Les Buzzcocks au Pont du Rock !

Aussi loin que je puisse m’en souvenir, j’ai toujours écouté les Buzzcocks. Ils font partie de ces groupes que l’on connait tellement qu’il en est difficile d’en parler. Le moindre riff, la moindre mélodie entraine immanquablement le réflexe Pavlovien de fredonner le reste de la chanson. J’ai dû tomber dedans vers 16 ans, l’âge idéal en quelque sorte. Le grand frère d’un copain de classe m’avait refilé une cassette. Ce fut le coup de foudre immédiat.

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Quand j’ai appris qu’ils passaient cet été au festival du Pont du Rock à Malestroit, j’ai été submergé d’émotions assez antagonistes. D’un coté, il y avait ce groupe mythique issu du noyau originel du punk anglais de 1976, et de l’autre des papis rockeurs bedonnants jouant devant un parterre de fans transis et nostalgiques. D’ordinaire ce genre de considérations ne m’aurait pas troublé outre mesure, mais là, on parlait des Buzzcocks, LE groupe qui symbolise l’Adolescence par excellence. Par ses textes sur le mal être existentiel mais jamais dénué d’humour, sa rage contenue, et son immense sens de la mélodie, les Buzzcocks étaient le groupe idéal des adolescents mal dans leur peau.

Le groupe originel formé par Howard Devoto et Pete Shelley est profondément influencé par les Sex Pistols. Après avoir recruté le batteur John Maher et Steve Diggle comme bassiste, il inviteront les Pistols à venir jouer avec eux à Manchester en juin 1976. Le concert est mythique, il ouvre la voie du punk à Manchester. Les futurs membres de Joy Division et des Smiths sont dans la salle et la carrière des Buzzcocks est lancée. Ils font désormais partie du fer de lance du punk anglais, bataillant au coté des Damned et des Jam pour la place du 3 ème grand groupe punk, derrière les Pistols et les Clash. Début 1977, ils lancent le mythique EP « Spiral Scratch », qui est le premier single autoproduit du punk, ouvrant la voix à toute la philosophie du « Do It Yourself ». Deveto quitte malheureusement le groupe juste avant la sortie du single, déstabilisant profondément le groupe. Avec l’arrivée de Steve Garvey à la basse, le groupe trouve la bonne formule. Pete Shelley remplace Deveto au chant, Steve Diggle passe à la guitare et Maher lui reste derrière ses futs. Le groupe va cracher durant 5 ans (1977-1981) 3 albums fabuleux et une poignée de singles extraordinaires.

La musique des Buzzcocks est un mélange de rock énergétique à base de guitares et des mélodies accrocheuses mais pas simplistes. La basse est souvent mise bien en avant et la batterie fait partie prenante de la structure des morceaux. Cet hiver Pete Shelley expliquait dans Mojo Magazine qu’il composait par dessus le jeu de John Maher, ce qui donne cette texture particulière aux chansons. Aujourd’hui avec nos manies de tout classer on dirait du « Pop-Punk » ou du « Power Pop ». C’est vrai mais ce serait les réduire à une dimension purement musicale faisant fi de l’aspect littéraire du groupe avec ses textes doux-amers composés de manière asexué. Cette manière d’écrire sera d’ailleurs reprise peu après par le futur chanteur des Smith, Morrissey. La musique très anglaise des Buzzcocks, va logiquement influencer toute la future Pop Anglaise. Sans les Buzzcocks, il n’y aurait pas eu la scène de la Factory à Manchester (la Madchester !) ni toute la Pop des Nineties dominée par Blur et Oasis. En 1989, les Buzzcocks se reforment autour de Pete Shelley et de Steve Diggle et publient de nouveaux albums tout en continuant de tourner. Même s’ils ne valent pas ceux de leur age d’or, on y trouve encore ici ou là quelques bon titres.

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Bref, j’angoissais un peu tout en me faufilant vers le 1er rang qui se formait devant la scène. J’en étais là dans mes réflexions quand Steve Diggle est monté simplement et rapidement sur scène avec une magnifique Rickenbacker. Avant que je réalise ce qui se passait le groupe était déjà en train de jouer « Boredom » suivit de « Fast Cars » … une bonne entrée en matière. Puis comme un rouleau compresseur bien huilé, la musique des Buzzcocks a pendant plus d’une heure laminé les plus fous. Moi je ne boude pas mon plaisir. Mes états d’âme se sont évaporés comme par enchantement. Le groupe s’amuse et ne s’en cache pas. Le répertoire entier va y passer. Steve Diggle saute comme un cabri pendant que Pete Shelley s’égosille au micro. Dans la fosse c’est l’émeute et backstage c’est le défilé. Tous veulent voir les vétérans en action. Je retiendrais pour conclusion le regard plein de tendresse du bassiste des Toys Dolls.

Si la discographie des Buzzcocks s’est complexifiée au fil du temps, il est simple de s’y retrouver.

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Il ne faut pas manquer leurs 3 premiers albums, soit :
– Another Music in a Different Kitchen (Mars 1978)
– Love Bites (Septembre 1979)
– A Different Kind of Tension (Septembre 1979)
et tous les singles sont regroupés sur la compilation, « Singles Going Steady » qui reste à mon avis le meilleur moyen de s’immerger dans l’univers des Buzzcocks.
Ces albums ont été remasterisés de frais en 2001, et on les trouve facilement à des prix défiant toute concurrence.

Pour ceux qui voudrait approfondir leurs connaissances, les 3 premiers albums sont ressortis cet hiver dans des versions « Deluxe » contenant en plus des singles, les demos et un concert de l’époque. On trouve aussi facilement un coffret de 3 CDs contenant tous les singles du groupe ainsi que le mytique « Spiral Scratch ».

Pour les fans comme moi de la première version du groupe, il y a « Time’s Up » avec toutes les demos du groupe avant le départ de Devoto. Enregistrement brut de brut avec les 2 seules reprises du groupe, le génialissime « A Love You Big Dummy » de Captain Beefheart et le « I Can’t Control Myself » des Troggs ….. Indispensable donc.

Enfin pour finir, pour les fans de documents audio-visuel, la référence en la matière est « Auf Wiedersehen » enregistré en Janvier 1981 à Hambourg juste avant leur split, soit les Buzzcocks à leur apogée……

2 commentaires sur “Les Buzzcocks au Pont du Rock !

  1. yves

    Le pont du rock étais extraordinaire !!

    Les Buzzcocks ont assuré mais pas autant que le Bal des enragés !

  2. Tom

    Les Toys Dolls aussi étaient sympa, mais je n’ai pas la même attache sentimentale.

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