La Route du Rock 2016 – De la grâce à la fureur (Compte-rendu du dimanche)

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Article écrit et photographié à quatre mains par Mr B, Yann, So et Isa

C’est déjà le quatrième et dernier jour de cette 26ème édition de la Route et on n’a tout simplement pas vu le temps passer. Nous savourons le plaisir de franchir l’entrée du Fort sous un soleil radieux. C’est dingue ce qu’un ciel bleu et des paires de bottes laissées à la maison peuvent vous rendre guillerets malgré la fatigue et la musique de La Femme. Nous pressons le pas pour ne rien louper d’une soirée pour laquelle nos attentes étaient au plus haut. Les concerts de Julia Holter et de Sleaford Mods étaient en effet placés tout au sommet de nos pronostics prévisionnels de grosses claques potentielles.

Morgan Delt : A l’ombre de la fuzz

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Bon, le revival psyché peut lasser un peu, sachant qu’il faut faire du tri parmi les (nombreux) groupes qui se bousculent devant la porte d’entrée de ce genre musical. Morgan Delt sort du lot avec des mélodies imparables et beaucoup plus malicieuses qu’il n’y paraît à la première écoute. Son premier album éponyme (sur Trouble in Mind) nous avait emballés et on attendait avec impatience de découvrir les titres du nouvel album à paraître dans quelques jours. On arrive peu après le début du concert, les notes planantes de The System of 1000 Lives accompagnant notre entrée sur le Fort. Un titre qui donne clairement le ton, tout comme le look vestimentaire du guitariste, cheveux multicolores entourés d’un bandeau, chemise à fleurs et pieds nus. L’enchainement Beneath the Black and Purple / Chakra Sharks nous invite rapidement à chasser les clichés, avec ces deux chevauchées rock épiques, parfaitement troussées. Le set, très bien construit, alterne judicieusement titres enlevés et moments planants, comme sur Barbarian Kings qui nous rappelle l’excellent Jacco Gardner (signé sur le même label). Le contrepied est saisissant avec Backwards Bird Inc., l’un des meilleurs titres de l’album : le tempo de cette montée sonore est encore plus rapide en live, avec une basse ronde qui donne une touche soul du plus bel effet. Le reste du set reste cohérent, influencé par le son californien des sixties, avec une touche de modernité évidente (Tame Impala). Morgan Delt aime nous déstabiliser avec ses mélodies à tiroirs avec un réjouissant sens de la rupture (Mr Carbon Copy, Make my Grey Brain Green). Et les morceaux, dépouillés de leurs arrangements (un peu trop) luxuriants sur album, passent largement le cut en live. Les quatre musiciens achèvent ce concert par l’ensoleillé Some Sunsick Day, qui fait partie du nouvel album, Phase Zero (sortie le 26 août). Étant donné la qualité des nouveaux titres découverts ce soir, on ira y jeter une oreille attentive.

Julia Holter : éblouissant soleil

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On avait manqué Julia Holter sur la plage en 2013 (enfin le temps étant, hum… breton, elle avait dû jouer à l’intérieur) mais c’est cette fois sur la scène du Fort qu’on retrouve l’Américaine. Et sous un soleil éblouissant. On l’avoue : l’impatience nous tord l’estomac, tout comme l’angoisse qui nous fait croiser les doigts jusqu’aux orteils. Suite à la réussite éclatante du dernier album de l’Américaine (Have you in my wilderness -Domino, 2015) qu’on adore déjà depuis ses premiers essais plus ardus et expérimentaux (Tragedy en 2011 puis Hekstasis en 2012, avant le tout aussi réussi Loud City Song) on appréhende le passage au live : comment faire pour que cette cathédrale de pop luxuriante, baroque, ingénieuse et sensible se révèle aussi éblouissante en live que sur album ? On a toutes les chances d’être déçu. Mais c’est sans compter sur la Californienne aux lunettes de soleil et ses extraordinaires comparses : Dina Maccabee à l’alto et aux chœurs sur la droite, Devin Hoff à la contrebasse à gauche et Corey Fogel à la batterie (et aux chœurs aussi) en fond de scène.

