The National a démarré en 1999 et sorti le 10 mai dernier son 5è album studio : High Violet, classé numéro 3 aux États-Unis dès la première semaine. Ou comment conjuguer talent et succès. Si vous pensiez encore que musique indé signifie happy few.
Une histoire de famille
The National ce sont 5 gars, dont 2 paires de frères. A ma droite les Dessner qui tiennent les guitares, à ma gauche les Devendorf qui assure la section rythmique, au centre, Matt Berninger le chanteur (A gauche sur la photo ci-dessous). Ceci dit pour simplifier car plusieurs membres sont multi-instrumentistes.
On pourrait dès lors se dire qu’ils ne sont pas allés chercher bien loin, au détriment d’une compétence certaine pour quelques postes. Que nenni.
Chez les Devendorf, Bryan est un batteur exceptionnel, comme on en rencontre rarement dans les groupes pop. Son frère Scott est à la basse mais fait partie des touche-à-tout susmentionnés.
Quand aux jumeaux Dessner, Bryce et Aaron, ils sont à la composition, à la production et même responsables récemment de la compilation « Dark was the Night », destinée à récolter des fonds pour la lutte contre le sida et sur laquelle on peut entendre, entre autres : Bon Iver, Feist, Grizzly Bear, Beirut, Arcade Fire, Andrew Bird, Conor Oberst …
Une discographie fabuleuse
Un premier album à l’automne 2001, qui porte simplement le nom du groupe. Un disque qui rappelle plein de choses donc qui ne se démarque encore pas assez. C’est le début de la décennie, bien malin qui peut dire qu’elle sera tellement pop et folk.
« Sad songs for dirty lovers » suit 2 ans après et même avec une forte concurrence (en 2003, Bonnie « Prince » Billy, Calexico, Songs: Ohia, Smog, M.Ward, The Coral, Death Cab for Cutie sortent des albums), ils sont, déjà, dans les meilleurs. La faute à une écriture au dessus du lot, une instrumentation intelligente et la voix de Berninger.
Le 12 avril 2005 sort le chef d’œuvre : « Alligator ».
La différence ? Le petit grain de folie supplémentaire.
Il y a dans ce groupe basé à Brooklyn (oui comme …) quelque chose de certains des meilleurs de la décennie précédente (donc de celles d’avant). On entend chez The National un peu de The Tindersticks, un peu d’American Music Club … Dans une musique pourtant très actuelle.
Après ça, encore 2 disques, dont le petit dernier cette année, précédé de « Boxer » en 2007. Sont-ils moins bons ? A peine. Peut-être ces albums demandent-ils à chaque fois un peu plus de temps pour être apprivoisés, ce qui est ici un signe d’excellence. On est tombé amoureux et pour que ça dure dans le temps, il vaut sans doute mieux devenir un peu insaisissable.
Et en concert ?
Ils sont passés par La Route du Rock en 2007. Ce qui nous permet de vous dire qu’outre toutes les qualités citées plus haut, ce sont des interprètes phénoménaux. C’est sur scène que le jeu de chacun, notamment du batteur, nous est apparu si bon, si juste.
Matt Berninger, à lui seul, peut vous permettre de comprendre la différence entre chanter une chanson et l’incarner, d’où l’idée d’interprète. Malgré un timbre de voix qui amènerait plutôt dans l’intime que dans l’envolée, son espèce de fragilité déglinguée mélangée à une drôle de force « en-dedans » captive les néophytes. Une fois happé, il n’y a plus qu’à profiter de tout ce qu’il y a sur la table.
RDV au Fort St Père le dimanche 15 août à 23h15.
Bloodbuzz Ohio
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Merci pour le joli hommage à un groupe qui mérite mille fois qu’on en dise et redise du bien.
Le Club Alsacien Pour la Réhabilitation des Albums Mineurs tient à signaler la haute teneur en recommandabilité du « Sad songs for dirty lovers » que ce serait vraiment dommage de passer à côté, non mais ho hein bon.
Notons, qu’en plus du fait que tout est bon dans The National, le moins connu à savoir le EP « Cherry Tree » est ce que l’on peut sans doute appeler un chef d’œuvre d’une beauté à vous faire pleurer un troupeau de légionnaires