Kfuel collectionne les bons points dès les premiers jours de classe

L’association Rennaise spécialisée dans les musique indociles nous avait mitonné pour l’ouverture de cette nouvelle saison, deux soirées de concerts regroupant pour notre plus grand plaisir, rien de moins que le must de la scène noise actuelle.
Délicieux suspense, les groupes allaient-ils tous être à la hauteur des hautes attentes créées par une série d’albums de très haute volée?

Buildings-Bascule (2)

Premier rendez-vous jeudi soir à l’indispensable Bar La Bascule. Minia Zavout, tout jeune duo rennais a le redoutable honneur d’ouvrir le feu. Charge d’autant plus écrasante que c’est le tout premier concert du couple : Jérome (guitare/chant) et Anne-So (batterie). Même si le public est à moitié constitué d’amis de la formation, la boule au ventre est palpable. Tellement d’ailleurs qu’ils passent complétement au travers de leurs deux premiers morceaux. Rien de bien grave puisque par la suite, le concert ne va faire que gagner en puissance. La confiance revenue et avec une petite pause houblonnée pour faire baisser la tension, leur rock coléreux prend son envol. Le chant rageur et habité de Jérome plaqué sur des riffs tranchants monte en puissance. D’autant plus que le jeu alambiqué d’Anne So donne une belle personnalité à l’ensemble.
Un concert touchant et prometteur qui s’achève en beauté sur l’imparable Turge. Ça donne envie de suivre de près le futur du groupe qui a annoncé dans l’émission Kérozène travailler sur un disque.

MiniaZavout-Bascule (2)

Même si on en est encore qu’aux prémices, quelque chose est en train de se passer dans notre bonne ville de Rennes avec l’éclosion d’un scène noise complice et diablement excitante. On a en tout cas hâte de voir jusqu’où tout ça va nous mener.

Buildings-Bascule (4)

C’est ensuite au tour des très attendus Buildings d’entrer en scène. Le trio de Minneapolis avait mis tout le monde à genoux avec la volcanique noise-post-punk de leur second album : Melt, Cry sleep. Le spectre de la déception se dissipe dès le premier roulement de batterie. Le groupe joue vite et fort… tellement fort même, que l’on craint un instant l’intervention du patron des lieux. Rien de tel et on se prendra donc le tsunami de pleine face, les bouchons bien rivés aux oreilles. Le chant inflexible et génialement braillard de Bryan Lake est impeccablement soutenu par une section rythmique titanesque. L’impressionnant Travis Kulhman frappe lourd et juste tandis que la basse de Sayer Payne se contorsionne avec une puissance diabolique. Grosse claque donc.

Premier round et on a déjà fait une belle réserve de promesses et de directs au menton. On n’aura pas trop le temps de s’en remettre.

Choochooshoeshoot-MondoBizarro (9)

A peine le temps de franchir, le lendemain soir, la porte du Mondo Bizzaro que déjà les quatre nantais de ChooChooShoeShoot montent sur scène. C’est toujours difficile d’ouvrir le bal quand le public commence à peine à arriver mais pourtant ils vont remarquablement s’en sortir. D’abord parce que leur magnétique chanteuse Caroline Blanchet, fait preuve d’une présence scénique immédiate. Sa voix et son jeu de scène habité vous happent instantanément pour vous propulser dans les méandres de compos puissantes alternant le chaud et le froid avec une diabolique efficacité. Le duo de guitares vrille avec délice sur une batterie sèche et retorse. Le groupe sait aussi parfois laisser (brièvement) couver le feu pour pouvoir nous terrasser sous de réjouissantes déflagrations.
Une très bonne entrée en matière qui, comme leur excellent album Playland, ne laissera comme regret qu’une relative brièveté.

CaféFlesh-MondoBizarro (14)

Après une rapide installation, c’est au tour des quatre charentais de Café Flesh d’entrer en lices. Pas de répit, le set démarre à fond les ballons et ne ralentira guère malgré une durée conséquente. La formule Café Flesh est simple : un rock direct, crapouilleux et chaud comme la braise, jouer au delà du mur du son. Fort d’une solide expérience scénique et de trois albums, les gars défouraillent sévère tout en étant hyper carré. Tout ce petit monde monde s’agite furieusement et délivre une contagieuse somme d’énergie qui ferait pâlir le parc nucléaire français. Du coup la température du Mondo commence à approcher du point de fusion et le public exulte. Le chanteur/saxo basse Thomas Bodelin, s’époumone pour cracher les derniers lambeaux lui restant de voix et assène des salves dévastatrices de son monstrueux cuivre. Sa chemise atteint d’ailleurs rapidement un état dépassant celui de trempé (heu… liquide ?).
Entre deux morceaux, Bodelin s’excuse pourtant de son peu de voix en expliquant qu’ils sont en fin de tournée. Bon dieu. Si ça c’est un concert où ils sont fatigués, on n’ose pas imaginer ceux où ils sont à 100%.

