Grand Soufflet 2013 : Coups, sang et sueur, viva la Lucha Libre !

Samedi 14h30. Le public se presse place du Parlement devant le chapiteau du Grand Soufflet. Certains portent des masques colorés et pailletés, beaucoup parlent espagnol… Mais que se passe-t-il ?
Tous trépignent en attendant ¡ Lucha Libre Invasión ! Oui, le Grand Soufflet, en invitant le Mexique, a décidé de nous plonger dans l’élément phare de la culture populaire mexicaine : la Lucha Libre, ou catch mexicain… Prêts pour un baptême entre coups, acrobaties et paillettes ? grrrrrrrrrrrrrrrrrraou.

¡ Lucha Libre Invasión ! @ Grand Soufflet 2013

Ambiance inhabituelle sous le chapiteau du Grand Soufflet. Un ring, tendu de satin et de velours rouge, est dressé au beau milieu du dance-floor. Gradins, ouvreuses à pop-corn et bonbons, un stand merchandising regorgeant du kit parfait du Luchadores complètent le tout… Musique, masques dans le public, invectives, annonces au micro : la tension monte ! Public, tu dois choisir ton camp : Rudos o TécnicosPas de doute, sous le chapiteau, c’est Mexicooooo !

La Lucha Libre pour les Nuls ou tout ce qu’on a pu apprendre lors de la conférence à la MIR vendredi 11 octobre 2013

¡ Lucha Libre Invasión ! @ Grand Soufflet 2013

Le plus important lors d’un combat de Lucha Libre, c’est le public. Vous, toi, moi, nous sommes le terreau de cette religion. Orlando Gimenez, chercheur en Lucha Libre, insiste grandement sur ce point : « C’est le public qui fait et défait les lutteurs ».
Et quand Orlando devient Orlando El Furioso, c’est son masque d’arbitre qui prend le relais et rappelle quelques règles impondérables : pas de coups dans les « cojones », 2 à 3 manches (ou caídas) sans limite de temps, lutte en corps à corps obligatoire, interdit de se battre dans les cordes, interdit d’arracher le masque de son adversaire, interdit d’arracher les cheveux, interdit de catcher en dehors du ring. Et enfin interdit d’insulter l’arbitre !

Comment gagner ? maintenir son adversaire sur le dos ou via une prise au sol durant trois secondes. Se rendre suite à un châtiment, une prise tellement insupportable que l’adversaire se rend de lui-même…
Il faut gagner deux caídas sur trois pour être déclaré vainqueur.

Técnicos, rudos, kezako ? pour faire simple, on a les Gentils et les Méchants. Les técnicos respectent les règles tandis que les rudos appliquent la règle des coups-bas et de la perfidie. On trouve aussi une troisième catégorie de lutteur : les Exóticos. Ce sont des luchadores homosexuels, qui prônent le glamour et les paillettes,  revendiquent et assument pleinement leur différence sur le ring.

Pourquoi les masques ? le masque est une des caractéristiques de la Lucha Libre (une grande différence avec le catch américain). Le luchador commence à la porter en étant jeune catcheur et il peut évoluer lors de sa carrière. Ce masque définit son personnage et sa personnalité.
Par exemple, le masque de Sangre Azteca est inspiré du calendrier aztèque ; au fur et à mesure de sa carrière, il a abandonné la langue mais  a renforcé le côté menaçant des yeux.
Pour Dragón Rojo Jr, le masque l’aide à cacher sa mocheté : « Mon masque me rend beau ! Soy un dragon furioso ! »

¡ Lucha Libre Invasión ! @ Grand Soufflet 2013
Cassandro El Exótico portait au début de sa carrière un masque de Mister Romano, qui l’aidait à combattre sa timidité. Aujourd’hui, il ne porte plus de masque ; sa coiffure et son maquillage suffisent à créer son personnage.
Quant au masque de Máscara Dorada, c’est le masque du Mini Luchador Mascarita Dorada qui a donné son titre au grand. Un masque de Power Ranger !