JuliaHolter@RouteDuRock2016-alter1fo (13)Dès Horns surrounding me (Loud City song), complètement réarrangé pour le live (exit les cuivres, les bruits de pas et le souffle haletant), on en prend plein les oreilles de classe. Sur une basse profonde en ostinato, renforcée par une batterie martelée, les parties d’alto (qui flirtent quasi parfois avec la musique contemporaine) alternent entre glissements inquiétants, envolées aériennes et mélodies tournoyantes, tandis que la voix de Julia Holter (quasi toujours parfaite durant tout le concert, c’est impressionnant) se balade sur la mélodie jusqu’au virage flottant du refrain, totalement imparable. On avait peur que les arrangements ne passent pas le cap du live. On se rend vite à l’évidence : ils sont d’une richesse inouïe. Sur Silhouette, les onomatopées vocales de l’altiste répondent en écho aux notes légères du clavier de Julia Holter et se poursuivent, contre toute attente, sur le chant lead de la jeune femme, nous filant d’ores et déjà une première salve de frissons. On n’a pourtant pas fini de frémir : la mélodie en avalanche du refrain se joue déjà de notre rythme cardiaque, avant que le pont ne nous fasse définitivement chavirer : notes en ostinato au clavier et voix de plus en plus déchirante (et puissante), encore renforcée par un chœur époustouflant, la montée nous laisse exsangue. On cache comme on peut nos yeux humides, tandis que les applaudissements éclatent.

Nos voisins l’affirment : l’horaire de passage de Julia Holter est juste parfait : sous le soleil, les oreilles encore alertes, les festivaliers sont sûrement plus réceptifs à cette pop, certes évidente, mais exigeante. La première partie d’In the Green Wild, par exemple, flirte avec la musique contemporaine (stridences à l’alto, voix atones). Mais c’est toute la force de Julia Holter : cette facilité et cette exigence d’insérer délicatement dans cette pop ultra mélodique des influences moins évidentes (le refrain d’In the Green Wild justement, raccroche toutes les oreilles, tout comme plus tard celui du sublime Lucette Stranded on the Island). On ne résiste pas plus aux échos des voix sur le plus ancien So Lillies (Tragedy) et aux jeux sur les sonorités percussives du batteur aux ustensiles divers amenés tout en délicatesse. La rythmique sautillante piano/batterie (parfois remplacée par une walking bass à la contrebasse) d’Everytime Boots, particulièrement entraînante s’accompagne d’une descente bruitiste des cordes sur l’alto et d’un chœur ébouriffant. Là, un roulement délicat sur la batterie annonce le refrain. Plus tard, Feel You se révèle émouvant en diable, tandis que Betsy on the roof (quelles voix !) nous déchire de l’intérieur. On aura même le droit à un nouveau titre avant la fin du set. Avant une incartade vers le jazz sur un Vasquez exécuté tout en finesse. Plutôt que de simplifier son propos du fait de jouer dans un festival rock, Julia Holter donne toute confiance à l’intelligence d’écoute de ses auditeurs. Et on l’en remercie. Le set s’achève sur l’irrésistible Sea Calls me home et son piano aux sonorités de clavecin. Les sifflements et les chœurs habillant à leur tour ce joyau pop irisé d’une classe intemporelle.

Feu d’artifice pop, flirtant avec le jazz ou la musique plus expérimentale, éblouissant par la richesse de ses timbres, de ses textures, marqué par un songwriting étincelant, multipliant trouvailles époustouflantes, qu’elles soient mélodiques, harmoniques, de voix enchevêtrées ou d’instrumentations, la musique de Julia Holter est définitivement de celles qui nous aura ébloui les oreilles ce soir.