Hawks-MondoBizarro (10)

Arrive enfin le moment que tous les spectateurs présents attendent. Hawks d’Atlanta est tout simplement LE groupe référence du moment dans le petit monde de la noise frontale et furibarde. Les quatre gars ont impudemment aligné trois albums en quatre ans, dont l’excellence et la montée en puissance ont fait dresser les antennes de tous les aficionados du genre. Un frisson d’excitation parcourt donc la salle dès le premier riff. En deux morceaux, l’affaire est pliée. Ça va bien être la grosse claque tant espérée. Fier de ses références, le groupe fonctionne sur un mode scénique proche de celui du Jesus Lizard de la grande époque. Un trio guitare/basse/batterie à l’attitude relativement stoïque mais à la puissance de feu phénoménale, allié à un frontman démoniaque. Quelque part entre le David Yow des sus-nommés et le William Akins de Big’N, le très tatoué Michaël.P. Keenan habite avec une malsaine avidité et une fureur incandescente cette musique. La grande force du groupe, c’est d’avoir trouvé, malgré ses illustres prédécesseurs, une forte personnalité. Leur noise crasseuse mais plus précise qu’elle ne paraît à la première écoute, se mâtine largement de blues sanglant et de lourdeurs metal pour plus de variété. La voix intense du chanteur est pour beaucoup dans la réussite de l’ensemble mais le jeu incisif du guitariste, la rigueur du bassiste et la frappe titanesque du batteur y participent au moins à parts égales. Le concert est d’une intensité rare et le public réagit au quart de tour. Le tout se termine évidemment dans la sueur et un joyeux pogo. Le groupe visiblement ravi de l’accueil ira racler jusqu’à ses plus anciens morceaux pour assurer un second rappel. Un grand moment qui s’inscrit illico dans les annales.
On ne peut que vous conseiller de vous jeter sur leurs trois galettes. La première est téléchargeable gratuitement, la seconde l’est pour une bouchée de pain et la dernière (et meilleure à notre goût) est un superbe vinyle blanc tâché de rouge fièrement distribué dans notre contrée par Rejuvenation Records.

Merci mille fois à Kfuel d’avoir permis ses rencontres avec une magnifique sélection d’artistes aussi passionnants que passionnés. Le planning de l’asso jusqu’à décembre regorge déjà de très belles promesses. On les attend toutes de pied ferme.

5 commentaires sur “Kfuel collectionne les bons points dès les premiers jours de classe

  1. David

    Waouw, superbe report mon cher Mr.B, et les photos sont chouettes aussi, j’aime aussi beaucoup les « tags »façon Tontons Flingueurs…
    Il y a aussi de très belles photos à voir sur le site « live on the edge ». Pour ma part, j’ai filmé l’intégralité des sets de Buildings et des Hawks, la quasi intégralité du set de Café Flesh (il manque juste le 1er morceau), plusieurs titres de Minia Zavout et malheureusement un seul (le dernier du set) des Choochooshoeshoot, pour cause de vélostar vandalisés…Arffff
    J’essaye de les poster sur Youtube depuis dimanche mais il y a un bug sur le site qui m’en empêche pour l’instant, j’espère pouvoir le faire cette semaine…
    A bientôt au prochain concert Kfuel !

  2. Mr.B.

    Content que ça te plaise.
    Carrément qu’elles sont plus que chouettes les photos d’Erwan :
    http://www.flickr.com/photos/57120185@N04/sets/72157631483793000/

    J’attends avec impatience tes vidéos pour revivre ces superbes soirées.

  3. David

    Hey mon cher Mr.B,
    après un bug de 3 semaines avec mon compte Youtube, voici qu’arrivent enfin les vidéos de ces deux soirées, le set intégral de Buildings est en ligne ainsi qu’ une partie du set de Minia Zavout, le show démentiel des Hawks (en intégralité) devrait être dispo ce week-end, ainsi que celui des Café Flesh et un morceau des Choochooshoeshot.
    A bientôt!
    http://www.youtube.com/user/Apollosmouse2801?feature=watch

  4. Mr.B.

    Cool, merci beaucoup pour le lien et content que tu es résolu tes soucis de Youtube. On attend le Hawks de pied ferme.

    Dommage que tu n’étais pas là pour immortaliser Papier Tigre à La Bascule. ça en fallait la peine.

  5. David

    Voilà,
    le set intégral des Hawks est en ligne à cette adresse: http://www.youtube.com/user/Apollosmouse2801?feature=watch

    Dommage pour Papier Tigre que j’aime beaucoup, mais n’ayant point le don d’ubiquité, il faut parfois faire des choix douloureux…
    A bientôt!

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