Les Luchadores : un pedigree de muscles

grand-soufflet-2013-lucha-libre-sangre_aztecaSangre Azteca : 1m75 pour 81 kilos.  Né à Mexico en novembre 1975, le jeune homme a débuté sa carrière en 1997. Il se présente au Grand Soufflet paré de ses plus beaux atours : bottes en cuir, collant moulant en latex, cape et masque aux couleurs aztèques, toute musculature dehors ! A ses heures perdues, il vient former, à Nanterre, de jeunes catcheurs français.
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Catégorie : rudos

Dragón Rojo Jr : 1m80 pour 85 kilos. Né à Gómez Palacio,  ville au nord-est de l’État de Durango au Mexique, celui qui se grand-soufflet-2013-lucha-libre-dragon_rojo_jrprésente aux public français comme un petit dragon en chocolat a débuté sa carrière en juin 2001. Il entre sur le ring en petit slip rouge moulant à faire pâlir nos champions de natation cocorico, portant sombrero, genouillères et ceinture à balles sur le torse bombé. Se paye le luxe d’une petite valse endiablée avec une jeune femme du public. Le Roi des airs vient pour la première fois à Rennes et serait très ému… L’homme est pudique, remettant très souvent en place (et avec doigté) sur son fessier musclé son petit slip rouge.
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Catégorie : rudos

grand-soufflet-2013-lucha-libre-mascaradoradaMáscara Dorada : 1m72 pour 78 kilos. Né à Guadalajara, capitale de l’État de Jalisco au Mexique, ce luchadores est l’étoile filante de la Lucha Libre d’aujourd’hui. Il a débuté sa carrière en 2006 et s’est inspiré du mini-luchadores Mascarita Dorada. Il entre en scène portant cape à paillettes en agitant le Gwen Ha Du ! et répandant autour de lui des effluves de crème anti-coup mentholée. Ses bottes dorées à paillette feraient pâlir de jalousie nos Clodettes…
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Catégorie : técnicos

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Cassandro El Exótico : 1m65 pour 77 kilos. Né à El Paso, au Texas, Cassandro concourt dans la catégorie exotico. grand-soufflet-2013-lucha-libre-cassandro_el_exoticoAssumant pleinement son homosexualité, il se présente sans masque mais avec une tignasse au brushing surnaturel (qui ne bougera pas d’un poil durant les trois caídas !) et des faux-cils dignes des plus grandes starlettes ! Celui qui a le plus de bouteille en Lucha Libre (sa carrière a démarré en 1988), entre dans l’arène vêtu d’un justaucorps rose et d’une cape noire à motifs dorés. Maquillé comme une diva, portant collant pailleté, Cassandro sera le clo-clo mexicain du ring !
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Catégorie : técnicos

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Et maintenant que le ring atteint les 400% de testostérone, que les meilleurs gagnent !

Premier round : à la découverte de la Lucha Libre

Ça tourne, ça feinte, ça s’invective, ça joue, ça court, ça sort du ring… Hop ! salto retourné, glissade, roulade, ronds de jambe. On y retourne ! ça s’empoigne, ça crochète le cou, ça retourne les bras et les poignets, ça tombe, ça frappe le sol.

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Puis ça cogne, ça équilibre et déséquilibre, ça crache, ça sifflote, ça crie, ça râle, ça insulte, ça provoque, ça a maaaaal… Les  chairs tremblotent, les musclent se bandent, les articulations claquent, les mains frappent, la sueur scintille.
Cassandro El Exótico remet soigneusement son justaucorps rose et on se surprend à rester baba d’admiration devant ses bottes blanches où brillent de mille feux, de chaque côté, deux petits papillons rose pailleté. Ce n’est pas parce qu’on est catcheur qu’on n’a pas le sens du détail et de l’accessoire…

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Ça singe son adversaire, ça éructe, ça cogne, ça punit. L’arbitre vit le match entre coups, acrobaties et sueur ! On assiste à une véritable chorégraphie de patinage artistique, la testostérone et la musculature de charolais en sus.

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Pas une minute de répit pour nous public ! ça vole dans les cordes, ça fait de l’équilibre sur les cordes du ring, ça pousse, ça tombe, ça lâche, ça claque. Un retourné, un sauté, un enjambé, un explosé. Roulades avant, roulades arrière, flip arrière, jeté acrobatique…

VICTOIRE DES TECNICOS !!!!

