Dernière semaine d’août sur le littoral sud finistérien : les touristes ont plié bagages et l’été laisse place à la rentrée. Mais pour prolonger ces dernières heures estivales, le pays de Quimperlé et le Fourneau ont décidé de proposer un festival des Arts de la Rue : Les Rias. Pari osé juste avant la rentrée… mais pari réussi lors de cette édition 2012.
Un festival ancré sur un territoire, entre mer et terre
Né il y a trois ans, en 2009, à l’initiative des communes littorales de Clohars-Carnoët, Riec-sur-Belon et Moëlan-sur-mer, et du Centre National des Arts de la Rue le Fourneau, Les Rias s’agrandissent cette année et se répandent sur 8 des 16 communes de la Communauté de communes du pays de Quimperlé.
Pari un peu fou pour un petit festival qui jusque là n’avait pas fait grand bruit, si ce n’est au niveau local. Cette édition 2012 explose les frontières et ce ne sont pas moins de 34 000 spectateurs qui ont assisté à la quarantaine de représentations proposées. Petit poisson deviendra grand… Et c’est tout le malheur qu’on lui souhaite !
Six jours donc, du 28 août au 02 septembre, durant lesquels le public s’est promené, d’abord aux alentours de Quimperlé, entre Scaër, Locunolé, Arzano et Le Trévoux. Balade dans les terres comme disent communément les autochtones du littoral (dont j’ai eu fait partie dans ma prime jeunesse). Plaisir de déambuler dans les rues quimperloises fermées pour l’occasion à la circulation. Comme si, se réapproprier le macadam, nous permettait finalement d’échapper aux convenances.
Puis, pour les trois derniers jours, retour au bord de la mer, sur les communes originelles : Clohars-Carnoët, Moëlan sur Mer et Riec sur Belon. Au fait, les non-cruciverbistes, connaissiez-vous le terme Ria ? Notre grand ami Robert nous apprend qu’il s’agit d’une « vallée fluviale étroite et allongée noyée par la mer ». Dans le nord du Finistère, on parle d’aber ; ici, dans le sud, on dit plutôt aven. Querelles de clochers assurée !
Du théâtre de rue, en veux-tu en voilà…
Un coup d’envoi monumental assuré par les Marseillais de Générik Vapeur mardi 28 août avec Drôles d’oiseaux et Art Blaxon. Un convoi de voitures sans moteurs, tiré par un gros tracteur. Des personnages peintres blancs, comme un pied de nez à leurs collègues de Pont-Aven… Une marée humaine à Quimperlé au confluent de l’Ellé et de l’Isole, sur le pont du Moulin ! Une déambulation entre nettoyage des voitures et grands seaux de peinture. Une apothéose arc-en-ciel entre décibels et pinces à linge XXL. Pas de doutes, Les Rias vont décoiffer et nous en faire voir de toutes les couleurs !
Des Grands Bretons au pays breton, une fois n’est guère coutume, n’est-il pas ? La Cie Wet Picnic nous a offert jeudi soir à Quimperlé ce que notre perfide mais néanmoins voisine Albion a de plus décalé. The Dinner Table se définit comme une intervention culinaire. Entre extravagance et leçon de « bien recevoir », la pulpeuse Ursula n’a rien à envier à Nadine de Rotschild. Parions même qu’elle en convertirait plus d’un à suivre des cours de savoir-vivre…
Cette compagnie loufoque et « so british » nous a aussi gratifié d’un Birthday Party pour le moins tragicomique sur la place des Halles à Riec sur Belon samedi soir… où toute convenance avait disparu et où il était largement autorisé de monter sur la table mobile !
Le bord de la rivière, le pont fleuri, la pleine lune qui pointe son nez. Décor pour le moins bucolique réservé aux Krilati et à Fando comme Lis. Une pantomime aérienne où deux rêveurs, qui se rencontrent sur les quais d’une gare, vont user de stratagèmes les plus fous pour finir par s’embrasser sous une ombrelle en dentelle… Corde, mât chinois, tissu, prouesses d’équilibre, magie de la poésie et de la prouesse sur fond de musiques de l’est. Un très joli moment pour clôturer ce jeudi soir à Quimperlé.
