Magnifique et étonnant concert de Fantazio et René Lacaille à l’Antipode ce soir dans le cadre du Grand Soufflet: Fantazio/Lacaille ou le projet artistique en élaboration constante de deux artistes libérés de toute convention dressant des ponts musicaux entre rythmes métissés maloya, création contemporaine curieuse et débridée et pirouettes littéraires. Protéiforme et vibrant…

Quand un contrebassiste créateur d’audaces musicales voire littéraires rencontre un génial accordéoniste rempli de musiques jusqu’à la barbe, ça sent la créativité pure. On y a eu droit ce soir à l’Antipode. Cherchez pas d’unité, y en a pas. Les deux compères, que de prime abord, peu rapproche, s’entendent à merveille pour nous déballer leur grand bazar curieux et débordant: ballades rock décharnées, chansons, lectures ou tirades diverses en trois langues, chansons d’avant Eve réunionnaises en créole délicieux, swing parisien des années 30 ou longues dérives percussives… Près de 2h30 de work-in-progress libertaire où chacun se servira.
Certains se délecteront des premiers instants, investis par Fantazio, qui nourrit ses compositions à la contrebasse de tirades en rupture, lectures et chant polyglote, servis avec les rasades free de ses musiciens ou la ballade en anglais chantée à deux avec Oriane Lacaille. le contrebassiste profite alors d’une même longue tirade pour introduire René Lacaille et lever tout le public des premiers rangs qui se débarasse alors de toutes les chaises…
Ils entament alors quelques compositions communes portées par batterie, percussions, cuivres et coeurs puis combinent lecture de texte sur la danse et musique percussive, presque initiatique.

D’autres préferreront les délicieuses créations de Lacaille et les visites au patrimoine musical de la Réunion, jouées en famille ou avec l’ensemble des musiciens, ou l’hommage prolongé à Alain Péters (Caloubadia). C’est un vieux Maloya plein de vitalité qui clôture la performance, saluée justement par un triomphe.