Depuis quelques jours et jusqu’au 28 août, les Champs libres accueillent l’exposition « La Bretagne fait son cinéma ». Des frères Lumières au Gaumont de Rennes, partez à la découverte de ce qui a marqué le cinéma autour de la région et entrez dans l’univers incroyable du grand écran.
« Moteur… ça tourne ! Séquence 29, temps de tournage : 10 heures. Décor : salle à manger, Bretagne. Repas avec les parents. Et Action ! « – Vous n’aimez pas les endives braisées ? – Personne n’aime les endives braisées dans la vraie vie, maman ! » ». Bienvenue sur le tournage de Non, ma fille tu n’iras pas danser de Christophe Honoré. Enfin, pas tout à fait sur le plateau mais on s’y croirait presque. En réalité, nous nous trouvons à l’entrée de l’exposition « La Bretagne fait son cinéma », visible jusqu’au 28 août aux Champs libres. Affiches de cinéma, vieilles caméras et reconstitution du cinéma Omnia… un décor qui nous plonge entièrement dans l’univers cinématographique. Avec un peu d’histoire pour commencer. En 1895, c’est la première projection des frères Lumières. Et depuis ?
C’est en 1908 que Rennes a reçu sa première salle de cinéma : l’Omnia pathé. Installé Place du Calvaire, il compte près de 800 places. L’incendie du 12 avril 1931 le ravage et laisse place au Royal, qui devient Gaumont en 1978. Certains se souviennent alors de ce cinéma, situé sur les quais. Trente ans plus tard, il déménage et s’installe sur l’esplanade Charles de Gaulle pour devenir le multiplexe que l’on connaît.
Naissance du cinéma breton
L’exposition nous amène à la fin du XIXe siècle. La Bretagne est encore une terre peu prospère pour le cinéma. Les cinéastes préférant le sud de la France pour les tournages. Ce sont les forains qui font découvrir à la population rurale les films d’abord comiques, puis scientifiques et enfin mélodramatiques. A cette époque, l’Eglise voit d’un mauvais œil le cinéma. Mais sur le territoire breton, malgré la censure de cette dernière, ils font bon ménage. Rapidement, la Bretagne interpelle les cinéastes qui espèrent exploiter « la puissance évocatrice des côtes bretonnes avec la violence des falaises, l’apaisement de la plage et le désir d’ailleurs dans les ports ». Finie l’image de la mer comme un lieu de travail et de danger, place aux vacances et aux retrouvailles (Contes d’été d’Eric Rohmer, Petits arrangements avec les morts de Pascale Ferran, Villégiature de Philippe Alard).
Très vite, les clichés s’accumulent. Bigoudène, vacancier, curé et alcooliques… les caricatures du peuple breton sont portés à l’écran. Et c’est en 1914 avec la création de Bécassine, « une bonne niaise et entêtée », qui laisse transparaitre le regard condescendant du parisien type. Et en 1970, les nanars bretons naissent. Blagues salaces et langage graveleux, plusieurs films sont fracassants. Dans Les galettes de Pont-Aven, on y retrouve Dominique Lavanant dans le rôle d’une prostituée en coiffe. Et dans Les novices, Brigitte Bardot incarne la Sœur Agnès, échappée du couvent et recueillie par une prostituée au grand cœur, incarnée par la défunte Annie Girardot.
L’envers du décor
Plusieurs grands noms du cinéma se sont intéressés à la région. Notamment Jacques Tati dans Les vacances de M. Hulot ou encore Claude Chabrol qui a tourné pas moins de sept films sur le territoire dont Que la bête meure, Les fantômes du chapelier et La cérémonie. Trois polars « qui mettent en scène la grossièreté et la folie de la nature humaine au cœur de la bourgeoisie de province ». La Bretagne, en un siècle, enregistre au compteur plus de 300 œuvres tournées sur ses terres. Mais que faut-il pour réaliser un film ?
L’exposition nous amène dans l’envers du décor. Morceaux de plateaux, extraits et maquettes de films… de quoi se mettre dans la peau d’un acteur ou d’un réalisateur. Mais « La Bretagne fait son cinéma », c’est aussi la découverte de près de 30 corps de métiers. Du décorateur au costumier, en passant par la couturière, le chapelier, le peintre ou encore la brodeuse, personne n’est mis à l’écart. Le travail du décorateur est précisé. A la suite de la présentation des dessins, le réalisateur décide de tourner en décor naturel ou en studio. Le blé en herbe de Claude Autant-Lara, en 1954, sera par exemple en partie tourné en studio et en partie à Erquy pour les prises de vue en extérieur.
Cinéma engagé, cinéma d’animation ou encore cinéma d’aujourd’hui, l’exposition trace un portrait assez complet de la Bretagne et du cinéma dans un décor exceptionnel.
Autour de l’exposition (dans la salle de conférences Hubert Curien)
Mercredi 6 avril à 12h30 : ciné-concert Terre-neuve avec Jacques Pellen.
Samedi 9 avril à 14h30 et 16h : rencontre avec Christophe Honoré.
Mercredi 13 avril à 18h30 : leçon de cinéma d’animation avec Jean-Claude Rozec.
Dimanche 17 avril à 16h : Rencontre avec René Vautier.
Mercredi 20 avril à 12h30 : ciné-concert Duel avec Olivier Mellano.
Jeudi 28 avril à 20h30 : Rencontre avec Pascale Breton et Eric Thouvenel.
Jeudi 5 mai à 18h30 : café littéraire en hommage à Jean Sulivan(au café des Champs libres).
Super idée d’expo ! Mis à part quelques nanars, c’est vrai qu’en matière de tournages, la Bretagne n’est pas mal lôtie ! Mais ce n’est pas que le fruit du hasard, comme pour la musique où le théâtre, les acteurs de l’audiovisuel ont du se structurer, notamment au travers de l’association Films en Bretagne. Du coup, les réalisateurs qui veulent tourner en Bretagne profitent d’un véritable réseau de producteurs, comédiens, régisseurs etc.
A ma connaissance, il n’existe pas d’associations de ce type dans les autres régions