Samedi matin. Moëlan sur Mer. RDV à l’Ellipse, le centre culturel. On nous rassemble et on nous emmène, en procession, dans un lieu secret. Loin des regards. Car, dans certaines familles, la vie n’est pas rose. Elle est même glauque et méchamment cruelle. Sélection naturelle, de la Cie Makadam Kanibal, ne fait pas dans la dentelle… Une maison délabrée, de tôles, de bric et de broc. Une vieille mère en fauteuil roulant, aussi morte qu’une marionnette sans vie puisse l’être. Une jeune fille, hystérique sur les bords, qui s’entiche de photos de magazines. Un frère blouson noir à la coiffure huileuse et gominée. Un autre frère, chasseur de chats, fakir à ses heures. Prenez le tout, poivrez, acidifiez, mélangez. Gare aux excès de tendresse et à l’explosion d’hémoglobine ! Du théâtre de rue comme on l’aime, un brin dérangeant, mais tellement enthousiasmant…
On revoit, avec grand plaisir Entre Serre et Jardin de l’Atelier Lefeuvre et André, que l’on avait déjà croisé aux Tombées de la Nuit 2011 à Rennes. Après le Thabor, nos deux jardiniers investissent le modeste jardin public de Moëlan sur Mer en ce samedi 01 septembre. Et leurs loufoqueries font toujours autant rire petits et grands…
Un dernier spectacle avant la rentrée en ce samedi 01 septembre à Riec. Où l’on regrette amèrement son choix. Les Chevaux du plaisir de la Cie Artonik ne nous procure que peu de contentement. Une vieille américaine, aux faux-airs de Christine de Stephen King, dont le moteur vrombit. Trois acteurs-danseurs dont la performance ne nous éblouit guère, contrairement aux voitures, tout feux dehors, qui éclairent la piste. Ce théâtre de rue dansé fait des ratés comme un vieux tacot. Et seules les chansons de Bashung donneront un peu de piment à ce Sailor et Lula bien trop fadasse à notre avis… Avis hautement subjectif bien entendu.
On notera la présence de compagnies déjà croisées à Rennes lors des Tombées de la Nuit notamment durant tout ce festival : La Cie Beau Geste, son danseur et sa pelleteuse ; Emma la Clown, la voyante extra-lucide, l’Atelier Lefeuvre et André et ses deux jardiniers hors-normes…
Et puis, il y a tous les autres spectacles qu’on aurait voulu voir… Idéaux beurre noir de la Cie 100 issues et son ring à cirque ; La Natür, c’est le bonheur de Rosie Volt, une bergère en transhumance bretonne ; Ile Ô de la Cie Barolosolo et son kiosque rempli d’eau sur la plage même de Kerfany ; L’Homme cornu de Rode Boom et Kurt Demey dans le lieu magique et mystérieux de l’Abbaye Saint-Maurice à Clohars ; La Glamour Grass Band des Balkans, une fanfare balkano-brestoise…
Bref, un petit festival devenu grand. Qui met de la couleur dans nos souvenirs d’été et préparatifs de rentrée. Un festival à suivre, assurément. Et à revivre en 2013. Vivement l’été prochain, tiens !
[Et si vous voulez en savoir plus, nos amis de Canal B ont réalisé un programme radiophonique sur les Rias 2012 à l’invitation du Fourneau. C’est par ici !]
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Le site du Festival avec vidéos, photos, articles, compte-rendus…
Ce que j’aimerai savoir est : ou puis-je passer le 28 août a clohars carnoet pour rejoindre la route de l’orient ?
Ce que j’aimerai savoir est : ou puis-je passer le 28 août a clohars carnoet pour rejoindre la route de l’orient ?