontents de pouvoir aller à la piscine sans maillot de bain.

 


En 2018, Maintenant a lieu du 5 au 14 octobre à Rennes.

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