Jean-Noël Levavasseur grand pourfendeur de la nouvelle tendance rock, a délaissé pour un temps son domaine de prédilection pour sortir coup sur coup, 3 Long Play comme on dit dans la musique. Trois romans donc, dont une nouvelle aventure pour le journaliste Léo Tanguy. Jean-Noël dégaine une nouvelle fois la plume pour un « Balles tragiques à Colombières : un mort », 7 ans après avoir signé « Irish Confit ». L’aventure Léo Tanguy s’était stoppée en 2011 après 15 volumes publiés à la Coop Breizh. Pour rappel, comme pour le Poulpe, chaque livre est réalisé par un auteur différent, ce qui permet un renouvellement dans la continuité .. vous me suivez ? Quelques auteurs avaient dans leurs besaces suffisamment de matière pour relancer les enquêtes du journaliste Breton. C’est désormais, l’éditeur La Gidouille qui reprend le flambeau de la diffusion des (nouvelles) aventures de Léo Tanguy.
Colombières donc, à deux pas d’Isigny-sur-mer, ce qui devrait parler aux amateurs de spécialités fromagères et aux connaisseurs des grandes heures de la libération par les alliés en juin 44. Car Leo Tanguy est coincé à Isigny. Son combi a pris une balle perdue, juste au moment de la préparation des commémorations du débarquement. Une autre balle fauche l’un des figurants qui participe aux reconstitutions. De quoi exciter la curiosité du journaliste qui n’en a pas besoin d’autant. Léo Tanguy va aussi rencontrer la belle Marie-France qui n’est ni Algérienne, ni Cambodgienne comme disait la chanson, et son compagnon, Alain un has-been qui a eu son heure de gloire avec un tube éphémère. Ces trois personnages, Léo, Marie-France et Alain vont aussi se retrouver dans le deuxième roman de Jean-Noël Levavasseur, « Herman dans les dunes », publié chez l’éditeur Rennais Goater Noir.
Herman est un ancien fantassin de la Wehrmacht qui vous vous en doutez, a fait un peu de tourisme dans la région aux alentours de l’été 44. Herman comme un certain nombre de ses compatriotes a pris ses cliques et ses claques devant l’avancée inexorable des troupes alliées. Après la guerre, il s’est retrouvé derrière le mur de Berlin dans une vie qui lui permit d’oublier totalement les horreurs de la guerre. Mais les murs ne sont pas éternels et celui de Berlin tomba en novembre 1989 sous les (sept ?) coups des déçus du socialisme soviétique. Peu à peu, Herman découvre via son poste de télévision, comment l’ouest a évolué depuis l’abaissement du rideau de fer. Alors qu’il tombe sur les commémorations du Jour-J, dans la foule à Isigny-sur-Mer, il reconnaît instantanément son grand amour, Jeanne, aussi belle et jeune que lorsqu’il l’avait quittée, 46 ans plus tôt.
L’univers d’Herman chancelle. Il décide de se lancer dans un voyage à travers l’espace et le temps. Un trip, au départ de Berlin juste réunifié jusqu’à Isigny-sur-Mer et ses longues plages de sable fin, désormais lavées du sang des libérateurs. Durant ce voyage, Herman connaitra plusieurs chocs. Le premier est culturel, avec la découverte du monde dit libre et sa débauche de marchandises. Ensuite Herman va à la rencontre de son passé en traversant les anciens lieux de combats et les immenses cimetières militaires où il va retrouver la tombe de son meilleur ami, tombé lors de leur retraite Normande. Mais Herman, n’oublie pas son but premier, retrouver Jeanne, sa Jeanne. Dans ses pérégrinations, il va croiser Léo, un journaliste curieux qui vit dans son combi, Alain, un ancien chanteur qui côtoie de louches individus, ainsi que sa ravissante compagne, Marie-France. Herman arrivera t-il au bout de sa quête ? Percera t-il le mystère de cette inconnue qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’amour de sa vie ?
