C’est un trait commun aux trois artistes programmés aux Bars en Trans, ce jeudi au 1988 club: outre leur réunionnaisité , tous trois transcendent séga, maloya, et bien d’autres influences, et, au travers de parcours singuliers, proposent chacun une musique moderne attachée à l’île volcan: musiques métissées, forcément.
Maya Kamaty, par exemple, la plus jeune, est née « les deux pieds dedans »: ses deux parents sont membres des mythiques Ziskakan, acteurs principaux du renouveau musical et culturel réunionnais, aux côtés de Danyel Waro ou d’Alain Péters. Elle côtoie, très jeune, la plupart des grandes figures musicales de l’île, mais c’est pourtant en Métropole, loin du foyer familial, qu’elle commence à composer et chanter, avant de revenir s’installer à la Réunion. En s’accompagnant d’une guitare ou du kayamb (vous savez, ce cadre en bois plein de graines qui rythme le maloya de Waro, par exemple), elle s’inspire de ses voyages (en Inde, notamment), des gens rencontrés ou de simples petites histoires de vie vécues pour en tirer des chansons chantées dans un créole délicieusement imagé: le folk de l’Océan indien actuel et intimiste.
Besoin d’une présentation de René Lacaille? Celui que les Inrocks présentent comme une « légende vivante » n’en finit plus de bourlinguer entre son île natale et les routes de France, les idées musicales en pagaille, toujours une recette de cuisine en tête et l’accordéon sous le bras. Compagnon du grand Alain Péters, guitariste rénovateur du séga, il se tournait vers des expérimentations plus jazz, en Métropole, quand la rencontre de la musique de Danyel Waro l’a rebranché vers l’Océan Indien. Il égrène aujourd’hui joyeusement galette sur galette, en réactualisant les ségas de son enfance entendus au Port ou les maloyas cachés « dans les hauts », régulièrement accompagné de sa progéniture.
Enfin, la grande iconoclaste du Maloya, c’est Nathalie Natiembé: remarquée en 2005 dans nos latitudes pour un très beau disque de maloya traditionnel (« Sankér »), Nathalie n’en finit plus de repousser plus loin les limites de sa musique. Flanquée des activistes de Bumcello et de la production du précieux Yann Costa (qui l’accompagne aussi sur scène), elle a d’abord étonné son monde avec « Karma » (2009) qui retient du maloya la rage, l’urgence et la performance, pour l’acoquiner avec les ingrédients du rock le plus tendu. Elle vient à Rennes avec un nouvel opus, Bonbon Zetwal, qui emmène encore un peu plus tôt dans le rock (elle cite Firmin Viry ou Danyel Waro autant que les grandes icônes du rock 70’s).
Soirée Réunionnaise aux Bars en Trans, Jeudi 5 décembre, 1988 club, 12 euros
Festival bars en Trans