Littérature jeunesse en novembre

couverture © Le Rouergue / Jean Gourounaz 2010

Encore un lapin ! Mais pas pour rien, et au creux des mains, de la peinture plein les pattes, des couleurs plein les mirettes.
De cet album, qu’on peut destiner aussi – expérience faite ! – à un tout tout petit, on retient forcément le titre qui se joue de l’orthographe et les formes épurées mais explicites qui font le lien du « lapintre » au paysage qui lapin et inversement…
En tirant la langue, un monsieur a dit : Rendez les choses aussi simples que possible, mais pas plus simples. Jean Gourounas y répond (en tirant la langue ?) parfaitement ici, et avec autant d’humour que d’amour, et laisse à chacun le plaisir de trouver son compte dans ses images semblant jouer du principe de persistance rétinienne, et dans son texte tendre et sans complexe.
La silhouette du lapin, entre enfantillage et japonaiserie actuelle, se découpe parfaitement sur les pages grises puis noires entrecoupées de son colorifique travail de peinture. On se rappelle avec plaisir les Petit Bleu et Petit Jaune de Léo Lionni, on se dit que finalement on va se laisser séduire par le travail d’Hervé Tullet.
C’est moi qui lapin s’invitera parfaitement au moment des lectures du soir, pour se dire bonsoir avec le sourire, le lapin faisant la nuit après le jour, fermant ses yeux curieux et invitant en quatrième de couverture le lecteur à un lendemain où c’est lui qui lapin ! Sûr que certains crétins à longues oreilles n’ont pas ce talent à la peinture à doigts !

C’est moi qui lapin, Jean Gourounas, Rouergue

couverture © Actes Sud junior / A. Birière-Haquet et L. Larchevêque

Il semble que dans certain royaume, réussir une superbe mayonnaise soit le top départ pour un mariage princier… du moins dans l’esprit de certain roi. Ce majestueux paternel donc, qui permet par ailleurs à son altesse de fille l’accès aux cuisines du palais, s’empresse de sauter sur la coutume et ses diverses possibilités de communication, du messager à cheval portant papier recyclé jusqu’au courriel pour finir par un bon vieux mais non moins précieux vélin enluminé.
Les princes, d’à côté, d’un peu plus loin, de tous les univers, se pressent au-devant de cette fille à marier, jolie, douce, aimable et qui dort très bien sur des petits pois. Mais, confortée par les avis de sa tante par portrait interposé, la princesse qui n’aimait pas les princes baille, s’étrangle, et refuse de donner sa main, non merci, ceux-là ne lui disent rien. Le roi joue alors sa dernière carte en faisant appel à la fée, qui aura forcément de quoi ensorceler cette rétive princesse… mais pas de la façon attendue !
Alice Brière-Haquet et Lionel Larchevêque se sont donné le mot pour mêler, qui dans son texte, qui dans ses illustrations, humour et culture générale très diverse. On reconnaît des héros de la littérature promus princes dessinés, on sourit aux Racine et aux rimes des mots.
Enfin on devine que la très jolie fée et la rougissante princesse auront un avenir digne d’une fin de conte de fée et beaucoup de petits chatons (en attendant ?). Bref, un petit conte sympathique qui dit que l’amour du beau milieu d’un rêve et de toute une vie peut être différent de ce qu’attendent entourage et voie classique.
Mais était-il pour autant nécessaire que la princesse et la fée en quittent palais et royaume et en jettent couronne et baguette ? Est-ce trop de réalisme, même en filigrane ?
On aimerait qu’une suite militante change les lois du pays d’à côté et invite le roi à gâter des petits-enfants et à légiférer en retour, on exagère, oui peut-être… Quoi qu’il en soit, on ne boude pas son plaisir devant une littérature – tout de même de jeune jeunesse – multicolore qui a le mérite d’exister et d’offrir suffisamment de délicatesse et de références pour plaire à tout âge.

La princesse qui n’aimait pas les princes, Alice Brière-Haquet et Lionel Larchevêque, Actes Sud junior

visuel © Salon du livre jeunesse de Fougères / Henri Meunier 2010

En ces journées grises et humides, oyez oyez les bonnes nouvelles : la librairie de la Courte Echelle a un blog tout neuf qui va régulièrement nous distiller des merveilles, et le salon du livre jeunesse de Fougères ne nous promet Que du bonheur pour cette 26e édition qui aura lieu les 19, 20 et 21 novembre prochains, avec au programme des spectacles, des signatures, des animations… A la bonne heure !

3 commentaires sur “Littérature jeunesse en novembre

  1. catibou

    Tu t’y prends sacrément bien pour donner envie de lire ces albums ! Et leur contenu est sacrément prometteur !

  2. Sylvain

    Ouais, y sont cro bien tes artic’, Tiphaine.

  3. tiphaine

    Merci…

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