La Normandie est aussi le théâtre du 3ème roman de Jean-Noël Levavasseur. Ici, point de débarquement, il s’agit plutôt d’une problématique plus actuelle, soit l’inverse, l’embarquement de clandestins vers l’Angleterre et l’espoir d’une vie nouvelle. Jean-Noël pour l’occasion, vient de créer un nouveau personnage, Martin Mesnil, personnage calqué sur le modèle du Poulpe, le détective libertaire imaginé par Jean-Bernard Pouy ou comme le fameux journaliste Léo Tanguy. Martin Mesnil est un père divorcé dans une situation légèrement précaire qui doit de temps en temps se sacrifier sur l’autel du travail quand l’état de ses finances ne lui laisse plus d’autres choix. Martin habite au bord de l’eau à deux pas d’Isigny-sur-Mer (encore !!!). Fauché, il accepte donc un contrat à Ouistreham afin de surveiller l’embarquement de poids lourds à destination de la perfide Albion. Un job de rêve et qui permet de faire des rencontres sympathiques. S’il a de la chance c’est une amie de sa mère qui s’occupe de lui mais sinon, ce sont plutôt des personnages peu recommandables comme son patron Novak, un Slovène, pardon un Salvéne déjà croisé dans une nouvelle footballistique de Jean-Noël. Car certaines personnes ont déjà été aperçue ici ou là dans les nouvelles de Jean-Noël. Cela devient même un jeu de chercher où on a bien pu les rencontrer.
Martin quant à lui est bien embêté avec ce nouveau boulot. Difficile de jouer au flic-maton quand on a un brin d’humanité. Car au-delà des évènements louches qui entourent la zone portuaire, c’est bien la problématique du camp de réfugiés dont il est question ici. Doit on ouvrir ou fermer les frontières ? Car au final, l’humain vaut bien moins que la marchandise qui elle, appartient à l’économie désormais mondialisée.
Le deuxième opus des enquêtes de Martin Mesnil, Tout ce qui meurt me touche, vient tout juste de sortir chez l’éditeur OREP et serait signé par Marion Chemin, aussi croisée dans des recueils de nouvelles noires et rock. Pour ce premier roman, Marion Chemin a décidé de mêler Martin Mesnil à la douloureuse réalité de la traite des femmes et du trafic d’enfants. Le roman sera donc plus dans la catégorie noire que polar. Quoi qu’il en soit, laissons Marion nous faire vibrer d’effroi.
Pour sa part, Jean-Noël Levavasseur serait il en train de délaisser son jouet préféré, la nouvelle rock, pour se consacrer plus exclusivement aux romans ? Que Nenni, le garçon a bien trop de flèches à son arc !! Un recueil de nouvelles consacré au seul groupe qui compte, The Clash serait en préparation chez Goater Noir. Il s’agirait d’un triple volume ayant pour objet, l’album le plus ambitieux du groupe, Sandinista! 36 auteurs, pour 36 chansons qui ont donc mouillé leurs chemises pour un ouvrage qui sortirait pour le salon du livre noir de Lamballe, du 15 au 17 novembre 2017.
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Balle tragique à Colombières : un mort – Jean-Noël Levavasseur – Edition La Gidouille – ISBN : 979-10-92842-20-3
Herman dans les dunes – Jean-Noël Levavasseur – Edition Goater Noir – ISBN : 9782918647645
Une Manche perdue – Jean-Noël Levavasseur – Edition OREP – ISBN : 978-2-8151-0321-3
Tout ce qui meurt me touche – Marion Chemin – Edition OREP – ISBN : 978-2-8151-0370-1
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Liens :
Jean-Noël Levavasseur sur Alter1fo
Les éditions OREP
La collection Goater Noir chez les éditions Goater
Les nouvelles enquêtes de Léo Tanguy chez la Gidouille
Les éditions de la Coop Breizh