Christophe Brault sort du garage

Dimanche14août@RouteDuRock2016-alter1fo (3)Un petit détour par la traditionnelle conférence bilan dont on vous reparlera très vite et nous avons encore le temps avant le concert suivant de passer à l’espace labels au stand des éditions Le Mot et le Reste, pour aller payer notre obole au camarade Christophe Brault. Notre musicologue favori et animateur toujours aussi passionné de notre podcast maison Music machine y dédicaçait en avant première son premier livre sur le rock garage. On peut y lire une présentation d’une centaine de groupes du genre, précédée d’une petite histoire du mouvement décortiquée avec le talent et la précision d’orfèvre qu’on lui connaît.

Pour vous donner un aperçu, voici la présentation officielle : « Le rock garage se développe à partir de 1964 en réaction à la British Invasion des Animals, Rolling Stones ou Kinks des charts américains. L’inexpérience et la jeunesse des musiciens ainsi que leur manque de moyens les obligeront souvent à répéter et enregistrer dans le garage familial, donnant ainsi à leurs productions un son amateur, brut, sale, punk avant l’heure, que l’on baptisera garage. La démocratisation de cette méthode de production va permettre à des milliers de groupes de se former, certains d’entre eux obtenant même un hit inattendu. Le mouvement psychédélique et surtout le rock progressif mettront un terme à toute cette énergie qui réapparaîtra au début des années 1980 impulsant le courant « revival ». Une nouvelle génération (Crawdaddys, Chesterfield Kings) qui imitera dans un premier temps ses ainés avant de s’en émanciper totalement (Lyres, Miracle Workers, Cramps). Les décennies suivantes confirmeront la vitalité de cette scène qui s’étendra aussi largement en Europe et jusqu’à nos jours, le succès de la nouvelle scène garage française en étant la marque. Des Fleshtones à Ty Segall, des Fuzztones à Jay Reatard, le mouvement est devenu aujourd’hui incontournable pour tous les amateurs et autres défenseurs de guitares fuzz et d’orgues farfisa. »

Le livre sort officiellement le 18 août prochain et Christophe fera plusieurs séances de dédicace dans les parages dont on vous reparlera sûrement.

Lush : Retour aux sources

Lush@RouteDuRock2016-alter1fo (5)Les organisateurs continuent de faire plaisir à leurs plus vieux fans, puisqu’après My Bloody Valentine dont la puissance sonique dévasta les oreilles 20 km à la ronde du Fort St Père en 2009, la très chouette prestation de Slowdive en 2014 et celle de Ride (on a été un tantinet moins convaincu) l’an dernier, ils ont choisi d’inviter l’un des autres fleurons du shoegaze circa nineties avec les tout aussi mythiques Lush. Miki Berenyi, jupe courte noire et dorée, a abandonné ses cheveux rouges (oranges ?), mais le temps semble n’avoir pas eu grand prise sur elle. Toujours classe, elle occupe le centre de la scène, assurant le chant lead et les guitares (6 cordes, 12 cordes), tandis que sa compagne de bamboche d’autrefois, Emma Anderson, à gauche, assure les chœurs et la guitare. A droite, on retrouve Phil King à la basse, tandis qu’en fond de scène c’est désormais Justin Welsh, le batteur d’Elastica qui se charge des fûts en lieu et place de feu Chris Acland (le décès du batteur, retrouvé pendu dans le jardin de ses parents en 1996 mit un coup d’arrêt brutal à la carrière du groupe). Les Britanniques entament le set avec De-Luxe et Lit up, respectivement issus du ep Mad Love, produit en 1990 par Robin Guthrie des Cocteau Twins et de leur second album Split (1994).