Deuxième round : de l’action, de l’action, de l’action ! 

On reprend du poil de la bête et on remonte sur le ring. Hop, on se jette sur l’adversaire à pieds joints, comme un gros tas de muscles en action.

¡ Lucha Libre Invasión ! @ Grand Soufflet 2013

Véritable valse de claques, de baffes, de tapes, de taloches, de calottes, de mornifles, de soufflets, de tartes, de talmouses, de mandales… la guerre des synonymes n’est pas loin tant les actions se succèdent !

Le ring tangue et vibre sous le poids des muscles et des sauts. Dans le public, ça y est, la contagion Lucha Libre est partout ! ça crie, ça hurle, ça hue, ça siffle, ça soutient fermement son camp.

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Sangre Azteca se lance dans une petite danse avec une compatriote mexicaine qui a donné de sa personne et de ses cordes vocales durant les trois caídas…

Le combat continue et sort du ring. Les premiers rangs ne sont guère épargné. Un rudos s’affale dans la chaise vide juste à côté de moi. Il secoue cette chaise (et tout le premier rang), la décroche et la fait voler dans les airs, vers Cassandro El Exótico. Petite vengeance pour lui qui avait pris une chaise dans le nez lors de la conférence à la MIR…

Un second round puissant et véloce : VICTOIRE DES RUDOS !!!!!

Troisième round : un suspense tout en finesse et en rudesse

Les corps fatiguent, la méchanceté transpire, les muscles sont lourds. L’arbitre sue. Les rudos sont encore plus méchants, portés par un public transfiguré.

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013
Je paie encore les frais d’un combat acharné, hors du ring, entre Sangre Azteca et Máscara Dorada. Bousculade dans les chaises du premier rang malgré la petite corde rouge velours de sécurité. Une bouteille d’eau sur leur chemin et c’est une petite partie du public qui se retrouve arroseur arrosé.

Les acrobaties se multiplient, les técnicos volent, les rudos tannent le cuir ; ça tatouille, ça bastonne tout en finesse et en rudesse, ça rosse, ça cogne.

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Les Luchadores cherchent à en découdre pour remporter le caídas qui fera d’eux les champions. Ça distribue force tapes et soufflets, ça ferraille dur, ça multiplie les prises de judo, ju-jitsu, et autres combats acrobatiques…

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Un… Dos… Tres ! VICTOIRE DES TECNICOS !!!!!

 ¡ Lucha Libre Invasión ! @Grand Soufflet 2013

Et Viva la Lucha Libre ! On sort de là sans voix, cordes vocales affaiblies, exsangues, épuisés d’avoir soutenu son camp… Le stand merchandising est assiégé par un public conquis et prêt à en découdre dans son salon, avec masques, figurines et cartes postales dédicacées.

Merci au Grand Soufflet pour ce baptême du feu de dieu ; merci à Catherine Gaffiero d’avoir pris autant de risques pour faire une chouette série de photos ; merci aux Luchadores pour ce spectacle grandiose…

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Ecouter/réécouter le podcast de l’émission Freeson spécial Lucha Libre de nos camarades de Canal B

En savoir plus sur la Lucha libre : Documentaire La Fièvre des Arènes (« Luchadora de Corazón ») de Franck Beyer (France, 26′, 2011)

4 commentaires sur “Grand Soufflet 2013 : Coups, sang et sueur, viva la Lucha Libre !

  1. Luziadell

    Très belle restitution, et les photos sont impressionnantes! Je serais bien restée plus longtemps dessus mais bon, faut aller travailler. Merci pour cet article! 😀

  2. Lionel

    Super article et superbes photos!

  3. christophe

    Excellent, on a l’impression d’y être ! Merci de nous faire revivre ces instants complètements délirants !

  4. Stéphane

    La lucha Libre est spectaculaire et toujours novateur,

    j’espère que le public a répondu présent ! ! !

    Faire un super événement c’est bien ! Informer le public qu’il existe, c’est mieux !

    http://www.aya-andco.com/2013/09/02/galas-de-catch/

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