La création « Gurzuf & Dominic Sonic » a tenu ses promesses. Montrer, comme le Festival du Grand Soufflet le revendique, que l’accordéon peut se mêler à tous les genres musicaux et expressions artistiques.
Gurzuf + Dominic Sonic = Trio explosif
Quand le duo biélorusse Gurzuf rencontre Dominic Sonic, il y a étincelles. Etincelles musicales, étincelles de décibels. Difficile de rendre compte de ce moment passé hier soir en leur compagnie sous le chapiteau.
C’est Gurzuf qui ouvre le bal. Une intro par l’accordéoniste Egor Zabelov qui pose une atmosphère étrange et mystérieuse, accentuée par les lumières bleutées. Puis le batteur Artem Zalessky entre en lice. Leur univers prend aux tripes. On se laisse porter par les méandres du souffle de l’accordéon et la puissance de la batterie.
Quand ils sont rejoints par Dominic Sonic, la création prend forme. Shit song pour démarrer : univers étrange et décalé avec des phrases musicales répétées et entêtantes pour l’accordéon. Impressionnant de voir combien Egor Zabelov fait corps avec son instrument. Il grimace, l’embrasse, sourit, suit sans arrêt ses deux comparses de scène. Un morceau très long, hypnotique. Le public est comme tendu sur un fil. Et puis ça s’arrête net, d’un coup, tranché par un rasoir.
L’accordéon reprend, douce ritournelle légèrement mélancolique. Une intro triste et joyeuse à la fois comme seul sait le faire cet instrument. C’est étonnant, c’est beau, ça transperce et ça tient en émoi. Un silence. Le public retient sa respiration. Puis l’accordéon repart, d’un seul souffle, plus fort et plus puissant. Il se fait guilleret, comme sautillant dans les flaques d’eau. Les changements de registres sont étonnants, à la fois vibrants et émouvants. Il y a foule devant moi. Je ne vois plus la scène et je n’entends que les notes, en observant cet accordéon, ombre mouvante sur la toile bleue du chapiteau. Un morceau vraiment hypnotique, qui finira dans un effleurement, comme un larsen, dernier souffle de l’accordéon.
Difficile de retranscrire cette soirée, de partager ces moments intenses musicalement. A la fin du set, les musiciens expliquent, avec un accent cute très russe – notera un ami présent sous le chapiteau -, qu’ils ont travaillé en résidence à Louvigné-du-Désert, où, se sentant comme à la maison, ils ont pu faire ce qu’ils voulaient…
Une première partie énergique avec Little Ballroom
A 18h, en guise d’ouverture de cette soirée punk rock, place à Little Ballroom, ce groupe venu de Paris avec sa gouaille, son énergie et son excentricité décalée. Une accordéoniste en robe rouge latex moulante et perruque à plumes avec un collant vert bouteille, une violoncelliste en robe lamée noire à paillettes avec de jolis collants rouges, un bassiste et un batteur, qu’on croirait sorti tout droit des Ramones. Un quatuor trash prêt à en découdre sous le chapiteau du Grand Soufflet malgré l’heure peu tardive de programmation (18h, il semblerait qu’ils n’aient jamais joué aussi tôt !).
Les chansons s’enchainent avec une énergie déconcertante, les paroles sont extravagantes. Leur Washing machine a dû faire trembler les vitres du Parlement ! MTV propose un accordéon expérimental, une déconstruction de la mélodie, une énergie tourbillonnante , le tout s’achevant par le hurlement de la violoncelliste.
« Bon, vous allez bouger votre cul là ! Allez Rennes ! » : l’envie de se remuer devient communicative. Les quelques bières du début de concert commencent à faire effet. Le public se met à danser, et les bénévoles, derrière le bar, se déchainent. Gros succès final à l’applaudimètre pour ce cabaret punk accordéon !