Tout de suite, le ton est donné : guitares claires ou saturées noyées dans les effets, batterie carrée et puissante, voix lead et chœurs qui s’entremêlent (avec des chœurs qui ne se contentent pas de doubler la voix lead, et c’est bien chouette). Certes, la justesse n’est pas extrême, mais on ne boude pas notre plaisir. L’énergique intro de Kiss Chase (Split) qui démarre pied au plancher fait bondir de joie les plus anciens des festivaliers : le chant de Miky s’y fait plus scandé avant une accalmie réussie sur Hypocrite, dédicacée à Robin Guthrie justement. Les guitares se font vaporeuses, la voix mélancolique. Tout comme l’intro de Thoughtforms (de leur première sortie discographique, le mini-album Scar, cette fois), où Miky chante quasi a capella sur des petites notes éthérées, suivi par un joli duo d’arpèges des deux guitares. On apprécie tout autant Light from a Dead Star et ses guitares tout aussi évanescentes.

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A ceux qui regretteraient que tout ceci ait déjà entendu, on avancera que ce sont justement les Lush et consorts qui ont inventé ce son de six-cordes enchevêtrées, tour à tour claires ou brumeuses, grondant d’orages électriques larvés dans lesquelles viennent se noyer les voix. Desire Lines et Breeze, autres fleurons de la noisy pop canal historique, puis Etheriel et ses guitares bien chargées d’électricité re-musclent ensuite légèrement la setlist. Scarlet (que Miky dédicace à sa famille, présente dans le Fort) nous rappelle qu’en plus, Lush a une tripotée de bonnes chansons à son actif. La setlist fait ensuite un bond dans le temps, puisque c’est Out of Control qui suit, single issu du nouvel ep Blind Spot sorti en avril dernier. Enfin, c’est plutôt retour vers le futur tant ce nouveau titre sonne comme les anciens. For Love, au tempo légèrement accéléré, Ladykillers (seul extrait du concert du troisième album du groupe, Lovelife, bien plus britpop que shoegaze) puis Downer dynamisent le final avant un parfait Sweetness and Light lacéré de guitares brumeuses. Alors certes, cela fait 20 ans qu’on n’avait pas vu les Britanniques sur scène (et 28 ans que le groupe a commencé, ouch !) mais ce soir, Lush a tenu son rang, avec une prestation, qui en plus d’être fort honorable, a eu ce petit effet madeleine irrésistible pour les plus noisy popeux d’entre nous.

Fidlar : Pogo et grosses ficelles

Fidlar@RouteDuRock2016-alter1fo (3)Le devant de la scène des remparts s’est sérieusement garni, et on sent tout de suite que ça va sévèrement bouger : Fidlar (pour Fuck it Dog Life’s a Risk) est attendu de pied ferme par de nombreux festivaliers. Les quatre garçons déboulent sur scène, avec un bon look de skateur californien, et débutent leur set avec une reprise des Beastie Boys, Sabotage : pas de relecture inventive mais c’est suffisamment honnête pour faire le boulot, c’est-à-dire mettre en ébullition les premiers rangs. Les bombinettes punk se succèdent au début du concert, essentiellement extraites de leur premier album éponyme (2013), à l’exception de Drone (sur Too, paru l’année dernière). Zac Carper finit souvent au sol avec sa guitare toilée, Brandon Schwartzel fait des figures acrobatiques avec sa basse (quitte à en oublier de jouer par moment), ça hurle ce qu’il faut, potards à fond, ca pogote et ça slamme joyeusement dans le public : exactement ce qu’on attendait d’eux. La deuxième partie du concert va nettement moins nous emballer. Essentiellement basé sur des morceaux de leur deuxième album, leur skate-punk se fait moins urgent mais plus mélodique. Et plus convenu aussi. Le chant est crade comme il faut sur 40oz. On Repeat mais c’est peu inventif musicalement. On a même la désagréable sensation d’entendre du sous-Rage against the Machine sur Punks, avec un côté heavy plus lourdingue que puissant. Et quand ils reviennent au punk, on a une nette préférence pour le côté brut de 5 to 9 que les chœurs pénibles de West Coast. Ils concluent impeccablement leur concert avec la doublette Wait for the Man/Cocaine qui remet en fusion les festivaliers. Si on doit leur reconnaître une indéniable énergie, on reste sur notre faim quant à la transposition scénique de leur nouvel album. Quoi qu’il en soit, ils auront été une parfaite rampe de lancement pour la suite des hostilités.

The Fat White Family : Ou comment exploser au ralenti

FatWhiteFamily@RouteDuRock2016-alter1fo (10)Il n’y a que les cailloux et les voitures sans frein qui ne changent pas d’avis. Si nous étions totalement passés au travers du concert de The Fat White Family lors de l’édition 2014 de ce même festival, les nombreux avis positifs des collègues et la lecture de quelques interviews des gusses font que nous attendions désormais avec une grande impatience cette séance de rattrapage. En bon expert en provocation, la bande annonce son arrivée sur la grande scène par un beau et troublant appel de muezzin. Le « Allahu akbar » résonnant dans le fort a sûrement du donner quelques palpitations aux militaires présents en nombre sur le festival pour cause de plan Sentinelle. Les Londoniens déboulent et balancent sans préliminaire leur rock lancinant et grinçant. Le frontman intenable Lias Saoudi assure le show avec sa voix parfaitement déglinguée et sa bougeotte perpétuelle. En moins de trois chansons, le gars est déjà torse poil, a arpenté la scène dans tous les sens et fait un aller-retour au milieu du public. La présence tout en tension du bonhomme n’est pas sans nous évoquer celle de ce grand barjot de Lux Interior des Cramps sans qu’il ne souffre de la comparaison. Ce qui assez épatant dans la bande, c’est sa façon insidieuse de faire monter la tension. Le rythme est globalement assez lent, si ce n’est quelques décharges soniques accompagnées des hurlements du chanteur et pourtant le concert et le public vont vite monter en pression.

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Ils ne prennent même pas la peine d’emballer le truc sur l’aussi flippant que dansant The Whitest Boy On The Beach. Plus finauds que ne veulent bien le laisser entendre leurs guitares désaccordées et les chœurs savamment approximatifs, ils livrent des versions live d’une efficacité redoutable derrière la nonchalance et le je-m’en-foutisme. Après l’hilarant I am Mark E Smith (du nom du chanteur de The Fall) et le répugnants Is it raining on your mouth (on vous laisse trouver de quoi parlent les délicieuses paroles), ils balancent un Satisfied joliment gonflé par un pont basse/deux notes de clavier. Suit un morceau à peine plus musclé enchainé avec Goodbye Goebbels, chanson d’amour gravement malade s’achevant dans des hurlements assez épatants. Il ne leur reste plus alors qu’à enchainer les imparables Touch The Leather et Bomb Dysneyland pour achever d’enflammer le Fort. Nous sortons de là un peu pantelants mais surtout ravis d’avoir donné une seconde chance à un des groupes les plus foutrement Rock’n’Roll du moment.

Savages : Bref

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Nous vous avions déjà causé en long et en large des prestations des Savages, pas très convaincantes à la Route du Rock en 2012, et beaucoup plus à l’Antipode en 2013 et à nouveau au festival malouin en 2015. Alors forcément, une certaine lassitude pointe quand il s’agit à nouveau de causer de la bande de Gemma Thompson et Jehnny Beth. Nous dirons juste que les quatre dames ont livré un set intense et d’une redoutable efficacité mais que nous continuons aussi de tiquer sur le manque de spontanéité et les ficelles scéniques un peu trop visibles.

Sleaford Mods : « C’est vraiment très vilain. »

SleafordMods@RouteDuRock2016-alter1fo (6)

L’autre concert très attendu par notre équipe de cette soirée était celui des Sleaford Mods. Pas de surprise côté dispositif scénique, on retrouve donc derrière son micro la silhouette trapue de Jason Williamson et cette grande tringle d’Andrew Fearn bière à la main derrière son ordinateur portable.

SleafordMods@RouteDuRock2016-alter1fo (13)Le débit mitraillette allié à un accent nasillard à couper à la tronçonneuse du premier et les beats grinçants et secs comme des coups de trique du second s’avèrent rapidement aussi redoutables sur scène que sur disque. Un concentré de la rage et de la frustration de la classe populaire britannique mis brillamment en musique par le duo et qui dégage sur scène une énergie dévastatrice. Les deux lascars  jouent à fond le contraste entre leurs deux attitudes. Jason Williamson balance ses paroles impitoyables et acides tous postillons dehors et veines du cou prêtes à exploser. Secoué de spectaculaires tics nerveux, il nous gratifie en plus de petits pas de danse galvanisants et compulsifs. Aux côtés de cette centrale nucléaire fissurée sur patte, Andrew Fearn garde un flegme hilare se contentant de lancer les morceaux d’un clic et de répéter les paroles de son compère en se dandinant en oscillant consciencieusement sa casquette. Comme à leur habitude leur setlist est finement conçue pour monter en puissance et le public tangue sourire aux lèvres sous leurs coups de boutoir.

Ponctuant son propos de borborygmes furieux, de « Nah ! » explosifs et d’un florilège continu de jurons à faire rougir le plus endurci des charretiers, Jason Williamson assure le show pendant et entre les morceaux. Il massacre consciencieusement le monde musical et politique anglais, harangue le public avec une morgue so british puis s’excuse pour le brexit au nom de la « Petite Angleterre » et de son insupportable complexe de supériorité, ponctue un jet de gobelet sur scène par un hilarant  « C’est vraiment très vilain ! » puis  appelle au meurtre des patrons, annonce qu’après discussion avec son collègue ils ne joueront pas la tuerie Jobseeker car les paroles pourraient offenser les chômeurs présents avant d’évidemment le balancer dans un retentissant « Ho et puis merde« … La majorité du public n’entrave sans doute pas grand chose aux propos du bonhomme mais l’attitude est là et la présence scénique est si évidente que le plaisir semble pourtant général.

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Ils concluent l’affaire sur l’impitoyable et irrésistible Tweet Tweet Tweet qui boucle en furieuse beauté un merveilleux moment de rage pure et d’humour ravageur. Et bordel, qu’est-ce qu’on avait besoin de ça !

Vous pouvez vivre ou revivre l’intégrale du concert des Sleaford Mods en vidéo mais on ne peut que hautement vous conseiller de faire le déplacement pour vivre la chose en direct si vous en avez l’occasion.

Jagwar Ma : Conventions australiennes

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En remplacement de The Avalanches absents pour raisons de santé, c’est donc leurs compatriotes de Jagwar Ma qui concluent le festival. Malgré un souffle aciiid certain évoquant le Madchester des 90’s, le groove mollasson du trio et  leur pop convenue et trop calibrée laissent nos jambes et nos oreilles de marbre. Nous quittons donc le fort au bout de quelques morceaux ravis d’avoir eu le bonheur de voir confirmer nos pronostics d’une manière inespérée.

Route du Rock 2016 : Dimanche 14 Août 2016


La Route du Rock Collection Eté 2016 a eu lieu du jeudi 11 août au dimanche 14 août.

Plus d’1fos : http://www.laroutedurock.com/


2 commentaires sur “La Route du Rock 2016 – De la grâce à la fureur (Compte-rendu du dimanche)

  1. DjeepTheJedi

    Mon Top 3 du Dimanche:

    1/ Fidlar! La la la la
    2/ Fat White Family j’étais complètement passé à coté la dernière fois et maintenant j’ai qu’une envie c’est de les revoir à nouveau!
    3/ Savages parce j’ai pas vraiment vu le reste… 😅

  2. Stéphane

    Merci pour votre compte-rendu hilarant du set de La femme. Déjà ce nom, tout un programme…
    Je n’y étais pas mais c’est comme si j’y étais…

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